On serait parvenu à une entente de principe en éducation au primaire et au secondaire.
Le MELS aurait accepté de diminuer la taille des groupes et le nombre d'élèves en intégration par classe.
- S'il a fallu que les enseignants négocient pour avoir des groupes de moins de 29 élèves au primaire et moins d'élèves en intégration par groupe, est-ce que la priorité du MELS est vraiment l'éducation ?
- Si on diminue la taille des groupes, le nombre d'élèves étant le même, il faudra créer plus de groupes, donc avoir plus de classes et plus d'enseignants... mais on est en pénurie d'enseignants et les écoles manquent déjà d'espace, alors vous pensez vraiment qu'en septembre se sera arrangé ?
Il me semble qu'avant de me réjouir de cette entente, je poserais la question qui tue :
"Comment allez-vous y arriver ?"
Présenté par Blogger.
La situation est tout à fait fascinante.
Présentons le parallèle :
Mon meilleur ami, un très riche ingénieur, s'est offert lorsqu'il était adolescent un cancer de la glande thyroïde. L'an dernier, lors d'une visite médicale de routine, son médecin découvre une masse étrange et lui demande d'aller faire des tests afin de connaître la nature de la chose. Il prend donc un rendez-vous d'urgence à l'hôpital, rendez-vous qu'il obtient trois mois plus tard. Entre temps, il capote et je capote encore plus. Trois mois, c'est long quand on a affaire à des fonctions exponentielles.
- Pourquoi tu n'irais pas au privé ? Sur leur site, la clinique qui n'est pas loin de chez toi dit que tu pourrais avoir ton rendez-vous cette semaine.
Être riche et malade, vous y penseriez, vous, aux cliniques privés ?
Revenons à nos moutons.
Connaissez-vous S.O.S. Études ? Il s'agit d'un service de soutien scolaire né en Outaouais et qui a désormais des succursales un peu partout au Québec, preuve de sa popularité. Des tuteurs, des enseignants, des orthopédagogues peuvent y aider les jeunes du primaire, secondaire collégial dans leurs études. Une espèce de clinique scolaire privée quand le système public de nos écoles ne fournit pas assez rapidement ou assez efficacement. Notre chère Marielle Potvin décrit bien dans une entrevue la frustration devant l'inefficacité qu'elle vivait dans la structure publique et pourquoi elle encourage les parents à consulter des spécialistes rapidement, jusqu'à consulter dans le secteur privé, pour régler le plus rapidement possible des problèmes d'apprentissage.
Encore faut-il en avoir les moyens...
Jessica Triser qui vient d'une famille modeste trainera donc plus longtemps que le riche Jean sa difficulté à distinguer les "b" des "d". À son école, l'orthopédagogeu est disponible pour 15 élèves les lundis seulement de 10 h 03 à 11 h 37.
Là où l'affaire devient encore plus inquiétante, c'est lorsque S.O.S. Études remplit pendant plusieurs fins de semaine de nombreuses classes pour, non pas faire de l'encadrement, mais préparer les jeunes du primaire à réussir les tests d'entrée des écoles privées ou des programmes contingentés (je pense entre autres au programme d'études internationales). On dit même que sans cette préparation les chances de réussir les tests d'entrée sont presque nulles. La formation générale de nos écoles ne seraient donc pas suffisantes pour donner accès aux programmes d'élites ?
Pauvre Jessica Triser qui ne vient pas d'une famille fortunée, elle n'a pas droit à cela...
