Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, disait Boileau.
J'étais prête. J'ai ouvert le gallon. Bizarre ce liquide en suspension. Eh ben. J'ai commencé à teindre. Odeur forte. J'ai éclaboussé. Pas grave, je vais essuyer avec un linge humide. Bizarre, ça résiste. Bizarre, mes mains ne se lavent pas à l'eau. Ah ben, &%?&$, la &?%?$% s'est trompé et m'a vendu de la teinture à l'huile. Paresse et entêtement, je termine et je fais descendre tous les saints du ciel en nettoyant les pinceaux et mon beau corps de déesse avec du diluant à peinture. Hors de question de continuer à l'huile.
Je vais donc chercher conseil auprès du jeune homme de mon magasin de peinture qui me dit avec son sourire partiel de joueur de hockey : "Vous ne pouvez pas teindre au latex sur de la teinture à l'huile, la teinture ne pognera pas, il faut continuer à l'huile." Mauvaise réponse. "Faudra sabler." Très mauvaise réponse.
Et après, pendant l'apprêt, je pestais.
Comment ça se fait qu'on apprend pas à l'école des trucs vraiment vraiment utiles, des trucs que tout le monde doit faire un jour ou l'autre. Distinguer peinture de teinture. Savoir se débrouiller en cuisine. Savoir s'occuper d'un bébé. Vérifier la pression d'un pneu. Savoir coudre des ourlets ou des boutons. Savoir qu'on visse tout le temps dans le sens horaire, qu'on dévisse dans le sens mathématique (facile, les matheux ont des vices). Savoir qu'une prise de cuisine est reliée sur deux disjoncteurs et qu'il faut couper ses ponts pour la diviser. Savoir que pour aérer, il faut une entrée et une sortie d'air...
Plein de petites choses qu'on finit par apprendre au cours du beau projet de la vie, par des erreurs qui nous auront enragés et qui nous font perdre suffisament de temps pour qu'on s'en souvienne. Le constructivisme de la vie, mais toujours dans un contexte de réalisation apparenté à l'état d'urgence.
Ajoutons donc un cours au curriculum du primaire et du secondaire. Appelons-le Initiation à la vraie vie.
"Mais on n'a pas le temps ! Déjà nos cours sont surchargés !"
Bon, bon, examinons cela.
Effectivement, on devrait même ajouter des heures aux cours de formation générale (français, anglais, espagnol, sport, éthique ou moral ou citoyenneté), il n'y a pas assez d'heures non plus en histoire, en biologie, en sciences, en géographie...
Mais, on pourrait bien couper en mathématique, car je peux prouver que les mathématiques sont inutiles.
On parle de géométrie, d'algèbre, d'étude de fonctions, de combinatoire, de probabilités, de trigonométrie... Quelle proportion de tout ce que vous avez appris en mathématique vous est vraiment utile dans votre vie de tous les jours ?
Quand je dis en rougissant que je suis prof de maths (c'est quand même une profession un peu honteuse), on me répond l'une ou l'autre des affirmations suivantes :
"Ah, moi j'aimais ça les mathématiques. Le calcul là... les dérivées..."
(L'hésitation, la recherche dans des parties lointaines du cerveau avec le plissement de yeux qui vient avec, permettent de constater que les titres des thèmes ont été retenus, mais pas le contenu et il s'en suit toujours un petit silence où, pendant un court instant, la personne se demande comment quelqu'un peut décider de passer sa vie à faire ces trucs inutiles dont on n'a qu'un vague souvenir des noms.)
ou
"Mathématique, houhouhou, ça c'était pas mon fort."
(Cette phrase est toujours dite avec un pas en arrière et un regard effrayé, le prof de maths faisant partie de la catégorie des monstres ou des pestiférés.)
Dans un cas comme dans l'autre, on constate l'imparfait des mathématiques dans la vraie vie. Le vrai monde faisAIT des mathématiques, mais maintenant qu'il n'est plus à l'école, il n'en fait plus.
Donc, les mathématiques sont inutiles.
C.Q.F.D.
Si j'avais fait moins de maths à l'école, si j'avais eu un cours d'Initiation à la vraie vie, j'aurais su que la nuit ne fait pas sécher la teinture... Mais voilà, ce cours n'existe pas, alors je cite encore une fois Boileau.
Beaucoup de gens, même des collègues, applaudiraient cette démonstration. C'est d'ailleurs ce qui explique que les mathématiques disparaissent de plus en plus des programmes de formation. Les mathématiques sont aussi inutiles que les insectes.
(Supprimez les insectes et dans 15 ans, il n'y aura plus de vie sur Terre.)
Présenté par Blogger.
Deux de mes blogueurs préférés présentaient aujourd'hui un billet concernant nos voisins du Sud. Par solidarité pour le proverbe « Jamais deux sans trois », je vous présente leur découverte.
Mais avant, comme je ne suis aujourd'hui que le réflecteur de mes lumières, je me dois de vous présenter brièvement ces deux habitants de la blogosphère que l’on pourrait appeler à la manière de Jean de Lafontaine, le Suisse et le Castor. D'abord, Ollie, le premier blogeur à avoir eu sa place dans mon agrégateur. Branché comme dix, Ollie est un véritable pro-TIC et surtout une source incroyable de liens divers qu'il commente souvent de façon simple, claire et précise. Puis, Charles-Antoine sur qui j'ai de plus en plus de doute. Comment peut-on être si polyvalent, avoir une charge de travail aussi grande, rédiger plusieurs blogues, superviser plusieurs wikis, habiter à une heure de son lieu de travail, avoir une blonde qui semble en accomplir autant et quatre jeunes enfants et trouver le temps de construire un cabanon ? C'est impossible, oncle Tom ! Je crois qu'il y a arnaque : Charles-Antoine doivent être des jumeaux identiques.
Parlant d'arnaque, Charles-Antoine pointent (!) sur un site américain extraordinaire qui se veut être une version poliquement correcte selon l'aile droite chrétienne américaine de Wikipédia. Conservapedia. Un bijou. On prétend que certaines définitions ont été écrites par des élèves et, après lecture, cela expliquerait la naïveté que l'on y trouve. Je songe à proposer mes services de traductrice, histoire de propager la bonne nouvelle au monde francophone.
Contrairement à tous ses détracteurs, je ne critiquerai pas ici les valeurs politiques, morales ou religieuses imposées sur Conservapedia. Tout le monde a droit de penser librement et si un regroupement de personnes partageant la même philosophie tient à bâtir un wiki pour protéger les leurs des forces du mal, qu'il le fasse tant et aussi longtemps que ça se fait avec transparence et dans le respect des gens qui pensent différemment. Cependant, lorsqu'il y a mensonge statistique, comme c'est particulièrement le cas dans les articles sur l'avortement et sur le réchauffement climatique, il y a de quoi s'indigner. Par contre, il y a des perles et en voici quelques unes ramassées après quelques clics seulement, signe de leur abondance.
