Ça y est, l'engouement pour les tableaux blancs interactifs se manifeste de nouveau. À croire qu'il y a eu des soldes !
Depuis quelques semaines, on assiste également à la promotion de Prezi. Comme si les montagnes russes pouvaient rendre les présentations plus intéressantes.
Prezi, Power Point... pfffff...
Ça me fait penser aux premiers PowerPoint, quand leurs auteurs passaient plein d'animations inutiles peut-être pour souligner le fait qu'ils abandonnaient la projection de transparents. On ne les traiterait plus de "profs acéplates".
Power Point, c'est si moderne.
Oups, non, maintenant, c'est Prezi.
Ou mieux, Prezi présenté sur un TBI !!!
Mais qu'on se le dise : TBI, Prezi, Power Point, transparent, une présentation, ça reste une présentation, un spectacle, une vedette et son auditoire... et très peu d'applaudissements à la fin.
Je n'ai jamais donné de cours avec un TBI. Je me suis amusée une fois sur la chose et non seulement je n'y ai vu aucun avantage (comparativement à l'utilisation de la tablette PC), mais ce tableau est toujours trop petit et placé pour voler de l'espace de grands tableaux (oui, oui, celui avec la craie ou le feutre qui pue).
"Arg.... tu utilises encore le tableau. Tu es d'un autre siècle."
Eh oui.
Sauf dans un cours où les étudiants ont tous des tablettes PC et où je partage les notes de cours de mes étudiants. Pourquoi alors écrire au tableau ce que je peux directement écrire dans leurs cahiers.
Pourquoi le tableau noir est-il si essentiel en mathématique ?
Car il est la patinoire de la classe où l'on improvise, où l'on sort de la présentation pour répondre aux besoins de "l'auditoire". C'est l'instrument de la construction du plan de match. Le témoin des traces du cocus de classe.
Regardez cette extraordinaire expérimentation du TBI.
Vous voyez combien les étudiants sont plus attentifs grâce au TBI ?
Pfff... il y en a toujours un qui parle à l'autre.
Et ces solutions rédigées sur le graphique de la fonction, est-ce que l'enseignante tolérerait une telle rédaction de solution dans une évaluation ?
Et ces ratures ?
Et imaginez une classe ainsi plongée dans le noir le matin à 8 heures du matin quand les étudiants n'ont qu'une envie : dormir ?
Non, pour les réveiller, il faut que ça bouge.
Est-ce vraiment moins ennuyant ?
Ce n'est pas la présentation qui doit bouger, ce sont les étudiants !
Une rencontre, un cours, doit avoir un but. Pour atteindre ce but, l'atteinte de plusieurs cibles peut être nécessaire. Or, il est possible que dans une classe une cible soit plus facile à atteindre que dans une autre classe. Il est possible que les étudiants préfèrent procéder dans un ordre donné qui n'est pas celui prévu par le prof.
Power Point, Prezi, vous voilà coincés.
À moins d'utiliser ces outils d'une autre manière.
Je dois avouer que le défilement est intéressant dans Prezi, à la condition de connaître suffisamment la présentation (et l'utilisation de Prezi) pour pouvoir prendre des raccourcis, un peu à la manière des sauts de diapositives dans les logiciels de présentation.
Par contre, sur des documents comme PowerPoint ou Keynote, la solution est simple, elle s'appelle "lien hypertexte". Finie la linéarité. L'étudiant n'est plus un spectateur passif lors de la présentation. Il peut décider d'attaquer la cible qui répond le plus à ses besoins. Il peut décider ce qu'il veut voir. Le lien hypertexte peut l'amener ailleurs dans le document ou quelque part sur la toile (par exemple pour alléger le document, des vidéos publiés sur youtube (ou ailleurs) peuvent être liés, ou des liens peuvent les amener à un exerciseur ou un mini-test sur Moodle).