En plus de S.O.S. Études, la demande de tuteurs, particulièrement en mathématique, dépasse largement la demande. Mes étudiants en éducation arrivent bien avant d'avoir obtenu leur diplôme et la permission d'enseigner à facilement remplir leurs agendas en tutorat (et en suppléance) et ils demandent et obtiennent facilement un tarif horaire qui dépasse celui que mon employeur m'offre malgré mes qualifications de plafonnée de l'échelle salariale lorsque je remplace un collègue. Et je peux affirmer qu'il existe des professeurs qui préfèrent accueillir des élèves, parfois 4 élèves à la fois, plusieurs soirs par semaine pour les encadrer plutôt que de faire des heures de bénévolat pour aider leurs propres classes. Les parents paient, parce que c'est de l'avenir de leurs enfants dont il est question, parce qu'ils voient bien que leurs enfants ne reçoivent pas l'encadrement ni le suivi nécessaire en classe et qu'il constate que l'enseignant ne chôme pas et arrive même à faire des miracles dans les 32,5 heures pour lesquelles il reçoit salaire.
Pauvre Jessica Triser qui ne vient pas d'une famille fortunée, elle n'a pas droit à cela...
Il n'en demeure pas moins que cette forte demande n'est pas normale. L'école devrait pouvoir avoir assez de ressource pour offrir tous les services efficacement, l'école devrait être gratuite et permettre à tous, Jessica Triser comprise, d'avoir les mêmes avantages. La réussite ne doit pas être que l'affaire des riches ou de ceux qui ont de parents prêts à faire de grands sacrifices pour payer des services privés à leurs enfants, mais l'affaire de tous. C'est une question d'équité et de justice sociale.
Et il devrait en être de même pour l'accès à un ordinateur et à Internet, pour l'accès aux musées et aux salles de spectacle...
Mais on n'en aura jamais les moyens !
Cela dépend. Et si on donnait à Jessica qui en profitera ce que Jean Nérien-Assiré et tous ses champions gaspillent ?
Après tout, contrairement aux urgences en santé, l'éducation n'est pas une question de vie ou de mort. C'est simplement une question d'avenir. Et dans notre société myope, l'avenir nous préoccupe que lorsqu'il est passé.
Présentons le parallèle :
Mon meilleur ami, un très riche ingénieur, s'est offert lorsqu'il était adolescent un cancer de la glande thyroïde. L'an dernier, lors d'une visite médicale de routine, son médecin découvre une masse étrange et lui demande d'aller faire des tests afin de connaître la nature de la chose. Il prend donc un rendez-vous d'urgence à l'hôpital, rendez-vous qu'il obtient trois mois plus tard. Entre temps, il capote et je capote encore plus. Trois mois, c'est long quand on a affaire à des fonctions exponentielles.
- Pourquoi tu n'irais pas au privé ? Sur leur site, la clinique qui n'est pas loin de chez toi dit que tu pourrais avoir ton rendez-vous cette semaine.
Être riche et malade, vous y penseriez, vous, aux cliniques privés ?
Revenons à nos moutons.
Connaissez-vous S.O.S. Études ? Il s'agit d'un service de soutien scolaire né en Outaouais et qui a désormais des succursales un peu partout au Québec, preuve de sa popularité. Des tuteurs, des enseignants, des orthopédagogues peuvent y aider les jeunes du primaire, secondaire collégial dans leurs études. Une espèce de clinique scolaire privée quand le système public de nos écoles ne fournit pas assez rapidement ou assez efficacement. Notre chère Marielle Potvin décrit bien dans une entrevue la frustration devant l'inefficacité qu'elle vivait dans la structure publique et pourquoi elle encourage les parents à consulter des spécialistes rapidement, jusqu'à consulter dans le secteur privé, pour régler le plus rapidement possible des problèmes d'apprentissage.
Encore faut-il en avoir les moyens...
Jessica Triser qui vient d'une famille modeste trainera donc plus longtemps que le riche Jean sa difficulté à distinguer les "b" des "d". À son école, l'orthopédagogeu est disponible pour 15 élèves les lundis seulement de 10 h 03 à 11 h 37.
Là où l'affaire devient encore plus inquiétante, c'est lorsque S.O.S. Études remplit pendant plusieurs fins de semaine de nombreuses classes pour, non pas faire de l'encadrement, mais préparer les jeunes du primaire à réussir les tests d'entrée des écoles privées ou des programmes contingentés (je pense entre autres au programme d'études internationales). On dit même que sans cette préparation les chances de réussir les tests d'entrée sont presque nulles. La formation générale de nos écoles ne seraient donc pas suffisantes pour donner accès aux programmes d'élites ?