Chien : Les chiens sont subdivisés en plusieurs races toutes capables de se reproduire entre elles, bien que dans certains cas, le croisement est peu probable ou problématique. Ce serait en particulier le cas entre un grand Danois et un Chihuahua.
Kangourou : Après le déluge, les kangourous descendus de l'arche de Noé ont migré vers l'Australie.
George Washington : Il était un chrétien dévot comme en témoigne sa fille adoptive : "Si vous vous interrogez sur la foi de Washington, vous devriez aussi vous demander s'il était un bon patriote."
Stephen Harper : Bien que M. Harper soit membre de Christian and Missionary Alliance, un groupe conservateur de chrétiens évangélistes, il n'a pas réintroduit la peine de mort, ni envoyé de troupes canadiennes en Irak et il n'a pas interdit le mariage gai.
France : La France a vu naître des gens de grande renommée tels Serge Gainsbourg, Immanuel Kant et François Nique Lamer.
Kant n'est pas Français.
Mais Nique Lamer l'est certainement !!!
Ce qui nous amène à ce vidéo de Ollie :
Mais avant, comme je ne suis aujourd'hui que le réflecteur de mes lumières, je me dois de vous présenter brièvement ces deux habitants de la blogosphère que l’on pourrait appeler à la manière de Jean de Lafontaine, le Suisse et le Castor. D'abord, Ollie, le premier blogeur à avoir eu sa place dans mon agrégateur. Branché comme dix, Ollie est un véritable pro-TIC et surtout une source incroyable de liens divers qu'il commente souvent de façon simple, claire et précise. Puis, Charles-Antoine sur qui j'ai de plus en plus de doute. Comment peut-on être si polyvalent, avoir une charge de travail aussi grande, rédiger plusieurs blogues, superviser plusieurs wikis, habiter à une heure de son lieu de travail, avoir une blonde qui semble en accomplir autant et quatre jeunes enfants et trouver le temps de construire un cabanon ? C'est impossible, oncle Tom ! Je crois qu'il y a arnaque : Charles-Antoine doivent être des jumeaux identiques.
Parlant d'arnaque, Charles-Antoine pointent (!) sur un site américain extraordinaire qui se veut être une version poliquement correcte selon l'aile droite chrétienne américaine de Wikipédia. Conservapedia. Un bijou. On prétend que certaines définitions ont été écrites par des élèves et, après lecture, cela expliquerait la naïveté que l'on y trouve. Je songe à proposer mes services de traductrice, histoire de propager la bonne nouvelle au monde francophone.
Contrairement à tous ses détracteurs, je ne critiquerai pas ici les valeurs politiques, morales ou religieuses imposées sur Conservapedia. Tout le monde a droit de penser librement et si un regroupement de personnes partageant la même philosophie tient à bâtir un wiki pour protéger les leurs des forces du mal, qu'il le fasse tant et aussi longtemps que ça se fait avec transparence et dans le respect des gens qui pensent différemment. Cependant, lorsqu'il y a mensonge statistique, comme c'est particulièrement le cas dans les articles sur l'avortement et sur le réchauffement climatique, il y a de quoi s'indigner. Par contre, il y a des perles et en voici quelques unes ramassées après quelques clics seulement, signe de leur abondance.
Chien : Les chiens sont subdivisés en plusieurs races toutes capables de se reproduire entre elles, bien que dans certains cas, le croisement est peu probable ou problématique. Ce serait en particulier le cas entre un grand Danois et un Chihuahua.
Kangourou : Après le déluge, les kangourous descendus de l'arche de Noé ont migré vers l'Australie.
George Washington : Il était un chrétien dévot comme en témoigne sa fille adoptive : "Si vous vous interrogez sur la foi de Washington, vous devriez aussi vous demander s'il était un bon patriote."
Stephen Harper : Bien que M. Harper soit membre de Christian and Missionary Alliance, un groupe conservateur de chrétiens évangélistes, il n'a pas réintroduit la peine de mort, ni envoyé de troupes canadiennes en Irak et il n'a pas interdit le mariage gai.
France : La France a vu naître des gens de grande renommée tels Serge Gainsbourg, Immanuel Kant et François Nique Lamer.
Kant n'est pas Français.
Mais Nique Lamer l'est certainement !!!
Ce qui nous amène à ce vidéo de Ollie :
Un peu d'histoire des mathématiques : sauriez-vous reconnaître les grands mathématiciens ?
Un petit jeu en ligne pour réviser vos classiques ! C'est ici.
Un petit jeu en ligne pour réviser vos classiques ! C'est ici.
Je ne vous raconterai pas ma vie, mais je vous dirai que ça fait un bail que je tic.
Ne vous moquez pas. Je le sais que ce blogue vient de naître. Je le sais qu'il y a à peine six mois, je découvrais toute la puissance des fils RSS, je sais que j'ai construit mon premier wiki il y a à peine deux semaines et je sais que j'ai bien du retard à rattraper.
Je vous entends me huer : "Touriste !"
Car vous qui me lisez, vous avez vos agrégateurs depuis fort longtemps, vous avez vos blogues depuis des années (je le sais, je vous avais dans mes marque-pages) et vous enregistrez sans doute votre liste de courses à faire pour la consulter en baladodiffusion. Il est donc vrai que, par rapport à vous, je suis une touriste. Mais par rapport à mes collègues, alors là, je tic. Je dirais même que je suis une pro-tic.
Bien sûr, au département, nous touchons tous plus ou moins nerveusement à Excel (plans-cadres obligent) et quelques uns jouent avec MathCad. Ça ne compte pas. Considérons plutôt l'utilisation des plate-formes éducatives, les habiletés à utiliser les outils du web ou (je dis bien ou) l'aisance à utiliser le matériel informatique plutôt que les instruments traditionnels. Nous comptons alors dans mon département 3,5 TIC et 14,5 antiques. (Je sais, c'est étrange, mais on tient ici un dénombrement rationnel) Pour les amateurs de statistique, des 3,5 TIC, on compte 2 vieux et notre petite nouvelle (évidemment, c'est de sa génération !) et la demie vient d'un collègue qui navigue régulièrement sur Internet et qui s'intéresse aux nouvelles technologies pour son plaisir personnel, mais qui jamais n'oserait s'aventurer à utiliser les TIC avec ses étudiants. Ça vous donne également le niveau des antiques !
Vous voyez donc le gouffre immense qui sépare les antiques des vrais professionnels des TIC. (Et du coup, de par ma position, je me retrouve forcément au fond du gouffre !)
La question quiz : Pourquoi ?
Je ne sais pas. Et voilà un bout de temps que j'y réfléchis et je stagne. Peut-être aurez-vous le goût de nourrir ma réflexion.
