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Motivation

Pour que les étudiants fassent leurs devoirs ou étudient pour les minis-tests que vous leur donnez afin qu'ils soient toujours à jour dans leurs travaux, vous les récompensez avec des points. N'est-ce pas ?

Si ça ne compte pas, les étudiants ne le font pas.

Et avant la fin de la session, vous frisez l'hystérie parce que vous vous rendez compte que les étudiants ne travaillent pas vraiment plus et qu'ils crachent sur ces points que vous leur donnez et vous ne comprenez vraiment pas pourquoi, si ça semble fonctionner en début de session, rapidement ça ne fonctionne plus.

Forte de l'expérience de mes collègues, j'ai pour ma part amélioré le système. Je me suis dit que l'échec de cette méthode de la carotte résidait dans le fait que la récompense n'était pas assez grande. Le principe du sou que même les commerçants négligent souvent. Alors, ma solution était plutôt que d'avoir 10 devoirs valant un point chacun, avoir 10 devoirs et en fin de session en choisir 2 au hasard (vraiment, un tirage fait devant la classe) pour déterminer les deux devoirs qui compteraient. Chaque devoir comptant potentiellement pour 5 %, je me suis dit que la motivation à les faire serait accrue.

Résultat ?
Bof... Si l'étudiant moyen persévère peut-être un peu plus longtemps, ceux pour qui l'on prend ces mesures décrochent malgré tout.

Pourquoi ?

Si vous êtes des adeptes de la carotte sommative, cette présentation risque de vous troubler...



8 commentaires

Blagu'cuicui a dit...

Le soucis avec la motivation d'élèves est de pouvoir les faire regarder sur du long terme et non sur du ponctuel. Or, dans la majorité des cas, ils regardent les choses sur du ponctuel et non sur du long terme.

Et je pense que c'est à cause de cela qu'il y a de plus en plus de remise en question du fondement même des mathématiques avec la fameuse question "à quoi ça sert les maths?". En effet, avec le recule que nous avons en tant que professeurs, nous pouvons dire que cela sert à ça ou à ça mais eux avec leur recule et le système e lui-même comment peuvent-ils avoir conscience que le "tout, tout de suite", n'a aucune valeur en soi?

La motivation en un sens vient avec la notion de perspective, de mise en valeur de soi (pour soi même ou par les yeux d'autrui). En effet, nous sommes content de ce que nous avons fait et cela nous motive mais il y a aussi et surtout dans l'engrenage un autre poids, nous sommes content de ce que nous avons fait mais les autres, le voient-ils? Et c'est là le problème de notre société ou de notre système actuel. En effet, la part d'autrui en soi est beaucoup trop importante et du coup prend totalement le pas sur notre propre satisfaction. Ainsi, un travail dont nous étions satisfait pourra être mis en défaut par autrui (raillerie, ...) et vu que nous vivons dans un monde où autrui (la masse) à plus de place dans nos vie que le propre regard que nous avons sur nous, nous allons nous auto-brider pour la plupart et ainsi casser une partie de notre créativité tout simplement.

La motivation est donc véhiculé par autre chose que par nous même et le problème est sans doute là. Il ne faut pas chercher à motiver les jeunes mais leur redonner le moyen de s'auto-motiver. C'est en cela que pour ma part, en France, je trouvais l'idée de travaux pratique encadré (TPE) très formateur pour l'élève si c'était bien fait car justement c'était de l'auto-motivation et de l'auto-satisfaction car la création était totale de A à Z par un groupe de 3 voire 4 personnes en travail de groupe sur sensiblement 4-5 mois ce qui est énorme en soi mais tellement formateur en soi. Après, cela n'a pas plu et nous avons fait machine arrière mais nous y reviendrons j'en suis persuadé sous une autre forme sans doute avec un autre nom car c'est ça qui produit concrètement quelque chose chez l'élève.

En tout ca, je compte travailler sur l'idée de fil rouge pour motivé mon cours part exemple. Avec comme constat bête, les élèves se forment mieux lorsqu'il participe à cette formation que s'ils en sont totalement acteur ou répétiteur (rabâcher un cours appris par cœur n'a jamais eu d'intérêt pour moi et je ne l'ai donc jamais fait sans regret par exemple). Il y a de quoi creuser dans cette direction (et certain l'ont sans doute déjà fait mais je ne connais pas toute la littérature sur le sujet à l'heure actuelle donc j'avance par échec/réussite comme tout bon scientifique en quelque sorte ;-) ).

Qu'en pensez-vous?

Le professeur masqué a dit...

Si jeunesse savait...

Effectivement, le culte de l'instanéité nuit beaucoup à la motivation de certains jeunes pour qui tout doit avoir un sens immédiatement.

Je mettrais aussi en paralèlle le fait que certains jeunes ne font pas confiance aux adultes leur enseignant quand ils leur disent: «Ça va te servir plus tard. Attends. Fais-moi confiance.»

