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L'art de se tirer dans le pied

Oh la Madame commence à avoir l'expérience de l'enseignement en mode pandémique !

Si la session de l'hiver 2020 s'est terminée miraculeusement, la lecture des statistiques covidiennes ne laissaient pas de doute.  L'automne s'annonçait en mode confinement.  Aussi, l'été a-t-il été riche en apprentissage sur la pédagogie des cours à distance. Mais entre la théorie et la pratique, il y a souvent toute une marge. 

La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne.  La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi.  Ici, nous avons réuni théorie et pratique : Rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi !

 disait Einstein... paraît-il.

 Automne 2020

Première expérimentation de l'enseignement à distance en mode non-présentiel.  Rencontre exceptionnelle pour le premier cours de mes étudiants de première session.  Le reste de la session s'est déroulé à distance.  Les premières semaines, toutes les caméras étaient allumées, puis, plus la session avançait, plus les caméras se fermaient.  

Pédagogue : Esclave chargé de conduire les enfants à l'école.

La mission est fort difficile à l'esclave qui ne voit rien et qui n'entend rien.  Privé de sens et de rythme, l'enseignement est tout à fait désorientant.  Aussi, je vous laisse deviner ma réaction quand au dernier cours, une à une les caméras se sont ouvertes et que les cases noires ont été remplacées par 25 visages dévoilant chacun un "Merci".

Hiver 2021

Cet hiver, ma session a commencé avec l'envoi de cette superbe vidéo de mes collègues du Cégep Édouard-Montpetit.


 

 Au début, tout allait bien.  Comme à l'automne, presque tous les étudiants suivaient le cours à "visage découvert".

Puis, coup de théâtre !

Pour des raisons obscures (conflit entre les exécutifs), l'association étudiante encourage les étudiants à fermer leurs caméras pour exercer des pressions sur les enseignants.  Comme personne n'est au courant de l'origine de la fermeture des caméras, des enseignants refusent l'accès à leur cours aux étudiants ayant leur caméra fermée.  Le différend des exécutifs se règle (peut-être), on n'en saura rien ni d'un bord ni de l'autre.  Les expulsés pestent contre leurs profs et leur association réplique en envoyant un message clair, leur avis juridique, à tous les étudiants : un enseignant ne peut pas exiger l'ouverture des caméras.  C'est une question de droit à l'image (qui se défend).

Résultat : fermeture massive des caméras.

"On a reçu un message nous demandant de ne pas ouvrir nos caméras."

Confidence d'étudiants : 

J'aurais bien ouvert ma caméra, mais comme personne ne l'ouvrait, c'était gênant.

Je comprends !

Dans les ateliers de classe, quand les étudiants travaillaient en petits groupes : même chose ! Micro fermé, caméra fermé.  Les chefs d'équipe se décourageaient.  On laisse vite tomber dans ce contexte les activités de pédagogie coopérative et le socioconstructivisme, pourtant des clés à l'engagement et à motivation, dixit la théorie !

Et sans motivation, le goût d'ouvrir sa caméra meurt.  Rapidement.

Avez-vous déjà assisté à un exposé en ligne, à caméra et à micro fermés ? Un exposé de plusieurs heures par jour ? Cinq jours par semaine ? Pendant des mois ? Vous comprenez alors combien les distractions sont accueillies avec empressement. Avouez que vous aussi vous faites autre chose en même temps dans les longueurs de l'exposé et oups... la concentration disparait.  Puis, ça devient facile.  On rentre dans la classe virtuelle, on va faire autre chose, on revient à la fin du cours.  Je me suis même amusée à attendre qu'un étudiant toujours en ligne à la fin du cours quitte le cours le premier.  Après 5 minutes, je lui ai demandé s'il avait une question ou s'il désirait me parler.  Pas de réponse.  Alors j'ai attendu, comme lui, en faisant autre chose.  Il s'est déconnecté 45 minutes plus tard.

J'ai vraiment trouvé ma session difficile à distance.  Pendant les cours, je finissais toujours par prendre mon téléphone, par aller à ailleurs, par faire des exercices physiques.

Je vous laisse deviner l'attrition dans nos cours...  Bien sûr la session a été difficile, bien sûr mille facteurs peuvent avoir entraîné ces abandons, mais il en demeure pas moins que cette invitation à fermer les caméras, puis ce renforcement du droit à les garder fermées n'a pas aidé.

 

C'est l'histoire d'un diabétique qui a la gangrène à un pied.  Le médecin lui recommande l'amputation.  Il refuse, car il a le droit d'avoir ses deux pieds.

 

 

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