Causes du fossé entre ceux qui tic et ceux qui tiquent :
A- Causes externes
i) Le service informatique du cégep
À l'époque où les élèves inséraient des disquettes à l'envers dans les lecteurs, où le réseau plantait au moins 4 fois par jour et où les systèmes n'étaient pas stables, les techniciens débordés n'étaient disons pas très sympatiques avec les professeurs qui eux aussi s'initiaient aux nouvelles technologies en autodidactes, ce qui fait que plusieurs ont été échaudés comme des chats et qu'aujourd'hui, alors que le service informatique est fonctionnel, efficace et courtois, ces profs craignent l'eau froide. Parlez-leur de laboratoires obligatoires, d'ordinateurs, ils préféreront changer de cours. Pour apprendre, il faut être motivé. Pour être motivé, il faut se croire capable de réussir et aujourd'hui ces profs se savent complètement dépassés.
ii) Le service pédagogique
J'ai beaucoup de mal à jeter la pierre à ce service, ne serait-ce que parce que sa tâche est immense et qu'il y a trop peu de ressources. Pendant plusieurs années, l'essentiel du travail était consacré à la réforme (révision des programmes, rédactions des plans-cadres (et ses changements de normes)...) Une conseillère aux TIC a finalement été nommée, mais, malgré la tribune enviable qu'elle a eue, elle n'a pas su faire lever l'enthousiasme chez les profs. Il faut dire que la réforme sapait toute l'énergie. Depuis peu, une nouvelle équipe de conseillers est en place et elle souffle sur le cégep un vent nouveau, vivifiant et énergisant. Non seulement notre nouveau conseiller aux TIC s'intéresse-t-il globalement à tout ce qui existe et connaît-il plusieurs des technologies pour les avoir expérimentées, il est surtout d'une grande souplesse et d'une ouverture d'esprit, qualités essentielles à ce poste où, justement, l'outil doit venir en aide à la pédagogie. Pour lui, il est évident que la pédagogie ne doit pas s'adapter à l'outil imposé par le cégep (car on a vu ça aussi chez nous, mais c'était sous une autre direction ).
iii) La convention collective
Les points i) et ii) étant absous, ce point iii) est à mon avis la cause de bien des maux dans nos établissements. On lit dans la convention collective la description de la tâche d'un enseignant. On y retrouve trois volets. Un volet obligatoire qui porte essentiellement sur les cours, un deuxième volet qui oblige une délagation d'enseignants pour certains comités et un troisième volet qui est en quelque sorte une liste de tâches recommandées. Parmi ces tâches facultatives, on retrouve le perfectionnement. Je pourrais ici faire une belle montée de lait, mais je vais me retenir. Existe-il beaucoup de professions où le perfectionnement est facultatif ? Existe-il un domaine plus changeant que l'éducation ? Additionnez vos deux réponses et multipliez votre grogne.
B- Cause interne
iv) L'absence du besoin.
"Je n'ai jamais utilisé les TIC, je n'en ai pas besoin, d'autant plus que j'ai bien d'autres choses à faire qu'à apprendre à me servir d'une machine !" "Quand j'ai fait mes études, il n'y en avait pas d'ordinateur et j'ai très bien appris, alors les élèves peuvent bien faire pareil."
v) Le manque de temps
"J'ai beaucoup trop de contenu dans ce cours, je n'ai pas le temps de faire ça." "Combien de temps ça te prend à préparer ce matériel-là ?" "Je prends ma retraite dans 5 ans, j'ai pas envie d'apprendre à me servir de ça." "J'ai des nouvelles préparations et des gros groupes en plus des comités de programme, rajoutez-moi pas autre chose." "Il y a une rencontre d'information, mais je ne peux pas y aller, j'ai une réunion de..."
vi) Le manque de confiance
"Je tape à deux doigts, je n'y arriverai jamais." "Les élèves en savent plus que moi sur les ordinateurs, je vais perdre la face." "Déjà, j'ai eu de la misère à apprendre comment prendre mes courriels, alors j'imagine le reste."
vii) Le manque d'uniformité de la formation
J'ai remarqué la forte tendance à créer des groupes de formation aux TIC pour faire d'une pierre plusieurs coups et je pense que c'est une bien mauvaise idée étant donné que les groupes sont toujours hétérogènes. Les formateurs, souvent des mordus, ont toujours tendance à en montrer le plus possible, ce qui satisfait les rares assistants qui s'y connaissent déjà et ce qui découragent totalement tous les autres qui veulent s'y initier (et on retourne à vi, qui nous ramène à iv) et à v)).
Piste de solutions...
Pour les profs : Être des porteurs heureux et encourager la collaboration.
Pour les conseillers : Des bulles, des bulles, Pépin !
Ne vous moquez pas. Je le sais que ce blogue vient de naître. Je le sais qu'il y a à peine six mois, je découvrais toute la puissance des fils RSS, je sais que j'ai construit mon premier wiki il y a à peine deux semaines et je sais que j'ai bien du retard à rattraper.
Je vous entends me huer : "Touriste !"
Car vous qui me lisez, vous avez vos agrégateurs depuis fort longtemps, vous avez vos blogues depuis des années (je le sais, je vous avais dans mes marque-pages) et vous enregistrez sans doute votre liste de courses à faire pour la consulter en baladodiffusion. Il est donc vrai que, par rapport à vous, je suis une touriste. Mais par rapport à mes collègues, alors là, je tic. Je dirais même que je suis une pro-tic.
Bien sûr, au département, nous touchons tous plus ou moins nerveusement à Excel (plans-cadres obligent) et quelques uns jouent avec MathCad. Ça ne compte pas. Considérons plutôt l'utilisation des plate-formes éducatives, les habiletés à utiliser les outils du web ou (je dis bien ou) l'aisance à utiliser le matériel informatique plutôt que les instruments traditionnels. Nous comptons alors dans mon département 3,5 TIC et 14,5 antiques. (Je sais, c'est étrange, mais on tient ici un dénombrement rationnel) Pour les amateurs de statistique, des 3,5 TIC, on compte 2 vieux et notre petite nouvelle (évidemment, c'est de sa génération !) et la demie vient d'un collègue qui navigue régulièrement sur Internet et qui s'intéresse aux nouvelles technologies pour son plaisir personnel, mais qui jamais n'oserait s'aventurer à utiliser les TIC avec ses étudiants. Ça vous donne également le niveau des antiques !
Vous voyez donc le gouffre immense qui sépare les antiques des vrais professionnels des TIC. (Et du coup, de par ma position, je me retrouve forcément au fond du gouffre !)
La question quiz : Pourquoi ?
Je ne sais pas. Et voilà un bout de temps que j'y réfléchis et je stagne. Peut-être aurez-vous le goût de nourrir ma réflexion.
