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Requiem pour une session

Après 7 semaines de grève et une semaine de chahut sous injonction, avec 18 votes seulement de majorité, l'assemblée étudiante a choisi la reprise des cours.  In extremis, puisque quelques heures plus tard tombait la loi spéciale 78 suspendant la session des établissements encore en grève.

La direction du Cégep, soulagée, nous a concocté un remaniement du calendrier scolaire pour rattraper toutes les heures de cours perdues.  L'horaire régulier, de 8 h à 18 h le jour, des blocs de cours ajoutés le soir et les fins de semaine et tout ça en étirant la session d'un mois.  Voilà, la session était sauve.

Fiou... on répond aux exigences du MELS.  La session sera sauve.

Les étudiants, les enseignants ont adopté sans trop hurler ce calendrier.  Y avait-il de toute façon d'autres solutions possibles ?

Les étudiants ont repris la session avec diligence.  Ils nous sont arrivés, politisés et engagés et motivés comme jamais.  J'oserais même écrire qu'ils se sont mieux adaptés que leurs professeurs.

Si la majorité des professeurs ont revu leurs cours en se concentrant sur l'essentiel de leurs cours.  Finis les suppléments gratuits que l'on donne pour ouvrir les horizons de nos étudiants.  Finis les justifications qui servent à consolider les apprentissages.   Le quoi, avec ajustement sur le comment en essayant de trouver quand.

Car quand il faut donner en quatrième vitesse du contenu, le réflexe mène directement à la méthode qui de prime abord parait la plus efficace : l'exposé magistral.  Imaginez un pauvre étudiant qui de 8 heures le matin à 22 heures le soir s'offre des exposés magistraux...  Mais le prof est rassuré : il a tout vu avec ses étudiants.   Heureusement, j'ose croire que la plupart ont adapté leurs cours pour couvrir l'essentiel de leurs cours en respectant les étudiants et en proposant des activités d'apprentissage adaptées.

Mais il n'en demeure pas moins que certains enseignants n'ont pas dérogé à leurs anciennes préparations d'un iota.

Fiou... on répond aux exigences du MELS.  La session sera sauve.

Qu'en retiendra les étudiants ?

Les étudiants ?
Qui ?

Tous se sont plié au rythme et aux exigences de leurs profs.

Enfin, quand je dis tous...
Il y a les plus militants qui ont préféré aller combattre les injonctions dans les autres cégeps.
Il y a ceux qui ont totalement décroché et qui ne sont pas revenu au Cégep.
Il y a ceux qui ont décidé d'aller directement à l'université en Ontario.
Il y a ceux qui vivant des prêts et bourses du gouvernement se sont retrouvés sans le sou en juin et qui ont dû abandonner leur session pour retourner chez leurs parents dans leur région.
Il y a ceux qui ont besoin de support à l'apprentissage et qui prennent plus de temps pour effectuer les travaux et les examens, ceux qui profitent des programmes de tutorat, les abonnés des centres d'aide qui ont déjà du mal suivre le rythme lors des sessions régulières, ceux-là ont surement regretté la fin de session concentrée et accélérée.
Il y a aussi bêtement ces étudiants usagers du transport en commun et qui habitent certains secteurs de la ville où les autobus ne circulent pas ou rarement les soirs et les fins de semaine.
Il y a aussi les étudiants qui doivent travailler certains soirs et les fins de semaine pour répondre à leurs obligations financières.

Considérant que le contenu des cours a été réduit à l'essentiel, que certaines évaluations ont été transformées, que même la pondération a été changée pour accommoder le plus possible les étudiants, considérant que les cours du soir ou de fins de semaine ont été désertés sans trop de pénalité par les étudiants, certains parleront de session à rabais.

Rabais pour qui ?
Pour les profs qui ont payé de leurs activités personnelles de prolongement de la session les soirs, les fins de semaine, et qui se sont vu couper leurs journées de préparation de la prochaine session, donc qu'ils devront prendre pendant leurs vacances ?
Pour les étudiants qui ont dû payer de leur temps, de leur discipline, une fin de session chargée et intensive et qui devront revenir le 2 janvier terminer leur session d'automne ?
Le rabais est plutôt pour le MELS qui voit les sessions reprises sans frais.

Et je n'ose même pas imaginer ce qui se passera en août chez les cégeps dont la session a été suspendue.  Reprendre à double vitesse, après 6 mois une session à peine commencée ? Reprendre alors qu'officiellement la majorité des étudiants ont opté pour la grève et qu'ils retournent en classe sous le joug d'une loi spéciale ? Penser que les étudiants reviendront dans la joie et l'allégresse tient de l'inconscience.  Et comment les profs réussiront-ils à faire terminer la session d'hiver en octobre, corriger, émettre les notes pour que les administrations puissent faire les horaires pour commencer une semaine plus tard la session d'automne ?  Mais bon, en théorie, on peut dire :

Fiou... on répond aux exigences du MELS.  La session est sauve.

L'automne sera chaud.