En analyse univariée, lorsque l'on veut représenter graphiquement l'effectif ou la fréquence d'un caractère associé à un secteur géographique, on utilise le cartogramme. Il s'agit en fait de la carte géographique de la région découpée en secteurs. La couleur de chacun des secteurs correspond à son effectif ou à sa fréquence. Les journaux raffolent de cartogrammes le lendemain des élections. (Jacques Parizeau dirait que ça permet de mieux voir la couleur des "votes ethniques et de l'argent" !!!)
L'inconvénient du cartogramme est qu'il implique la connaissance de la géographie du lieu. Ainsi, dans le cartogramme présenté ci-dessus, si je vous demandais de pointer le secteur Rivière-des-Prairies, plusieurs d'entre vous seraient bien embêtés de le retrouver sans consulter d'autres sources. Les cartes interactives (comme celles que vous obtenez sur le site de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal) permettent d'afficher pour chaque division, le nom de la région et l'effectif ou la fréquence.
Aujourd'hui, grâce aux merveilles de la technologie et peut-être aussi pour le sensationnalisme qui a souvent abreuvé les chercheurs présentant des statistiques, la tendance est à la déformation des régions géographiques proportionnellement à l'effectif. Le site de Worldmapper propose plusieurs cartogrammes du monde fort séduisants et sur divers thèmes populaires.
Statistiquement parlant, on pourrait les comparer à la pitoune blonde aux gros seins. Vous savez celle qui rentre dans une salle et qui fait qu'immédiatement tous les regards se tournent vers elle et que le monde entier nous oublie, nous, les filles ordinaires. Ça laisse toute une impression, mais qu'en tire-t-on finalement ? Outre le divertissement, pas grand chose...
Ces graphiques sont à la rigueur statistique ce qu'est le silicone à la poitrine. Pas de titre (ok, je suis de mauvaise foi, on clique dessus pour avoir la carte), pas de source, pas de méthodologie, pas de légende et bonne chance pour retrouver certains pays.
Et sur la répartition du SIDA :
Je préfère encore ceci :
Et vous pouvez maintenant me traiter de vieille frustrée !
Car c'est un peu vrai.
P.S. : Pour les amateurs de pitounes, le premier graphique de Worldmapper présenté est celui de la pauvreté dans le monde.
P.P.S : Les graphiques de Worldmapper me font penser à cette question lue il y a 1000 ans et que je n'ai toujours pas oubliée : Quelle serait la superficie de la Suisse si on la mettait à plat ?
Les cartogrammes de Worldmapper sont © 2006 SASI Group (University of Sheffield) et Mark Newman (University of Michigan) et reproduits ici avec la permission des auteurs.
3 commentaires
Version Worldmapper inversé :
http://www.2flashgames.com/f/f-Global-Warming-4620.htm
hihihi. Je ne suis pas un grand fan de pitounes, mais je crois tout de même qu'il y a des trucs vachement intéressants à faire avec l'illustration des stats.
Il y a quelques mois, j'avais bien aimé cette vidéo (exploitant entre autres l'outil Gapminder) : http://www.ted.com/index.php/talks/view/id/92
Bien entendu, je dois avouer être en désaccord avec certains des liens que fait le mec qui présente (comme cette idée que le libre-échange règle bien des problèmes ou que la chute du régime soviétique aura été salutaire -- hahahaha!).
Il semble que Worldmapper a mis à jour les cartes disponibles et que celles dont il est question dans cet article ne le sont plus. Plutôt que de redemander la permission pour reproduire d'autres cartes, j'invite simplement le lecteur de ce blogue a visiter le site de Worldmapper pour s'y faire une opinion.
Publier un commentaire