Causes du fossé entre ceux qui tic et ceux qui tiquent :
A- Causes externes
i) Le service informatique du cégep
À l'époque où les élèves inséraient des disquettes à l'envers dans les lecteurs, où le réseau plantait au moins 4 fois par jour et où les systèmes n'étaient pas stables, les techniciens débordés n'étaient disons pas très sympatiques avec les professeurs qui eux aussi s'initiaient aux nouvelles technologies en autodidactes, ce qui fait que plusieurs ont été échaudés comme des chats et qu'aujourd'hui, alors que le service informatique est fonctionnel, efficace et courtois, ces profs craignent l'eau froide. Parlez-leur de laboratoires obligatoires, d'ordinateurs, ils préféreront changer de cours. Pour apprendre, il faut être motivé. Pour être motivé, il faut se croire capable de réussir et aujourd'hui ces profs se savent complètement dépassés.
ii) Le service pédagogique
J'ai beaucoup de mal à jeter la pierre à ce service, ne serait-ce que parce que sa tâche est immense et qu'il y a trop peu de ressources. Pendant plusieurs années, l'essentiel du travail était consacré à la réforme (révision des programmes, rédactions des plans-cadres (et ses changements de normes)...) Une conseillère aux TIC a finalement été nommée, mais, malgré la tribune enviable qu'elle a eue, elle n'a pas su faire lever l'enthousiasme chez les profs. Il faut dire que la réforme sapait toute l'énergie. Depuis peu, une nouvelle équipe de conseillers est en place et elle souffle sur le cégep un vent nouveau, vivifiant et énergisant. Non seulement notre nouveau conseiller aux TIC s'intéresse-t-il globalement à tout ce qui existe et connaît-il plusieurs des technologies pour les avoir expérimentées, il est surtout d'une grande souplesse et d'une ouverture d'esprit, qualités essentielles à ce poste où, justement, l'outil doit venir en aide à la pédagogie. Pour lui, il est évident que la pédagogie ne doit pas s'adapter à l'outil imposé par le cégep (car on a vu ça aussi chez nous, mais c'était sous une autre direction ).
iii) La convention collective
Les points i) et ii) étant absous, ce point iii) est à mon avis la cause de bien des maux dans nos établissements. On lit dans la convention collective la description de la tâche d'un enseignant. On y retrouve trois volets. Un volet obligatoire qui porte essentiellement sur les cours, un deuxième volet qui oblige une délagation d'enseignants pour certains comités et un troisième volet qui est en quelque sorte une liste de tâches recommandées. Parmi ces tâches facultatives, on retrouve le perfectionnement. Je pourrais ici faire une belle montée de lait, mais je vais me retenir. Existe-il beaucoup de professions où le perfectionnement est facultatif ? Existe-il un domaine plus changeant que l'éducation ? Additionnez vos deux réponses et multipliez votre grogne.
B- Cause interne
iv) L'absence du besoin.
"Je n'ai jamais utilisé les TIC, je n'en ai pas besoin, d'autant plus que j'ai bien d'autres choses à faire qu'à apprendre à me servir d'une machine !" "Quand j'ai fait mes études, il n'y en avait pas d'ordinateur et j'ai très bien appris, alors les élèves peuvent bien faire pareil."
v) Le manque de temps
"J'ai beaucoup trop de contenu dans ce cours, je n'ai pas le temps de faire ça." "Combien de temps ça te prend à préparer ce matériel-là ?" "Je prends ma retraite dans 5 ans, j'ai pas envie d'apprendre à me servir de ça." "J'ai des nouvelles préparations et des gros groupes en plus des comités de programme, rajoutez-moi pas autre chose." "Il y a une rencontre d'information, mais je ne peux pas y aller, j'ai une réunion de..."
vi) Le manque de confiance
"Je tape à deux doigts, je n'y arriverai jamais." "Les élèves en savent plus que moi sur les ordinateurs, je vais perdre la face." "Déjà, j'ai eu de la misère à apprendre comment prendre mes courriels, alors j'imagine le reste."
vii) Le manque d'uniformité de la formation
J'ai remarqué la forte tendance à créer des groupes de formation aux TIC pour faire d'une pierre plusieurs coups et je pense que c'est une bien mauvaise idée étant donné que les groupes sont toujours hétérogènes. Les formateurs, souvent des mordus, ont toujours tendance à en montrer le plus possible, ce qui satisfait les rares assistants qui s'y connaissent déjà et ce qui découragent totalement tous les autres qui veulent s'y initier (et on retourne à vi, qui nous ramène à iv) et à v)).
Piste de solutions...
Pour les profs : Être des porteurs heureux et encourager la collaboration.
Pour les conseillers : Des bulles, des bulles, Pépin !
Marie-Ève, une ancienne étudiante, m'a envoyé il y a quelques jours une invitation à faire partie de ses amis sur Facebook. L'occasion était trop belle d'aller enfin voir ce que c'était que ce tissu humain dont j'entendais parler de plus en plus... (Eh oui, après les fils RSS, le blogue, les wikis, del.ico.us, me voilà dans Facebook... décidément, j'en connais qui vont avoir du mal à tout assimiler quand ils passeront au web 2.0 !!!)
Je rejoins donc Marie-Ève et par la même occasion, j'y retrouve bien sûr Charles, mais aussi plein d'anciens étudiants. Et je m'amuse à chercher des gens. Des élèves m'accueillent comme une amie (c'est gentil ça), mais je zieute également les réseaux des gens dont je lis les billets régulièrement. Intéressant.
Mais le plus intéressant, c'est de regarder les photos des étudiants. Voilà toute une facette de leur personnalité qui y est dévoilée et elle est d'autant plus significative que ce sont eux qui ont publié ces photos, donc ce sont des photos auxquels ils s'identifient plus particulièrement. Ainsi, j'ai découvert une ancienne élève que je voyais timide et solitaire lors de mes cours, sur Facebook posant sur une plage ou entourée d'amis lors de différentes fêtes. Visiblement, ce n'est pas moi qui la contraignais (elle ne m'aurait pas acceptée comme amie !) et donc elle n'était pas du tout intégrée à son groupe.
Les commentaires en disent long également sur eux.
Bon je l'avoue, à voir tout cela, je vois la profondeur du fossé des générations qui nous séparent. Mais grâce à Facebook, je me sens nettement moins déconnectée.
Mathieu Quimper analyse fort bien Facebook et je vous invite à lire ses billets. Vous y verrez qu'il préfère fermer la porte à ses élèves pour garder l'exclusivité de ses publications pour ses "vrais amis". Ce que je fais avec mes élèves, il ne veut pas que ses élèves le fassent avec lui. Le danger est là, en effet.
Mais moi, je me vois mal refuser à un élève d'être son "amie" d'autant plus que je ne peux pas montrer mes photos à mes vrais amis, puisque de vrais amis, je n'en ai pas... Bouhouhouhou...
Je rejoins donc Marie-Ève et par la même occasion, j'y retrouve bien sûr Charles, mais aussi plein d'anciens étudiants. Et je m'amuse à chercher des gens. Des élèves m'accueillent comme une amie (c'est gentil ça), mais je zieute également les réseaux des gens dont je lis les billets régulièrement. Intéressant.