Maintenant, si les étudiants ont accès à la présentation (sur leur portable, leur ipad, ou tout autre jouet de ce genre), pourquoi devraient-ils tous apprendre au rythme du présentateur ? Ils peuvent très bien se promener dans de tels documents pour répondre précisément à leurs besoins au moment où ils surviennent.
À quoi sert le prof alors ?
À construire ce matériel didactique pour répondre le mieux possible aux besoins de toute sa classe, à guider les étudiants dans leurs apprentissages et... à offrir du support pour répondre aux besoins particuliers, quitte à improviser de façon magistrale sur le grand tableau quand un groupe ou la classe a besoin d'explications supplémentaires.
6 commentaires
Je ne dormirais que trop bien dans une classe comme celle là où il fait tout noir!
Ha ! Moi aussi.
La conclusion de ton billet fait écho à une de mes récentes lectures à propos du Flip-thinking.
Plus encore, elle renvoie à la notion de TRUC : Testable, Reusable Units of Cognition ou Grains de connaissance que je défends depuis des années.
Dans cette hypothèse de travail, le TBI peut être l'un des moyens d'assurer l'animation du processus de mise en commun des approches des apprenants après lecture des TRUCS savamment conçus par le prof.
Presi ou toutes autres présentations animées peuvent être l'un des moyens de donner aux apprenants l'envie de se cultiver en dehors des cours...
Dans tous les cas de figure, il est nécessaire de former nos apprenants à :
* la pratique de la sérendipité afin de limiter les risques d'une trop grande linéarité ;
* la sélection des références documentaires pertinentes afin qu'ils ne passent pas leur vie à sauter de liens en liens sans jamais en faire une synthèse ;
ce qui nous ramène invariablement à l'autonomisation de ces derniers et donc à l'apprendre à apprendre.
Si je pouvais choisir entre équiper mes élèves d'un ordi ou portable chacun ou avoir un TBI dans ma classe, je choisirais un portable pour chacun...Mais la chose me semble tellement impossible dans un milieu où je peine à avoir une bibliothèque que je continue à m'en tenir à mon rêve d'avoir un tableau blanc, moins cher, et plus accessible dans ma réalité.
De plus, comme je suis au primaire, (on a le droit aussi hein!) je ne suis pas certaine que le portable individuel serait facile à gérer.
Ayant eu un tableau blanc pendant un an dans ma classe, je ne peux que souhaiter revivre cette expérience qui a "magnifié" mon enseignement et intéressé mes élèves qui ont adoré. Ils pouvaient y travailler, y voir tout ce qu'on pouvait tirer d'un ordi sur grande surface et ma foi, ils participaient beaucoup.
Ceci dit, quand je vois la madame dans ce vidéo expliquer des choses incompréhensibles pour moi je ne peux que me promettre de tenter de trouver des façons encore plus nombreuses de faire participer mes élèves...
100% ok avec toi, Missamth.
Merci, ange Gaël, d'avoir compléter ce billet.
Bibco, sérieusement, si j'étais le Ministère et qu'il me fallait décider où installer les TBI, c'est au primaire que je les enverrais tous. Mais constate : 1500 $ pour le TBI + 1000 $ ordinateur + projecteur... contre 1500 $ pour une tablette PC + projecteur. La tablette est plus économique. Pourquoi le TBI au primaire, simplement parce que les enfants n'ont pas encore le réflexe que la projection. Si on demande à ti-pit où est Charlie, il pointera l'écran de la tablette et ses petits namis ne verront rien. Au TBI, il pointera et tout le monde verra ce qu'il pointe.
Nous avons en Outaouais plusieurs classes de primaire où les enfants ont tous accès à un ordinateur portable (fourni par l'école). Eh oui, quand on sait que dans plusieurs écoles primaires et secondaires au Québec, les élèves n'ont même pas accès sous une forme ou une autre à des dictionnaires, on se demande comment les budgets sont gérés.
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