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Épreuve ministérielle de mathématique



C'est pas parce qu'il fait un temps de vacances qu'il ne faut pas s'y préparer.

Mais se préparer à quoi ?

3- Communiquer à l'aide du langage mathématique : Il s'agit ici de littératie. Pouvoir comprendre des graphiques, des schémas, des situations, pouvoir les traduire, pouvoir structurer et décrire sa démarche de résolution, interpréter les résultats et les communiquer de façons claires.

2- Déployer un raisonnement mathématique : Plus que nos simples résolutions d'antan, on souhaite voir l'élève décortiquer un problème complexe jusqu'à établir des conjectures qu'il pourra ensuite démontrer et valider. On retrouvera ainsi en quatrième secondaire des démonstrations de géométrie que nos étudiants de sciences nature du Cégep ont souvent du mal à démontrer.

1- Résoudre une situation de problème : Ici, au contenu très varié de l'année (statistique, algèbre, étude de fonctions, géométrie), le MELS tentera de bâtir une situation faisant appel à tout en même temps. Comment s'y préparer ? Je suppose qu'à force d'en faire, on doit finir par développer une manière de les aborder. Un peu comme la préparation aux concours mathématiques ou aux examens du baccalauréat (international ou français). Cependant, nous en sommes à la deuxième édition de la chose, nous sommes toujours en rodage, alors la meilleure préparation est peut-être de s'assurer la veille d'avoir bien dormi, de manger ce qu'il faut pour avoir le cerveau fonctionnel et d'espérer avoir l'astuce. N'oublions pas que nos jeunes n'ont pas de recul par rapport au programme. Bloqués, je ne pense pas qu'ils auront le réflexe de se demander quelles connaissances compétences étudiées en cours d'année pourraient avoir un semblant d'utilité dans le contexte donné. Car semblant il y a... à moins qu'il vous arrive souvent de décider la couleur de votre salon selon la partie entière de la distance séparant la position moyenne de votre poubelle les jours de cueillette de l'intersection des trois plans du toit pyramidal de votre maison.

Qu'adviendra-t-il de tout cela ?

Voici mes prédictions personnelles pour nos réformés qui arriveront au Cégep la session prochaine.

- Les étudiants qui auront vraiment réussi leurs cours de mathématique seront grandement plus forts que nos étudiants actuels. Ils sauront communiquer dans un langage mathématique (grande lacune chez nos étudiants) et ils auront l'habitude des problèmes complexes et des exercices de synthèse. Si le Cégep s'arrimait à cette formation et s'il entreprenait un virage informatique réel en mathématique, nous pourrions voir fleurir les plus belles cohortes de tous les temps. Hélas, chez nous, si plusieurs sont curieux de savoir ce qu'est la réforme, aucun programme ne prépare sérieusement l'arrimage, sauf le programme de Sciences humaines. Quant au virage informatique, il exigerait de grands investissements en temps (certains collègues n'ont jamais touché à un logiciel de calcul symbolique). Or du temps, on n'en manque déjà avec le strict minimum qu'il nous faut faire, on ne peut pas en faire plus sans support ni ressource.

- Considérant les compétences de nos étudiants au collégial, considérant le degré de difficulté que représentent pour plusieurs et parmi les meilleurs certaines de nos situations de problème qui sont maintenant traitées au secondaire (voire au primaire), il me semble improbable que la majorité des élèves réussissent. Or, qui s'insurge contre les terribles taux d'échec en mathématique au secondaire ? Personne. Je crois donc qu'il se passe deux choses qui auront toutes deux des conséquences épouvantables.

La première : Il se fait un pelletage en avant d'élèves à qui on accordera un diplôme attestant un niveau de mathématique qu'ils n'auront pas. Ces étudiants rendront nos classes encore plus hétérogènes et il nous faudra reprendre toutes les bases, comme il nous faut le faire actuellement avec les étudiants qui arrivent de l'éducation aux adultes.

La deuxième : En troisième secondaire, il se fait un clivage. Théoriquement, c'est à ce moment que les étudiants doivent choisir selon leurs intérêts le profil mathématique qui leur convient le mieux. Dans les faits, ce sont les résultats scolaires qui déterminent ceux qui iront dans un profil mathématique (TS ou SN) de ceux à qui l'on ferme la porte des mathématiques (CST). Quelle est la proportion d'élèves en CST par rapport aux deux autres profils ? Combien de ces jeunes auraient pu tout de même devenir de bons technologues ? Plusieurs des programmes techniques demandant un DES avec mathématique ont mal à recruter des candidats. Où les trouverons-nous si les profils mathématiques du secondaire s'amincissent jusqu'à eux aussi ne tenir qu'à un fil ? La réponse est simple : de l'éducation aux adultes... avec qui il faut tout reprendre.