Mais le plus intéressant, c'est de regarder les photos des étudiants. Voilà toute une facette de leur personnalité qui y est dévoilée et elle est d'autant plus significative que ce sont eux qui ont publié ces photos, donc ce sont des photos auxquels ils s'identifient plus particulièrement. Ainsi, j'ai découvert une ancienne élève que je voyais timide et solitaire lors de mes cours, sur Facebook posant sur une plage ou entourée d'amis lors de différentes fêtes. Visiblement, ce n'est pas moi qui la contraignais (elle ne m'aurait pas acceptée comme amie !) et donc elle n'était pas du tout intégrée à son groupe.
Les commentaires en disent long également sur eux.
Bon je l'avoue, à voir tout cela, je vois la profondeur du fossé des générations qui nous séparent. Mais grâce à Facebook, je me sens nettement moins déconnectée.
Mathieu Quimper analyse fort bien Facebook et je vous invite à lire ses billets. Vous y verrez qu'il préfère fermer la porte à ses élèves pour garder l'exclusivité de ses publications pour ses "vrais amis". Ce que je fais avec mes élèves, il ne veut pas que ses élèves le fassent avec lui. Le danger est là, en effet.
Mais moi, je me vois mal refuser à un élève d'être son "amie" d'autant plus que je ne peux pas montrer mes photos à mes vrais amis, puisque de vrais amis, je n'en ai pas... Bouhouhouhou...
Puisque c'est le premier jour des vacances, quoi de mieux qu'un petit jeu, une première petite énigme. Une classique. Mais j'ai lu récemment qu'il s'agissait de la deuxième énigme de Einstein.
Einstein, poseur d'énigmes...
Cela me rappelle une conversation surréaliste que j'ai eu lors d'un barbecue de saucisses organisé par le département de physique de l'Université d'Ottawa. C'était au temps où j'étais jeune et jolie, il y a mille ans. Lors de cet événement, un vieux professeur aux cheveux mauves, directeur de thèse de mon ami Charles, me disait qu'il contestait les résultats de Einstein, que celui-ci n'était de toute façon pas un vrai physicien, qu'il n'était rien de plus qu'un grand mathématicien. Ces chers physiciens, de véritables sacs à blagues.
Mais revenons à nos moutons... ou plutôt à notre éléphant.
Un producteur de cacaouètes doit livrer 3000 sacs contenant chacun 300 cacaouètes à un marché situé 1000 km plus loin. Pour s'y rendre, il charge son éléphant qui peut transporter au plus 1000 sacs. Cependant, l'animal a besoin d'énergie, aussi bouffe-t-il un sac de cacaouètes tous les kilomètres. Question quiz : Combien de cacaouètes aura-t-il à vendre lorsqu'il arrivera sur la place du marché.
(Évidemment, on suppose qu'il n'y a pas moyen de trouver d'autres nourritures pour l'éléphant sur la route.)
Einstein, poseur d'énigmes...
Cela me rappelle une conversation surréaliste que j'ai eu lors d'un barbecue de saucisses organisé par le département de physique de l'Université d'Ottawa. C'était au temps où j'étais jeune et jolie, il y a mille ans. Lors de cet événement, un vieux professeur aux cheveux mauves, directeur de thèse de mon ami Charles, me disait qu'il contestait les résultats de Einstein, que celui-ci n'était de toute façon pas un vrai physicien, qu'il n'était rien de plus qu'un grand mathématicien. Ces chers physiciens, de véritables sacs à blagues.
Mais revenons à nos moutons... ou plutôt à notre éléphant.
Un producteur de cacaouètes doit livrer 3000 sacs contenant chacun 300 cacaouètes à un marché situé 1000 km plus loin. Pour s'y rendre, il charge son éléphant qui peut transporter au plus 1000 sacs. Cependant, l'animal a besoin d'énergie, aussi bouffe-t-il un sac de cacaouètes tous les kilomètres. Question quiz : Combien de cacaouètes aura-t-il à vendre lorsqu'il arrivera sur la place du marché.
(Évidemment, on suppose qu'il n'y a pas moyen de trouver d'autres nourritures pour l'éléphant sur la route.)
Je ne suis pas certaine cependant que "héroïne" réfère ici au féminin de héros...
Remarquez que comme conclusion à un cours, ça peut détendre et que le ridicule ne tue pas...
Remarquez que comme conclusion à un cours, ça peut détendre et que le ridicule ne tue pas...
Non, il ne s'agit pas du film, ni de Nathalie Simard...
Puisqu'il est ici question de beautés et d'éducation et de tout ce qui s'y rattache, je suis dans l'obligation de vous parler d'un site que j'ai découvert ce matin et qui m'a laissée sans mot et qui m'a troublée et qui m'a dérangée et qui est venue me chercher de façon très violente.
Le photographe se nomme dR et il m'a généreusement donné la permission de publier ici sur ce blogue quelques uns de ses portraits saisissant d'enfants et d'adolescents. Allez voir son port-folio, avec la musique qui l'enveloppe l'effet est encore plus saisissant.
Les enfants y sont magnifiques, mais regardez leur regard d'adultes désabusés. Ils ont tous perdu leur innocence. Ces enfants n'ont dans les yeux que leur avenir de misère accepté.
Comment un enseignant peut-il être insensible devant ces photos ?
Je crois que l'éducation, sous toutes ses formes (car l'éducation ne se fait pas uniquement à l'école, loin de là), est la seule manière de redonner l'espoir d'un monde meilleur et le goût de contribuer à son amélioration.
Est-ce que ça vous fait le même effet ?
À voir absolument : http://www.americansuburb.com/
Puisqu'il est ici question de beautés et d'éducation et de tout ce qui s'y rattache, je suis dans l'obligation de vous parler d'un site que j'ai découvert ce matin et qui m'a laissée sans mot et qui m'a troublée et qui m'a dérangée et qui est venue me chercher de façon très violente.
Le photographe se nomme dR et il m'a généreusement donné la permission de publier ici sur ce blogue quelques uns de ses portraits saisissant d'enfants et d'adolescents. Allez voir son port-folio, avec la musique qui l'enveloppe l'effet est encore plus saisissant.
Les enfants y sont magnifiques, mais regardez leur regard d'adultes désabusés. Ils ont tous perdu leur innocence. Ces enfants n'ont dans les yeux que leur avenir de misère accepté.
Comment un enseignant peut-il être insensible devant ces photos ?
Je crois que l'éducation, sous toutes ses formes (car l'éducation ne se fait pas uniquement à l'école, loin de là), est la seule manière de redonner l'espoir d'un monde meilleur et le goût de contribuer à son amélioration.
Est-ce que ça vous fait le même effet ?
À voir absolument : http://www.americansuburb.com/
Le canal éducatif est un site français qui mérite d'être découvert. On y trouve des présentations intéressantes dans divers domaines.
La présentation de Pythagore mérite d'être visionnée. Bien faite, elle est presque prête à apporter en classe !
Il y a cependant deux petits détails qui m'ont fait sursauter en l'écoutant et un secret que j'ai appris récemment qui n'est pas dit.
