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Ébriété sans alcool

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Pour ne pas cogner des clous sur l'ennuyante 417 ce matin, j'écoutais Radio-Canada. Christiane Charette y recevait le pneumologue Pierre Mayer pour discuter des troubles du sommeil.

Parlons-en du sommeil !
Je connais la cause puisque je suis très cartésienne dans le dodo !

De santé fragile, René Descartes a eu toute sa vie le privilège de pouvoir vivre dans son fuseau horaire personnel, c'est-à-dire de sortir du lit à une heure décente soit jamais avant 11 heures. Hélas, il répond à l'invitation de Catherine de Suède qui l'oblige à lui donner des leçons à 5 heures du matin. Quel vice caché ! Dans le froid, l'obscurité du nord l'hiver, épuisé par le décalage horaire imposé, il y reste à peine 5 mois, attrape un vilain rhume qui se transforme en pneumonie et meurt.

Le manque de sommeil peut être mortel.

D'accord, rien pour vous convaincre, cette histoire s'est tout de même déroulé en 1650.

Mais aujourd'hui, en 2009, voici ce que Amélie Daoust-Boisvert publie dans Le Devoir :

En termes de coûts sociaux, l'insomnie pèse tellement lourd sur le Québec qu'elle compétitionne avec les frais de la principale cause de mortalité, le cancer. Encore plus étonnant, la perte de productivité au travail et la consommation d'alcool des insomniaques coûtent plus cher que leurs visites chez le médecin ou que la prise de médicaments.
Selon la plus récente étude du chercheur Charles Morin, du Centre de recherche Université Laval Robert-Giffard de Québec, les troubles du sommeil privent la province de 6,6 milliards de dollars par année en coûts directs et indirects.



En fait, ce que le docteur Mayer disait ce matin à la radio, c'est que s'il vous manque deux heures de sommeil, votre état se rapproche de l'ébriété. Je peux détailler, je connais la cause : réflexe lent, difficulté de concentration, fonctionnement automatique, impression de flou.

Quand j'ai des cours à 8 heures (chose qui m'arrive hélas trop souvent), comme alors je n'ai souvent que 3 ou 4 heures de sommeil dans le corps (ça, c'est de l'ébriété), il m'arrive d'entrer en classe et de faire le concours du "plus poqués". (Les étudiants vivent le même délai de phase que moi, mais dans leur cas, c'est normal !) Quand leur nombre est significatif, on ferme l'éclairage de la classe 30 secondes avant de commencer le cours. Le "Ahhhh..." de bonheur qui en résulte est immanquable. Essayez voir.

Or, le bon docteur Mayer le disait ce matin : le moment idéal pour donner des cours au secondaire devrait être entre 13 h et 19h.

Je seconde !

Bien sûr, chers lecteurs en phase avec votre fuseau horaire, vous trouverez que ça n'a pas d'allure, comme le criaient les parents des élèves de l'école de Berthierville. Mais pensons-y un peu...

Postulats :
De nos jours, rares sont les foyers où un des conjoints restent à la maison.

Les adolescents vivent un délai de phase naturel qui les portent à se lever tard et à se coucher tard.

Un parent préfère savoir que son ado dort à la maison que son ado s'occupe à faire pfffff... je-ne-sais-pas-trop-quoi-il-n'a-jamais-de-devoir.

Changements à apporter :

- Accorder 90 minutes de pause dîner aux parents d'ados.
- Horaire des écoles secondaires et de la première année de Cégep de 13 h à 19 h.

Déduction de bonheur :

Le parent travaille en matinée pendant que son ado dort.

Si possible, il rentre à la maison pour manger avec lui. (Pas de boîte à goûter à préparer !) puis l'amène à l'école en retournant travailler
ou
L'ado se prépare sa bouffe avec ce qu'il trouve dans la maison et non dans les distributrices de vieux sandwiches de l'école ou alors, il va rencontrer ses amis au café du coin avant d'aller à l'école.

Le parent rentre du travail, se détend un peu, puis prépare le souper.

L'ado rentre de l'école dans une maison chaleureuse avec un parent qui l'attend et un bon repas.