J'ai fait une expérience cette année que je ne répéterai plus. Normalement, je désigne deux semaines à l'avance quand un jeune passera son exposé oral. Cette année, j'ai préféré utiliser le hasard, la pige. Quelle erreur de ma part! Croyant à la pensée magique, plusieurs gamins ont cru qu'ils ne seraient pas retenus la première journée et qu'ils pouvaient se la couler douce. Or, ils avaient une chance sur deux que cela soit le cas...

Je reviens à l'ancien système l'an prochain.

Par ailleurs, côté motivation, comme j,enseigne en première secondaire, ils sont moins blasés. Il y a le travail d'équipe, le défi et l'humour qui fonctionnent bien.

The Dude a dit...

J'avais déjà vu cette vidéo. Formidable ! Le contenu et le contenant sont tous les deux remarquables.

M'sieur SVP a dit...

Il est dans la nature du pré-ado et de l'ado de vivre dans le présent sans se soucier du futur et encore moins du passé...

J'ai déjà eu l'occasion de dire combien il était important d'enseigner dans l'instant si l'on veut pouvoir capter l'attention d'un élève !

En d'autres termes, il faut saisir l'opportunité de faire passer une connaissance lorsque celle-ci (l'opportunité) se présente.

Avec l'expérience, je constate que la motivation des jeunes se manifeste d'autant plus facilement que je suis moi-même motivé par ce que j'enseigne... la motivation est contagieuse !

Tout comme le souligne le billet Gardiennage de ce même blog, il me semble qu'il ne faut pas non plus en faire trop : la motivation ne se décrète pas, elle ne s'arrose pas comme une plante dont on prend soin.

Souvent Motivation varie, pour paraphraser de quoi faire hurler nos compagnes...

C'est dans sa capacité à s'adapter à ces variations que réside le talent de l'enseignant qui saisit les opportunités :
* qui jalonnent le parcours autonome d'un apprenant ;
* qui s'expriment dans une pratique confiante d'un apprenant qui maîtrise ;
* qu'ils sollicitent en fixant des buts complexes, riches de sens.

jf a dit...

Très intéressant comme d'habitude...

Et pour compliquer les choses, j'ajouterais qu'on pousse les professeurs à se préoccuper un peu trop de la réussite... Le mot «réussite» est devenu politique, promotion, etc. Mais peut-être qu'on pourrait considérer la réussite comme étant seulement un effet secondaire de l'apprentissage des élèves...

Une des préoccupations principales du prof devrait être la motivation intrinsèque. L'apprentissage profond en résulterait naturellement. Et la réussite aussi. La vidéo illustre bien l'attitude à adopter face au développement de la motivation.

Et avec un peu d'ironie, on pourrait formuler le tout comme suit :

Ne plus se préoccuper de la réussite pour consacrer nos énergies à la motivation qui favorise l'apprentissage afin d'augmenter... la réussite!

Les élèves et les profs seraient heureux d'avoir appris et d'avoir fait apprendre et les comptables auraient plein de beaux chiffres à mettre dans leurs colonnes... Le bonheur pour tous, non? :-)

Anonyme a dit...

Ce vidéo montre ce qui se passe depuis une dizaine d'années dans le "vrai" monde du travail. Malheureusement, le monde de l'éducation est toujours cinq à 10 ans en retard sur les réalités du "vrai" monde du travail. Est-ce que nos directions sont au courant? Quand je pense à ma direction, j'en doute.

Maintenant, est-ce que ça peut fonctionner avec des ados, puisque le cerveau de ceux-ci ,physiologiquement, ne fonctionne pas exactement comme celui d'un adulte.

Missmath a dit...

Je pense que ça pourrait fonctionner avec les ados qui sont conscients qu'ils vont à l'école et non dans un service de garde.

Anonyme a dit...

«Ça va te servir plus tard. Attends. Fais-moi confiance.»

J'ai récemment regarder un autre billet de ce site, (conférence de Conrad Wolfram sur ted.com) et puis cela m'a confirmer ce que je pensais depuis déjà un bon moment.

Prenons exemple sur l'apprentissage des mathématiques au secondaire et au collégial: comment donner de la motivation auc jeunes pour l'avenir, tandis qu'apprendre ces formules ne leur serviront jamais? Les mathématiques sont importantes pour le développement de la logique, problématisation, etc. Mais pas l'apprentissage des calculs. Seul certains travails nécessitent ces connaissances ( programmeurs,...), pour les autres...

Comment motiver des élèves pour l'avenir si ce qu'ils apprennent ne leur serviront à rien ? Eh bien on le voit dans le système d'éducation. Le problème est donc plus profond que le partage de la motivation enseignant/élève dans ces certains cas: les enseignants ne peuvent simplement pas les motiver !