D'abord, Pythagore aurait fui Crotone lors de l'incendie de son école. Il n'y a donc pas péri, mais serait mort (de faim) à l'âge respectable de 90 ans dans la ville de Métaponte.
L'école de Pythagore était une secte très contraignante dont le gourou, Pythagore, était le modèle et le maître. Ses élèves le vénéraient (du moins jusqu'à la découverte de l'irrationnalité de la racine de 2). Il faut dire que comme il avait beaucoup voyager et qu'il avait un charme et un charisme indéniable, il savait séduire. Ainsi, dans cette école, toutes les découvertes portaient le nom de Pythagore et c'était un honneur pour un élève de voir le maître apprécier son travail au point de le faire sien. Or non seulement Pythagore était-il végétarien, mais il croyait que les animaux étaient la réincarnation d'humains. Une des règles importantes de son école était de s'abstenir de verser du sang ou d'approcher des gens qui le versent. Comment, avec une telle règle, cette école aurait-elle pu accepter de sacrifier 100 boeufs pour célébrer la démonstration du théorème dit de Pythagore...
Car... si nous savons que Pythagore a étudié les mathématiques, nous n'avons aucune preuve qu'il en ait fait. Il est donc fort probable que le théorème de Pythagore ne soit pas de Pythagore... ce qui en soit est fort troublant, puisque Pythagore est surtout connu de nos jours pour son théorème qui n'est probablement pas le sien ! Un viol de droit d'auteur vieux de 25 siècles !
La présentation de Pythagore mérite d'être visionnée. Bien faite, elle est presque prête à apporter en classe !
Il y a cependant deux petits détails qui m'ont fait sursauter en l'écoutant et un secret que j'ai appris récemment qui n'est pas dit.
D'abord, Pythagore aurait fui Crotone lors de l'incendie de son école. Il n'y a donc pas péri, mais serait mort (de faim) à l'âge respectable de 90 ans dans la ville de Métaponte.
L'école de Pythagore était une secte très contraignante dont le gourou, Pythagore, était le modèle et le maître. Ses élèves le vénéraient (du moins jusqu'à la découverte de l'irrationnalité de la racine de 2). Il faut dire que comme il avait beaucoup voyager et qu'il avait un charme et un charisme indéniable, il savait séduire. Ainsi, dans cette école, toutes les découvertes portaient le nom de Pythagore et c'était un honneur pour un élève de voir le maître apprécier son travail au point de le faire sien. Or non seulement Pythagore était-il végétarien, mais il croyait que les animaux étaient la réincarnation d'humains. Une des règles importantes de son école était de s'abstenir de verser du sang ou d'approcher des gens qui le versent. Comment, avec une telle règle, cette école aurait-elle pu accepter de sacrifier 100 boeufs pour célébrer la démonstration du théorème dit de Pythagore...
Car... si nous savons que Pythagore a étudié les mathématiques, nous n'avons aucune preuve qu'il en ait fait. Il est donc fort probable que le théorème de Pythagore ne soit pas de Pythagore... ce qui en soit est fort troublant, puisque Pythagore est surtout connu de nos jours pour son théorème qui n'est probablement pas le sien ! Un viol de droit d'auteur vieux de 25 siècles !
La légende raconte que Pygmalion était un sculpteur célibataire endurci qui passait tout son temps à parfaire la statue d'une femme. Insultée que cet homme préférât la froideur de l'ivoire à la chaleur de l'amour, Aphrodite rendit Pygmalion amoureux de sa statue. Éperdument passionné par sa statue, il la contemplait nuit et jour et l'implorait de lui parler, de lui répondre. Prise de remords, Aphrodite donna vie à la statue et Pygmalion l'épousa.
Robert Rosenthal s’intéresse depuis près de 50 ans aux effets des attentes d’une personne sur le comportement d’une autre personne. L’histoire commence avec cette expérience. Rosenthal convoque deux groupes d’étudiants et leur donne quelques souris à dresser. Au premier groupe, il leur dit que les souris ont été choisies parmi les plus intelligentes, à l’autre, qu’il ne fallait pas en espérer de grands résultats. Après quelques semaines, les souris du premier groupe réussissaient mieux à se débrouiller dans les labyrinthes que celles de l’autre groupe. Résultat étonnant, puisque, au départ, les souris des deux groupes étaient tout à fait identiques.
Rosenthal s’est alors demandé s’il n’en serait pas de même en classe. En mai 1964, il prend les allures d’un prestigieux chercheur de Havard et se présente dans une école d’un quartier défavorisé de San Francisco pour passer un examen supposément pour dépister les élèves qui devraient avoir des résultats spectaculaires à la prochaine année scolaire. Une fois les tests passés et évalués, il dévoile de façon fortuite aux instituteurs les noms des élèves appelés à un brillant avenir. En décembre, en mars et en mai, on reprend les tests auprès des mêmes élèves. Les résultats sont spectaculaires.
Il s’agissait en fait de tests normaux de mesure du QI. Or, étonnamment, les élèves sélectionnés dans les faits au hasard, mais identifiés brillants auprès de leur instituteur ont vu leur QI augmenter de façon significative . Certains élèves qualifiés de retardés gagnaient grâce au hasard de la sélection, le statut d’élèves doués, démontrant ainsi que pour qu’un élève réussisse, il faut surtout que l’enseignant croit en lui.
On a appelé ce phénomène l’effet Pygmalion. Le cancre devient doué comme la statue est devenue femme.
Et tout à coup, je me suis dit… Connaissant la position d’un enfant par rapport à la moyenne de son groupe, un parent n’aurait-il pas aussi tendance à être envers lui également biaisé par l’effet Pygmalion ?
Référence : L'effet Pygmalion
Robert Rosenthal s’intéresse depuis près de 50 ans aux effets des attentes d’une personne sur le comportement d’une autre personne. L’histoire commence avec cette expérience. Rosenthal convoque deux groupes d’étudiants et leur donne quelques souris à dresser. Au premier groupe, il leur dit que les souris ont été choisies parmi les plus intelligentes, à l’autre, qu’il ne fallait pas en espérer de grands résultats. Après quelques semaines, les souris du premier groupe réussissaient mieux à se débrouiller dans les labyrinthes que celles de l’autre groupe. Résultat étonnant, puisque, au départ, les souris des deux groupes étaient tout à fait identiques.
Rosenthal s’est alors demandé s’il n’en serait pas de même en classe. En mai 1964, il prend les allures d’un prestigieux chercheur de Havard et se présente dans une école d’un quartier défavorisé de San Francisco pour passer un examen supposément pour dépister les élèves qui devraient avoir des résultats spectaculaires à la prochaine année scolaire. Une fois les tests passés et évalués, il dévoile de façon fortuite aux instituteurs les noms des élèves appelés à un brillant avenir. En décembre, en mars et en mai, on reprend les tests auprès des mêmes élèves. Les résultats sont spectaculaires.
