Pour plusieurs enseignants de mon cégep, un conseiller pédagogique, c'est comme un cours de mathématique : ça nous fait suer, c'est inutile et c'est obligatoire.
Vos conseillers pédagogiques sont-ils des gens qui ont une solide formation en pédagogie ? Sont-ils plutôt des enseignants précaires qui vont chercher dans les sphères administratives sécurité et meilleure salaire ou des enseignants mis en disponibilité qui changent d'orbite ? Ou alors des profs fatigués d'enseigner ?
Je peux bien parler, puisque j'ai tout de même été conseillère pédagogique la session passée. Si, si ! Il me reste d'ailleurs toutes mes cartes d'affaire (sauf une que j'ai donnée à ma maman). Pourquoi ai-je accepté ce contrat ? Non, je n'étais ni précaire, ni MED, mais je me posais (et je me pose toujours) de grandes questions pédagogiques et je me disais que j'y trouverais du temps et des ressources pour y répondre.
Pas de réponse...
Non seulement n'ai-je rien trouvé, mais je pense que mon court règne de conseillère pédagogique correspond au moment où j'ai fait le moins de pédagogie dans toute ma vie ! Même pendant les vacances je pédagotte plus que ça. Et ce n'est pas parce que je ne faisais rien ! Mon travail consistait à faire de l'analyse statistique (chouette des maths !), me taper des réunions trop longues et ennuyantes, vérifier la conformité de certains documents avec les nouvelles politiques et les faire corriger. Voyez-vous de la pédagogie là-dedans ? M'enfin, s'il fallait s'en tenir à la définition d'un vrai conseiller pédagogique, c'est-à-dire quelqu'un qui peut donner des conseils, quelqu'un qui a une vision assez large de la pédagogie pour pouvoir conseiller un prof en fonction de ce qu'il est et non en fonction de ce qu'est le conseiller, j'aurais sans doute gagné le prix de la pire conseillère de l'histoire de l'éducation au Québec.
Heureusement, s'il existe des conseillers pédagogiques qui peuvent s'ajouter le qualificatif de facultatifs, il en existe qui d'autres qui, lorsqu'on leur en donne les moyens, arrivent à faire toute une différence. Des gens qui aident, qui facilitent les choses, qui solidifient les structures, qui gardent le cap des programmes, des gens qui accompagnent les profs qui font qu'on se transforme, qu'on s'améliore, qu'on évolue.
En ce qui me concerne, je dois une métamorphose totale à ma conseillère Martine et des pas de géant dans mon cheminement à mon conseiller Charles-Antoine. Car il y a eu des moments où l'on a permis à ces deux excellents conseillers de faire du travail de conseiller pédagogique.
Mais la meilleure, c'est que ces deux énergumènes sont devenus des amis, alors je peux abuser de leurs bons conseils, même quand ils sont en congé !
Et comme jamais deux sans trois, ajoutez François à la paire et ça y est tout devient possible : cartographier l'Antarctique ou cuisiner un pique-nique en plein colloque.
Car les conseillers pédagogiques, c'est comme les cours de maths : quand on perçoit leur pertinence, on collabore avec moins de réticence, au point de les apprécier !
5 commentaires
Et un commentaire qui n'a pas rapport (on est habitué d'en faire), je vous retourne l'ascenseur :
http://www.gilles-jobin.org/jobineries/index.php?2008/06/13/761-habitudes-de-lecture
Vois-tu, dans la vie, il y a deux sortes de conseillers (pédagogiques ou pas par ailleurs) : les conseillers (fort utiles, intéressants, généralement quand même assez rares - tu en connais 3, bravo !) et les autres, les con-seillers !
Sylvain : D'abord, je n'ai nommé que les trois conseillers qui me sont les plus proches. Je n'ai pas parlé des autres, car leur travail ne m'a pas touché. Pour eux, pas de cailloux et que ceux qui les aiment leur disent !
Ensuite, je n'ai parlé que des conseillers de mon école, car Monsieur Jobin ci-dessus, même si je ne l'ai croisé que trop rarement, pourrait s'ajouter à cette liste de gens qui font la différence. Son cas est encore plus grave, car il affiche un tel détachement que ses propos s'en trouvent surlignés.
Finalement, si tu n'as pas la chance de connaître tant de bons conseillers, tu connais personnellement François Guité qui sans avoir le titre de conseiller pédagogique en fait le travail de 10.
J'oserai ajouter que le problème, c'est ceux que tu appelles des con-seillers sont trop souvent des cons saillants !
Monsieur Jobin : Comme je risque de vous décevoir ! Hélas, avec mes milliers d'activités, j'ai beaucoup moins de temps pour lire qu'avant. Mais, comme je ne peux rien vous refuser, je vais relever votre tague et la refilerai ensuite à Sylvain, Hortensia, Prof masqué, Safwan ... Ha ! Avouez que je suis assez drôle de passer la tague avant d'y avoir répondu !!!
Moi ce que j'aimerais quand je te lis Miss Math c'est reprendre tout mon primaire en maths. J'étais nulle en maths. Là, depuis que je suis en 5e je refais mes classes, mais toute seule.
J'apprends, je lis, je me débrouille et miracle, les maths me fascinent parce que je m'aperçois que tout se regroupe, tout est lié ensemble. Mais je manque encore de trucs pour les enseigner comme j'aimerais, pour en faire une matière intéressante, ludique à certains points de vue. Comment puis-je y arriver? Y a-t-il un bouquin que je pourrais me procurer?
Chère Bibco, ton commentaire me touche beaucoup, d'autant plus que la responsabilité qui repose sur les épaules des enseignants du primaire est tellement plus importante que celle que nous avons au Cégep.
Je ne connais pas beaucoup de références en didactique des mathématiques au primaire (mais comme je prends un cours de didactique cet été, je pourrai ouvrir l'oeil pour toi). Peut-être trouveras-tu des choses chez Monsieur Jobin (ici), sinon pour les mathématiques cachées sous du très ludique, il y a Scratch (de la programmation, de l'arithmétique, du rythme, le tout de façon subliminale). Autrement, pour jouer sur les compétences transversales, il y a un bouquin qui propose des activités fort intéressantes, il s'agit de Rethinking mathematics. Je devrais d'ailleurs en parler plus ici, ça commence à manquer de maths par ici !
Mais je tiens tout de même à te dire que ce sont là des approches qui ne sont absolument pas traditionnelles. Sinon, si je trouve quelque chose, je m'organise pour te faire signe.
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