Le temps de faire les devoirs (si devoir il y a, mais il devrait y avoir !) avant que le parent aille au lit, l'ado pouvant se lever tard, il pourra ensuite trainer... en faisant ce qu'il fait maintenant de toute façon... sauf que là, le parent n'est plus obligé de lui crier après pour qu'il aille se coucher, il pourra dormir ce qu'il a à dormir ! Et puis, compte tenu que les ados ont besoin de plus d'heures de sommeil (en moyenne 10 heures par nuit), en supposant qu'il se lève à 10 heures le matin, ça l'amène au lit à minuit... (ce que moi j'appelle se coucher tôt).


Enfin, c'est une proposition !

Sur ce, il est une heure du matin et je dois être en classe tout à l'heure à 8 heures. Le retour de l'état d'ébriété matinal (sans alcool). Car je n'ai aucun trouble du sommeil, j'ai des troubles du réveil !

Ah Descartes, dans mon pays de froid et de neige, veux-tu bien me dire pourquoi la direction de mon Cégep se prend pour Catherine de Suède ?

10 commentaires

Une Peste! a dit...

Excellent texte.

Si tu envisages te présenter en politique, j'irai accrocher tes pancartes électorales.

Madame la Ministre Miss Math, ce serait joli, non?


...quoique, haut fonctionnaire, ça plus de pouvoir et c'est mieux payé. Et ils se lèvent plus tard.
;-))

Missmath a dit...

C'est vrai ça ?

Youssé que je peux envoyer mon cv pour être haut-fonctionnaire ?

Hortensia a dit...

Les cours sont déjà commencés?!
Ayoye! C'est vraiment tôt (rentrée le 26 janvier pour nos élèves)!
J'avais vu à Découvertes un reportage qui disait à peu près ce que tu dis à propos du sommeil chez les ados. Je comprends tout à fait ton coup de gueule à propos de l'horaire, quoi que les cours à 8h ne me dérangent pas. Question de rythme personnel. Je n'ai aucun problème de sommeil, je suis une lève-tôt (je l'ai toujours été, même quand j'étais ado) et je déteste enseigner en fin de journée (14h à 18h). Mais j'ai la chance de travailler dans un gros cégep où nous sommes 45 profs de français. Au département, nous nous sommes donnés un système d'attribution des cours où nous avons la possibilité d'indiquer le moment où nous préférons enseigner (cours du matin, de milieu de journée ou de fin de journée). Les coordonnateurs essaient, dans la mesure du possible, de respecter nos préférences. En plus, nous avons accepté que soient prioritairement attribués les cours de milieu de journée aux parents qui ont de jeunes enfants (conciliation travail/famille). Évidemment, les cours du matin sont les moins populaires, alors j'ai pratiquement toujours mes cours à 8h, comme je le préfère. Quant aux étudiants, je comprends leur souffrance de se lever tôt, mais je préfère nettement les avoir le matin un peu endormis qu'en fin de journée quand ils ont déjà eu deux, voire trois autres cours derrière la cravate et que plus rien ne rentre.

Anonyme a dit...

L'idée est intéressante en effet Miss Maths!

Mais si on réinstaurer l'autorité parentale jusqu'à l'âge au moins de 15-16, je pense que l'enfant ne sera pas décaler au niveau des horaires (il suffit de brancher un ordinateur sur un minuteur xD).

Non plus sérieusement, je ne sais pas si cela changerait réellement quelque chose mis à part qu'il faudra travailler plus ne moins de temps vu que les matinés seront supprimées donc. Car en terminal (française) il y a des cours qui finisse vers les 17h30-18h et il commence à 8h pour une pause entre 12h15 et 14h c'est à dire 8h de travail en gros alors qu'entre 13h et 19h (si on compte pas les pose) cela fait déjà plus que 6h de travail. Donc 2h par jours sur une semaine il faudra bien allégé les cours quelque part pour raccorder les deux bout.

L'idée est bonne mais faudrait voir en application concrète les effets sur les emploi du temps et les programmes. Mais c'est un fait que dormir le matin cela serait très intéressant ;).

Bonne continuation @vous et bon courage donc!

Missmath a dit...

@Hortensia : Je t'envie, c'est vraiment une chance que vous avez de pouvoir choisir vos horaires. D'ailleurs ton commentaire mérite une place spéciale. Nous commençons aussi à la fin du mois, mais nous avions ce matin nos examens de reprise. GRRRRRRR...