Il s’agissait en fait de tests normaux de mesure du QI. Or, étonnamment, les élèves sélectionnés dans les faits au hasard, mais identifiés brillants auprès de leur instituteur ont vu leur QI augmenter de façon significative . Certains élèves qualifiés de retardés gagnaient grâce au hasard de la sélection, le statut d’élèves doués, démontrant ainsi que pour qu’un élève réussisse, il faut surtout que l’enseignant croit en lui.
On a appelé ce phénomène l’effet Pygmalion. Le cancre devient doué comme la statue est devenue femme.
Et tout à coup, je me suis dit… Connaissant la position d’un enfant par rapport à la moyenne de son groupe, un parent n’aurait-il pas aussi tendance à être envers lui également biaisé par l’effet Pygmalion ?
Référence : L'effet Pygmalion
Le titre est la version littéraire.
René Magritte en a fait une image célèbre :
Guido Moretti en a fait une sculpture : Ceci n'est pas un cube.
Amazing Floating 3d Cube Sculpture - The funniest home videos are here
René Magritte en a fait une image célèbre :
Guido Moretti en a fait une sculpture : Ceci n'est pas un cube.
Amazing Floating 3d Cube Sculpture - The funniest home videos are here
C'est vieux, c'est décallé, c'est rediffusé et les sous-titres ne sont pas tout à fait conformes au texte qui lui n'est pas conforme aux lèvres. Bref, ça sent le montage d'autant plus que je n'ai pas réussi à trouver l'original.
Mais, faites abstraction de tout cela, faites-vous prendre au jeu et regardez le langage non-verbal de ces hommes, ça en vaut la peine.
J'en pleure encore.
Mais, faites abstraction de tout cela, faites-vous prendre au jeu et regardez le langage non-verbal de ces hommes, ça en vaut la peine.
J'en pleure encore.
Le mois de juin a bien commencé. Les Associations de parents se réjouissent : non seulement les bulletins reviennent aux chiffres avec des énoncés simples, mais la Ministre de l’Éducation, des Loisirs et des Sports autorise les enseignants à indiquer la moyenne de leur groupe. Enfin ! Dans la tête de nombreux parents, on sera enfin revenu au bon sens, à ce qui existait du temps où ils étaient à l’école, on va enfin savoir l’essentiel, c’est-à-dire est-ce que Rejeton est au-dessus ou en dessous de la moyenne dans chacune de ses matières.
Quand j’entends cela, il y a plein de mystères qui naissent dans mon petit cerveau.
• Pourquoi la moyenne ? Pourquoi cette mesure de tendance centrale ? Pourquoi elle toute seule ?
• Qui sont les enfants des parents qui veulent des chiffres ? Sont-ils de façon significative des parents dont les enfants sont au-dessus de la moyenne ?
• Pourquoi préfère-t-on l’évaluation de l’énoncé « Lire » à celui de « Lire des textes variés » ?
Et c’est là que je me dis que…
… que peut-être que les gens ne comprennent pas ce qu’est une moyenne, peut-être que les parents ne comprennent pas combien il est triste et décourageant pour un enfant d’être toujours en dessous de la moyenne quand on travaille fort, peut-être que les énoncés de compétence simplifiés seront encore trop compliqués pour les parents qui préféreront lire une matière et non une compétence…
Et quand j'entends la ministre de l’Éducation déclarer : «Il est encore important de pouvoir situer son enfant dans l'ensemble de la classe pour être capable de bien évaluer son cheminement», je me dis que peut-être que la ministre ne comprend pas ce qu’est une moyenne. Comment un bulletin chiffré peut-il permettre de mieux évaluer le cheminement d’un enfant ?
Ainsi, imaginons Jessica Triser une élève de première année qui a atteint de façon satisfaisante les compétences évaluées (de manière lettrée, nous constatons que Jessica aurait eu des B partout). À mesure que l’année avance, les compétences à atteindre se complexifient et Jessica reste constante en progressant de façon satisfaisante (elle reste à B). Bravo Jessica !
Harry Cover, lui, savait lire et écrire quand il est entré en première année. Sur son premier bulletin, il a eu A, car il dépassait les attentes, alors il s’est ennuyé pendant quelques semaines, ne progressant plus, puis les autres de sa classe ont atteint son niveau de lecture et Harry a perdu son avance, mais il a exactement le niveau attendu. Son bulletin indique B.
Guy Mauve a beaucoup de difficulté en mathématique (D), mais il a travaillé tellement fort qu’il a réussi de façon satisfaisante son évaluation (B).
A-t-on besoin d’une moyenne pour voir le cheminement d’un enfant, Madame la ministre ?
Je n’ai pas l’intention ici de débattre le pour ou le contre le bulletin chiffré ou lettré. Mais je crois qu’il pourrait être utile que sur la blogosphère quelqu’un rappelle ce qu’est une moyenne au-delà de sa formule mathématique que tout le monde connaît.
La moyenne est le centre de masse, c’est le nombril du corps, c’est, sur une baguette, l’endroit où vous posez le doigt pour la tenir en équilibre. La moyenne est toujours influencée par les valeurs extrêmes et celles-ci peuvent même la rendre insignifiante. Et, à moins que toutes les données soient identiques, par définition, il y aura toujours des données qui seront en dessous de la moyenne. Il est impossible que tous les élèves d'une classe soient au dessus de la moyenne !
Jessica, notre élève qui a toujours eu des B est dans une classe spéciale enrichie remplie de petits Harry Cover. Jessica a 75 % sur son premier bulletin et la moyenne de son groupe est 95 %. Ses parents ne sont pas contents. Alors, ils la changent de classe et l’envoient dans une classe remplie de Guy Mauve. Jessica a 75 % et la moyenne est de 40 %. Ses parents sont maintenant fort satisfaits, elle a même eu une nouvelle bicyclette pour ses bons résultats. Eh oui, les enfants, si vous voulez rendre vos parents heureux de votre bulletin, il faut savoir choisir sa classe, bien des étudiants désirant aller en médecine vous le diront !
Harry est dans la classe de Madame Luciole qui donne des évaluations "pop-corn". Il a toujours 100 % et la moyenne de la classe est 90 %. Guy est dans la classe de Madame Mollusque, la méchante qui donne des examens difficiles. Il a 65 % et la moyenne est de 70 %. Harry a le vélo, Guy est privé de télé. Mis dans la même classe de Madame Rose Lépine, Harry et Guy auraient eu la même note.
Autre point, imaginons que tous les élèves d’un groupe ont 75 % sauf Guy Mauve qui a 70 %. La moyenne est de 74 %. Dans une autre classe, les notes se dispersent de 30 % à 100 %, la moyenne est de 74 % et notre Guy Mauve obtient encore 70 %. On constate que dans le premier cas, Guy a des lacunes que son groupe a réussi à surmonter, alors que dans le deuxième cas, on a presqu’envie de le féliciter d’être proche de la moyenne. Pourtant, dans un cas comme dans l’autre, Guy verra sur son bulletin sa note de 70 % avec la moyenne de 74 %.