Pauvre Jessica Triser qui ne vient pas d'une famille fortunée, elle n'a pas droit à cela...
En plus de S.O.S. Études, la demande de tuteurs, particulièrement en mathématique, dépasse largement la demande. Mes étudiants en éducation arrivent bien avant d'avoir obtenu leur diplôme et la permission d'enseigner à facilement remplir leurs agendas en tutorat (et en suppléance) et ils demandent et obtiennent facilement un tarif horaire qui dépasse celui que mon employeur m'offre malgré mes qualifications de plafonnée de l'échelle salariale lorsque je remplace un collègue. Et je peux affirmer qu'il existe des professeurs qui préfèrent accueillir des élèves, parfois 4 élèves à la fois, plusieurs soirs par semaine pour les encadrer plutôt que de faire des heures de bénévolat pour aider leurs propres classes. Les parents paient, parce que c'est de l'avenir de leurs enfants dont il est question, parce qu'ils voient bien que leurs enfants ne reçoivent pas l'encadrement ni le suivi nécessaire en classe et qu'il constate que l'enseignant ne chôme pas et arrive même à faire des miracles dans les 32,5 heures pour lesquelles il reçoit salaire.
Pauvre Jessica Triser qui ne vient pas d'une famille fortunée, elle n'a pas droit à cela...
Il n'en demeure pas moins que cette forte demande n'est pas normale. L'école devrait pouvoir avoir assez de ressource pour offrir tous les services efficacement, l'école devrait être gratuite et permettre à tous, Jessica Triser comprise, d'avoir les mêmes avantages. La réussite ne doit pas être que l'affaire des riches ou de ceux qui ont de parents prêts à faire de grands sacrifices pour payer des services privés à leurs enfants, mais l'affaire de tous. C'est une question d'équité et de justice sociale.
Et il devrait en être de même pour l'accès à un ordinateur et à Internet, pour l'accès aux musées et aux salles de spectacle...
Mais on n'en aura jamais les moyens !
Cela dépend. Et si on donnait à Jessica qui en profitera ce que Jean Nérien-Assiré et tous ses champions gaspillent ?
Après tout, contrairement aux urgences en santé, l'éducation n'est pas une question de vie ou de mort. C'est simplement une question d'avenir. Et dans notre société myope, l'avenir nous préoccupe que lorsqu'il est passé.
J'appelle Weby qui avait prévu préparer en ma compagnie son examen du ministère.
Un des déterminants de la motivation, selon Rolland Viau, est la perception de sa compétence à accomplir une activité. Les études de Paul Pintrich démontreraient que "plus un élève estime qu'il a les compétences requises pour accomplir une activité d'apprentissage, plus il persévère et s'engage cognitivement dans cette activité, et ce même s'il la trouve difficile ou même ennuyeuse."(1)
Dommage pour Weby, elle commençait à étudier sérieusement et à rattraper son retard.
(1) Rolland Viau, La motivation en contexte scolaire, p.62
- Tu ne fais pas de maths ce soir ?
- Bof, ça ne donne pas grand chose.
- Comment ça ?
- Le prof a dit qu'il lui avait fallu 3 heures pour faire le solutionnaire.
- Ah bon...
- Comme on a 2 heures pour faire l'examen, il a dit qu'on n'aurait jamais le temps de finir, alors il suffit de faire ce qu'on peut. De toute façon, c'est le prof qui corrige, alors, je ferai ce que je peux.
Un des déterminants de la motivation, selon Rolland Viau, est la perception de sa compétence à accomplir une activité. Les études de Paul Pintrich démontreraient que "plus un élève estime qu'il a les compétences requises pour accomplir une activité d'apprentissage, plus il persévère et s'engage cognitivement dans cette activité, et ce même s'il la trouve difficile ou même ennuyeuse."(1)
Dommage pour Weby, elle commençait à étudier sérieusement et à rattraper son retard.
