Combien de fois j'ai eu cette conversation :
Lui : Je suis très content, il a eu la moyenne en maths.
Moi : Et elle est combien la moyenne ?
Lui : Mais la moyenne, c'est 10 !
Moi : 10 ?
Lui : Mais oui !
Moi : Et combien il faut pour passer ?
Lui : Mais 10, il faut la moyenne pour passer !
Moi : Mais la moyenne dépend des notes des élèves, non ?
Lui : Non, la moyenne, c'est 10.
Moi : Mais non, 10, c'est la note de passage. La moyenne ne peut pas être fixée à une valeur précise, ça dépend des données voyons ! Tu vois, dans mon cours, la note de passage est 60, mais ma moyenne dépend de la classe, dans celle-ci pour tel examen j'ai 55, dans cette autre classe, j'ai 72.
Lui : Chez nous, en France, la moyenne c'est toujours 10. On ne calcule pas la moyenne comme chez vous, c'est tout.
Moi : Ah ben coudonc...
Je ne m'obstine pas...
(Evit reizhañ ar bleizi, ez eo ret o dimeziñ !)
En allant visiter le site du Mouvement contre la constante macabre (j'adore ce nom !), j'ai découvert une pratique qui donne des frissons dans le dos :
Imaginez un professeur excellent avec des élèves excellents. Si dans un tel contexte, toutes les notes sont bonnes (elles devraient l’être bien sûr), le professeur est montré du doigt, et est considéré comme un professeur laxiste, voire pas très sérieux. Les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes suspecteraient a priori un professeur d’une matière importante dont la moyenne de classe serait souvent de 14 ou 15 sur 20.
Ainsi, sous la pression de la société, les enseignants semblent obligés, pour être crédibles, de mettre un certain pourcentage de mauvaises notes, même dans les classes de bon niveau : une constante macabre en quelque sorte.
J’insiste sur le fait qu’il s’agit d’un phénomène de société dont les enseignants ne sont évidemment pas les seuls responsables.*
Les évaluations du système français seraient donc bâties pour que la moyenne soit la note de passage, soit 10 sur 20.
... et voilà pourquoi le 10 est associé à une constante macabre et non au succès de Guy Lafleur !
Maintenant, ne jouons pas les frileux, ne pointons pas la paille dans l'œil du voisin sans regarder s'il n'y aurait pas une poutre sur notre rétine.
Oups...
Coupable.
Il m'est arrivé aussi de mettre en examen des problèmes difficiles pour distinguer la crème du petit laid. (Ce lapsus digital est trop drôle, je le laisse là.)
Coupable.
Les étudiants qui rivalisent pour leur cote R adorent ça.
Coupable.
À ma défense, ces problèmes ne dépassaient jamais le 10... pourcent de l'examen et jamais je n'ai osé en évaluation finale.
Coupable quand même !
Bon, ok, je ne le referai plus... qu'en question bonus !
(L'évolution est un processus qui demande un certain temps.)
Merci MCLCM d'éveiller nos consciences.
Merci le Mathoscope, l'un des plus grands rassembleurs francophones d'actualités mathématiques de la blogosphère de m'avoir fait découvrir ce mouvement.
_________________
* André Antibi, Intro du Colloque EPCC, De la Constante Macabre à l'Évaluation par
Contrat de Confiance, Mars 2008
10 commentaires
Je connais une école (post bac)
où il n'y a pas de notes , pas de copies !
Ah !
Et cette école s'appelle la vie !!!
My god!
Quelle façon merdique d'évaluer la moyenne à mon avis.
Oui, ajuster la difficulté de l'examen afin d'en faire ressortir les meilleurs est définitivement une technique plus objective que faire simplement baisser la moyenne par la suite.
C'est peut-être dans ces moment là qu'on ce dit que l'évaluation à l'anglaise c'est à dire une lettre en guise d' "appréciation" (j'insiste lol) sur la copie et non une note en tant qu'évaluation pure.
Mais bon là, on leur reproche de ne pas avoir de rigueur dans les notations.
A tout système ses problèmes en quelque sorte. Le soucis de la France est son système de quota et non d'évaluation. Car l'évaluation s'abaisse au quota justement pour qu'il soit respecté. Le but serait de ne faire que des devoir dit "durs" et ainsi on est sur que la moyenne est au-dessus de 10. Heureusement qu'il reste les concours où la notion de moyenne garde un sens vu que l'évaluation n'a pas pour but d'évaluer mais de classer les élèves et au moins c'est franc dès le départ.
Le fameux élèves qui a raté son devoir et va voir ses parent en disant j'ai eu la moyenne c'est à dire 10 pour lui alors que la moyenne exacte était peut-être de 14-15 à cette interrogation de cours. Mais le conditionnement de l'enfant et des parents fera que cette note sera vu comme bonne tout simplement. Donc dans un classe de très fort avoir 10 et être le dernier sera vu comme une bonne chose et on critiquera même le prof en disant qu'il en fait son bouc-émissaire ou qu'il sur-note tout le monde sauf lui...
Les parents et les enfants conditionnent l'enseignement au sein de l'éducation nationale. A croire que la transmission de savoir n'a plus de sens mais que seul le sens sociale existe!
A réfléchir sans doute...
Miss Math: avouez-vous déjà remarqué la météo? On est toujours sur ou sous la moyenne? C'est embêtant, mais pratique pour boucher les deux minutes qu'on consacre à cette perte de temps dans les bulletins de nouvelles.
Missmath,parlez-nous de l'école de la Vie:
Des arbres,des forêts,des loups ...
Le Renouveau encourage ces questions qui servent à départager les élèves forts des élèves faibles. Dans les grilles d'évaluation en lecture, par exemple, certaines questions sont associées à la lettre A et, si elles sont toutes réussies, démontrent que l'élève réussit au-delà des attentes. De la même façon, les questions associées au repérage, donc aux lettre E et D, par exemple, si elles ne sont que les seules réussies, montrent que l'élève progresse en deçà des attentes. Il n'y a rien de mal là-dedans!
Safwan la question que je te pose c'est quelles sont les attentes en question et à quoi servent-elles?
Quelle est la définition d'un bonne élève? Un mouton qui sait recraché son cours ou celui qui a compris les engrenage du dit cours ou encore celui qui sait recraché les exos types (exemple du Bac français par exemple)?
Les grille d'évaluation évalue mais qu'évaluent-elle, je pense que c'est cela la question dans ce message non?
Aujourd'hui est-ce que l'éducation est indépendante des humeurs de la société? C'est à dire est-ce que l'éducation nationale peut réellement jouer son rôle de transmission de connaissance en l'état actuelle et avec les grilles actuelles? Pas évident, évident encore plus que le politique de quota se mêle à tout cela...
Je ne suis pas contre faire du tri (bien au contraire d'ailleurs même si je ne suis pas pour l'élitisme pur en soi, bien entendu) mais encore faut-il savoir ce qu'on tri. Par exemple au bac (en France et en maths), on trie ceux qui s'amusent et ceux qui savent apprendre un corrigé type par coeur mais est-ce qu'on va plus loin? J'émets pour ma part des gros doute.
Bonjour
Il y a au milieu de ce billet une phrase en breton et personne ne pose de questions …
Est ce que tous les lecteurs de ce blog sont britophone ?
Kenavo
Ket, ne gomzan ket brezhoneg !!!
Degemer mat el brouilhedoù, Youenn.
Kenavo
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