Qu'est-ce qui distingue un bulletin chiffré d'un bulletin lettré ? L'un donne l'évaluation et la mesure centrale de la classe (la moyenne n'est pas une mesure de position !), l'autre situe l'enfant par rapport à ce qu'il devrait être en mesure d'accomplir. Or, vaut-il mieux situer un élève par rapport à ses apprentissages ou par rapport à la tendance centrale de la classe ?
Si vous couriez le marathon, préféreriez-vous que l’on dise
a) que vous avez réussi à courir tout un marathon ou
b) que vous êtes arrivé dernier au marathon ?
Peut-être que si les professeurs du primaire pouvaient rencontrer plus de 10 minutes deux fois par an les parents, si on expliquait aux parents que « Lire des textes variés » est beaucoup plus significatif sur un bulletin que « Lire », si on leur disait que c’est démotivant pour un enfant d’être le dernier de sa classe, peut-être que les parents ne se réjouiraient pas tant du retour de la moyenne dans les bulletins… où alors, il exigerait aussi qu’on y ajoute au moins l’écart type…
Quand j’entends cela, il y a plein de mystères qui naissent dans mon petit cerveau.
• Pourquoi la moyenne ? Pourquoi cette mesure de tendance centrale ? Pourquoi elle toute seule ?
• Qui sont les enfants des parents qui veulent des chiffres ? Sont-ils de façon significative des parents dont les enfants sont au-dessus de la moyenne ?
• Pourquoi préfère-t-on l’évaluation de l’énoncé « Lire » à celui de « Lire des textes variés » ?
Et c’est là que je me dis que…
… que peut-être que les gens ne comprennent pas ce qu’est une moyenne, peut-être que les parents ne comprennent pas combien il est triste et décourageant pour un enfant d’être toujours en dessous de la moyenne quand on travaille fort, peut-être que les énoncés de compétence simplifiés seront encore trop compliqués pour les parents qui préféreront lire une matière et non une compétence…
Et quand j'entends la ministre de l’Éducation déclarer : «Il est encore important de pouvoir situer son enfant dans l'ensemble de la classe pour être capable de bien évaluer son cheminement», je me dis que peut-être que la ministre ne comprend pas ce qu’est une moyenne. Comment un bulletin chiffré peut-il permettre de mieux évaluer le cheminement d’un enfant ?
Ainsi, imaginons Jessica Triser une élève de première année qui a atteint de façon satisfaisante les compétences évaluées (de manière lettrée, nous constatons que Jessica aurait eu des B partout). À mesure que l’année avance, les compétences à atteindre se complexifient et Jessica reste constante en progressant de façon satisfaisante (elle reste à B). Bravo Jessica !
Harry Cover, lui, savait lire et écrire quand il est entré en première année. Sur son premier bulletin, il a eu A, car il dépassait les attentes, alors il s’est ennuyé pendant quelques semaines, ne progressant plus, puis les autres de sa classe ont atteint son niveau de lecture et Harry a perdu son avance, mais il a exactement le niveau attendu. Son bulletin indique B.
Guy Mauve a beaucoup de difficulté en mathématique (D), mais il a travaillé tellement fort qu’il a réussi de façon satisfaisante son évaluation (B).
A-t-on besoin d’une moyenne pour voir le cheminement d’un enfant, Madame la ministre ?
Je n’ai pas l’intention ici de débattre le pour ou le contre le bulletin chiffré ou lettré. Mais je crois qu’il pourrait être utile que sur la blogosphère quelqu’un rappelle ce qu’est une moyenne au-delà de sa formule mathématique que tout le monde connaît.
La moyenne est le centre de masse, c’est le nombril du corps, c’est, sur une baguette, l’endroit où vous posez le doigt pour la tenir en équilibre. La moyenne est toujours influencée par les valeurs extrêmes et celles-ci peuvent même la rendre insignifiante. Et, à moins que toutes les données soient identiques, par définition, il y aura toujours des données qui seront en dessous de la moyenne. Il est impossible que tous les élèves d'une classe soient au dessus de la moyenne !
Jessica, notre élève qui a toujours eu des B est dans une classe spéciale enrichie remplie de petits Harry Cover. Jessica a 75 % sur son premier bulletin et la moyenne de son groupe est 95 %. Ses parents ne sont pas contents. Alors, ils la changent de classe et l’envoient dans une classe remplie de Guy Mauve. Jessica a 75 % et la moyenne est de 40 %. Ses parents sont maintenant fort satisfaits, elle a même eu une nouvelle bicyclette pour ses bons résultats. Eh oui, les enfants, si vous voulez rendre vos parents heureux de votre bulletin, il faut savoir choisir sa classe, bien des étudiants désirant aller en médecine vous le diront !
Harry est dans la classe de Madame Luciole qui donne des évaluations "pop-corn". Il a toujours 100 % et la moyenne de la classe est 90 %. Guy est dans la classe de Madame Mollusque, la méchante qui donne des examens difficiles. Il a 65 % et la moyenne est de 70 %. Harry a le vélo, Guy est privé de télé. Mis dans la même classe de Madame Rose Lépine, Harry et Guy auraient eu la même note.
Autre point, imaginons que tous les élèves d’un groupe ont 75 % sauf Guy Mauve qui a 70 %. La moyenne est de 74 %. Dans une autre classe, les notes se dispersent de 30 % à 100 %, la moyenne est de 74 % et notre Guy Mauve obtient encore 70 %. On constate que dans le premier cas, Guy a des lacunes que son groupe a réussi à surmonter, alors que dans le deuxième cas, on a presqu’envie de le féliciter d’être proche de la moyenne. Pourtant, dans un cas comme dans l’autre, Guy verra sur son bulletin sa note de 70 % avec la moyenne de 74 %.
Qu'est-ce qui distingue un bulletin chiffré d'un bulletin lettré ? L'un donne l'évaluation et la mesure centrale de la classe (la moyenne n'est pas une mesure de position !), l'autre situe l'enfant par rapport à ce qu'il devrait être en mesure d'accomplir. Or, vaut-il mieux situer un élève par rapport à ses apprentissages ou par rapport à la tendance centrale de la classe ?
Si vous couriez le marathon, préféreriez-vous que l’on dise
a) que vous avez réussi à courir tout un marathon ou
b) que vous êtes arrivé dernier au marathon ?
Peut-être que si les professeurs du primaire pouvaient rencontrer plus de 10 minutes deux fois par an les parents, si on expliquait aux parents que « Lire des textes variés » est beaucoup plus significatif sur un bulletin que « Lire », si on leur disait que c’est démotivant pour un enfant d’être le dernier de sa classe, peut-être que les parents ne se réjouiraient pas tant du retour de la moyenne dans les bulletins… où alors, il exigerait aussi qu’on y ajoute au moins l’écart type…
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