@Blagu'cuicui : Écoutez, vous ne pouvez pas tout avoir. Déjà, presque deux heures pour déjeuner,c'est un luxe. Ajoutez des deux semaines de congé trois fois l'année scolaire, les ponts et un perpétuel décalage horaire d'une heure dans le bon sens par rapport à l'heure solaire (surtout en Bretagne) et soustrayez vos bouchons de vacanciers et je demande l'asile politique !

Sylvain a dit...

Intéressante hypothèse d'horaire ici ...

En lisant le commentaire d'Hortensia, je la trouve chanceuse pas possible... Ici, au secondaire, c'est jours 1 à 9, périodes 1 à 4, horaire réparti en diagonale pour ne pas toujours voir le même groupe le matin, par exemple.

Dans mon école, c'est 9h10-16h10, «"pause"» midi de 11h55 à 13h25.

-commencer à 9h10 est pas pire, dans mon cas.
-j'ai mis 2 paires de guillemets à pause, car on rencontre des élèves pour de la récupération et plein d"autres tâches connexes faisant partie de notre tâche, etc., etc., etc.

Ceci dit, depuis 4-5 ans, je remarque une propension de plus en plus grande à me coucher tôt (lire avant minuit ou autour de...) et à me lever vers 6h30 ou 7h00, ce qui se synchroise parfaitement avec le réveil de poupon depuis quelques semaines ... et qui peut laisser dormir maman un peu avant son repas, merveilleux pour tous :-)

Là où j'ai un problème avec ton horaire, c'est la synchronisation avec l'horaire du primaire... Qu'en fait-on de cet horaire ? (Ma conjointe est au primaire et des familles ont des enfants l'un au primaire, l'autre au secondaire, etc. - je sais qu'on peut trouver un équilibre, mais la solution parfaite n'existe vraisemblablement pas ;-))

Horaire ou pas, je voterais pour toi n'importe quand, peu importe le parti !

Missmath a dit...

À croire que c'est typique de l'Outaouais que de commencer à 8 heures, pourtant, on est plus à l'ouest, donc c'est nous qui devrions commencer plus tard !

Pour ce qui est du décalage primaire-secondaire, j'y ai pensé. Il y eut une époque où les civilisations avaient des rites de passage de l'enfance à l'adulte (qui maintenant correspond à l'adolescence). Quel rite intéressant que de passer à l'école qui finit tard ! Bien sûr, il ne faudrait pas que le primaire commence à 8 heures et le secondaire à 13 heures... il y a décalage et décalage.

Mais blague à part, un horaire allant de 9h10 à 16 h 10 (j'avais oublié ce petit côté moqueur des minutes aux horaires du secondaire) est un compris fort acceptable dans notre pays habitué de souper aux horaires des centres d'accueil ! HA!HA!HA!

Missmath a dit...

(Tu as compris que le compris et un compromis !!!)

Hortensia a dit...

Euh, que veux-tu dire par «place spéciale»?
Que mon commentaire est un peu long peut-être?

Je savais que j'allais faire des jaloux en mentionnant notre principe d'attribution des cours. Bien sûr, ce n'est pas toujours possible de donner à chacun ses préférences, mais on essaie de faire au mieux. Tant que nous ferons la coordination du département nous-mêmes, cela restera possible (c'est plus de boulot pour faire l'horaire-maître). De plus, nous avons un principe de rotation des cours pour que tous les profs puissent avoir la possibilité de donner les cours qu'ils préfèrent. Ainsi, les nouveaux profs ne se tapent pas toujours les cours plates et les situations difficiles. Je dois dire que nous fonctionnons de manière très démocratique. Tout le monde (sauf les 2-3 chialeux inévitables) est content de ces règles. Je sais que je suis chanceuse; j'ai entendu des histoires d'horreurs de département où les anciens font la loi: ils choisissent leur horaire et leurs cours en se sacrant bien des autres, etc.

sylvain
Il faut dire que ce serait difficile de gérer un système pareil pour le secondaire et un grand bassin de profs, je le crains... On peut le faire parce que chaque département gère l'attribution des cours comme il veut.

Sylvain a dit...

@Missmath, au primaire, c'est encore pire : il y a des 8h14, des 12h28 et autres aberrations du genre...

@Hortensia, oui je suis jaloux ;-)
en même temps que je sais que c'est carrément impossible au secondaire.

En fait, la personne qui fait les horaires, en bout de ligne, pour le primaire ET pour le secondaire, c'est lapersonne responsable du transport scolaire dans une commission scolaire. C'est ce secteur qui mène tout... enfin presque.