(1) Rolland Viau, La motivation en contexte scolaire, p.62
C'est pas parce qu'il fait un temps de vacances qu'il ne faut pas s'y préparer.
Mais se préparer à quoi ?
3- Communiquer à l'aide du langage mathématique : Il s'agit ici de littératie. Pouvoir comprendre des graphiques, des schémas, des situations, pouvoir les traduire, pouvoir structurer et décrire sa démarche de résolution, interpréter les résultats et les communiquer de façons claires.
2- Déployer un raisonnement mathématique : Plus que nos simples résolutions d'antan, on souhaite voir l'élève décortiquer un problème complexe jusqu'à établir des conjectures qu'il pourra ensuite démontrer et valider. On retrouvera ainsi en quatrième secondaire des démonstrations de géométrie que nos étudiants de sciences nature du Cégep ont souvent du mal à démontrer.
1- Résoudre une situation de problème : Ici, au contenu très varié de l'année (statistique, algèbre, étude de fonctions, géométrie), le MELS tentera de bâtir une situation faisant appel à tout en même temps. Comment s'y préparer ? Je suppose qu'à force d'en faire, on doit finir par développer une manière de les aborder. Un peu comme la préparation aux concours mathématiques ou aux examens du baccalauréat (international ou français). Cependant, nous en sommes à la deuxième édition de la chose, nous sommes toujours en rodage, alors la meilleure préparation est peut-être de s'assurer la veille d'avoir bien dormi, de manger ce qu'il faut pour avoir le cerveau fonctionnel et d'espérer avoir l'astuce. N'oublions pas que nos jeunes n'ont pas de recul par rapport au programme. Bloqués, je ne pense pas qu'ils auront le réflexe de se demander quelles
Qu'adviendra-t-il de tout cela ?
Voici mes prédictions personnelles pour nos réformés qui arriveront au Cégep la session prochaine.
- Les étudiants qui auront vraiment réussi leurs cours de mathématique seront grandement plus forts que nos étudiants actuels. Ils sauront communiquer dans un langage mathématique (grande lacune chez nos étudiants) et ils auront l'habitude des problèmes complexes et des exercices de synthèse. Si le Cégep s'arrimait à cette formation et s'il entreprenait un virage informatique réel en mathématique, nous pourrions voir fleurir les plus belles cohortes de tous les temps. Hélas, chez nous, si plusieurs sont curieux de savoir ce qu'est la réforme, aucun programme ne prépare sérieusement l'arrimage, sauf le programme de Sciences humaines. Quant au virage informatique, il exigerait de grands investissements en temps (certains collègues n'ont jamais touché à un logiciel de calcul symbolique). Or du temps, on n'en manque déjà avec le strict minimum qu'il nous faut faire, on ne peut pas en faire plus sans support ni ressource.
- Considérant les compétences de nos étudiants au collégial, considérant le degré de difficulté que représentent pour plusieurs et parmi les meilleurs certaines de nos situations de problème qui sont maintenant traitées au secondaire (voire au primaire), il me semble improbable que la majorité des élèves réussissent. Or, qui s'insurge contre les terribles taux d'échec en mathématique au secondaire ? Personne. Je crois donc qu'il se passe deux choses qui auront toutes deux des conséquences épouvantables.
La première : Il se fait un pelletage en avant d'élèves à qui on accordera un diplôme attestant un niveau de mathématique qu'ils n'auront pas. Ces étudiants rendront nos classes encore plus hétérogènes et il nous faudra reprendre toutes les bases, comme il nous faut le faire actuellement avec les étudiants qui arrivent de l'éducation aux adultes.