Ma prédiction pour l'an prochain : on aura le meilleur ET le pire. En même temps. Il faudra trouver l'astuce pour garder les uns sans perdre les autres.

5 commentaires

The Dude a dit...

Salut Missmath,

si cela peut confirmer quelques uns de tes soupçons, j'enseigne en troisième, quatrième et cinquième secondaire depuis les 4 dernières années (j'ai même suivi certains élèves en 3, 4 et 5, sinon en 3 et 4 ou en 3 et 5), et en quatrième j'ai enseigné les trois séquences CST, TS et SN. J'ai l'impression que les meilleurs sont meilleurs. Définitivement. Et ils sont plus ouverts aux nouveaux apprentissages, aux nouveaux défis. Les pires ne sont pas pires, ils semblent simplement plus nombreux (j'estime qu'à moyennes égales, le minimum et le maximum restent pareils, Q1 et Q2 baissent, Q3 augmente). Et j'ai un peu l'impression qu'on est un peu pris dans l'engrenage : sans tomber dans le cliché du quotas du genre "y faut que t'en fasses passer X cette année", ce n'est pas non plus envisageable de faire passer seulement 20 élèves sur 100. Les classes sont déjà hétérogènes (surtout avant la quatrième secondaire).

Cela dit, avant Noël, un jeune enseignant d'un cégep de la région est venu faire de l'observation dans ma classe (5 SN) question d'observer ces "cobayes". Constat ? Ce sont des élèves bien normaux, qui ressemblent drôlement à ceux présentement dans ses classes.

Quant aux séquences, il y a 2 ans, avant la réforme du secondaire 4, on avait vraiment permis aux élèves de troisième secondaire de choisir leur séquence (sans regard aux résultats, comme c'est spécifié dans le programme) : environ 40% ont choisi CST, 40% TS et 20% SN. C'est donc dire que 60% des élèves se retrouvaient dans des classes "enrichies". Même si on essaie d'enlever ce vocable, il reste que le niveau exigé est plus élevé en TS et SN, et la quantité de notions aussi. Et puis c'est 6 crédits au lieu de 4. Et pas certain que 60% des élèves d'une école secondaire publique à Montréal dans un quartier défavorisé ne soient à l'aise dans ces séquences. Bref, les résultats ont été catastrophiques. Tant d'élèves qui coulent ! Il ne suffit pas de simplement vouloir (devenir médecin, devenir vétérinaire, devenir dentiste, ...) il faut un minimum de maitrise des notions et beaucoup (beaucoup) de travail. Évidemment, aujourd'hui on regarde aussi les résultats : les enseignants de troisième secondaire font un excellent travail, aidés de conseiller pédagogique et de la conseillère en orientation, afin de guider les élèves selon leurs intérêts mais aussi selon leurs aptitudes.

Missmath a dit...

The Dude, comme Monsieur A, tu m'es très très précieux. Merci pour ton commentaire (et pour ton blogue que j'aime beaucoup comme tu le sais).

Anonyme a dit...

Ma supposition : En septembre, il n'y aura pas tant de cas problèmes. Car mes pires cas d'élèves n'ont pas l'intention d'aller au Cégep... Du moins pas tout de suite. C'est en hiver et en septembre 2011 qu'on sentira un certain malaise!

Beaucoup trop d'élèves savent qu'à l'éducation aux adultes, les cours donnés sont encore mathématique 436 et mathématique 536... qui sont beaucoup plus faciles que TS et SN!

« Pourquoi passer le cours difficile quand je peux travailler au Super C et ensuite faire uniquement mon cours "plus facile" aux adultes?! »

Pour les autres, je ne sais pas ce qu'ils iront faire, mais probablement qu'on les verra lancer des condoms un peu partout dans lesquels ils ont craché! [Événement arrivé dans ma classe de TS5!!!]

Grand champion!

M.A.

Anonyme a dit...

J'aurais une question. Lorsque vous dites:

"les cours donnés sont encore mathématique 436 et mathématique 536... qui sont beaucoup plus faciles que TS et SN!"

Est-ce que c'est la vérité?

Missmath a dit...

Je ne sais pas ce qu'entendait exactement M.A. lorsqu'il a dit ça, mais ce que je constate auprès de mes élèves qui arrivent de la formation aux adultes, c'est qu'on ne se limite qu'à de la technique et de la répétition. Aucun lien entre les thèmes (cahiers), aucune évaluation des compétences, les évaluations étant des copies presque conformes des examens préparatoires qui eux sont des copies conformes des exercices. En général, avec ces étudiants, tout est à faire.