La deuxième : En troisième secondaire, il se fait un clivage. Théoriquement, c'est à ce moment que les étudiants doivent choisir selon leurs intérêts le profil mathématique qui leur convient le mieux. Dans les faits, ce sont les résultats scolaires qui déterminent ceux qui iront dans un profil mathématique (TS ou SN) de ceux à qui l'on ferme la porte des mathématiques (CST). Quelle est la proportion d'élèves en CST par rapport aux deux autres profils ? Combien de ces jeunes auraient pu tout de même devenir de bons technologues ? Plusieurs des programmes techniques demandant un DES avec mathématique ont mal à recruter des candidats. Où les trouverons-nous si les profils mathématiques du secondaire s'amincissent jusqu'à eux aussi ne tenir qu'à un fil ? La réponse est simple : de l'éducation aux adultes... avec qui il faut tout reprendre.
Ma prédiction pour l'an prochain : on aura le meilleur ET le pire. En même temps. Il faudra trouver l'astuce pour garder les uns sans perdre les autres.
Rappel :
Les programmes du collégial présentent tous trois blocs de formation. La formation spécifique que nous appellerons les cours désirés, ceux qui ont dicté le choix de programme des étudiants, les cours complémentaires, que nous pourrions appeler cours au choix, même si dans les faits, les étudiants n'ont pas tant de choix que ça et les cours de la formation générale (français, philo, éducation physique, langue), les détestés.
Mon Cégep est tout seul dans la région (enfin presque...)
Pour nos programmes techniques, notre principal "compétiteur" s'appelle La Cité collégiale. On y offre nos programmes, mais avec un avantage non négligeable : on se concentre uniquement sur la formation spécifique. Très spécifique. Aucun cours de français, aucun cours de philo. Nos étudiants, qui souvent ont hâte d'en finir avec l'école, aiment beaucoup ce principe : allez directement à l'essentiel, sans passer français-philo et réclamez 25 000 $.
Au Cégep, les étudiants qui sont dans les cours de mise à niveau en français vous raconteront à quel point ces cours sont ennuyants, démotivants. Les étudiants qui font plutôt de la littérature vous raconteront combien les lectures imposées sont ennuyantes ("si je pouvais trouver le film, ça m'éviterait d'avoir à lire le livre") et combien ça ne sert à rien de faire une dissertation de 600 mots à partir d'un paragraphe d'un texte ("j'aurai jamais à faire ça dans ma vie").
On devinera que ces étudiants ne lisent pas.
Ou peut-être des mangas.
Si on peut appeler ça de la lecture...
Ils écrivent des textos, ils clavardent.
Étonnamment (car ils ont tous reçu leurs diplômes du Ministère), certains sont des analphabètes fonctionnels.
L'idée m'est venu pendant mon examen final de calcul : Enregistrer les étudiants qui demandent des précisions sur les questions d'examen.
Je cite. Et ils ont été nombreux à me poser ces mêmes questions. Peut-être ai-je été trop subtile dans le libellé. Je vous donne mes questions pour que vous puissiez juger.
- Quelles sont les unités du temps ? Des secondes ou des minutes ou on met ce que l'on veut ?
- Est-ce que les mesures sont en cm ?
- Est-ce que la crème glacée s'arrête à la sphère ?
- Est-ce qu'il y a de la dorure sur le centre de la fleur ?
- Je manque d'espace pour faire mon intégrale, est-ce que je peux utiliser le verso ?
Alors la prochaine fois qu'un étudiant me dira :
"Non mais, à quoi ça sert de trouver dans trois pages de textes 12 arguments démontrant que..."
Je lui répondrai que ça lui servira, entre autres choses, à trouver dans son cahier de charges les réponses aux questions que son travail quotidien amènera et à devenir autonome.
Et je ne parle ici que de savoir lire.
Quand on touche à la littérature, on ajoute de la chair sur la structure de la pensée.
Et lorsque l'on ajoute au français les cours de philosophie, on ne devrait plus parler de formation générale, mais bien de formation fondamentale.
Les programmes du collégial présentent tous trois blocs de formation. La formation spécifique que nous appellerons les cours désirés, ceux qui ont dicté le choix de programme des étudiants, les cours complémentaires, que nous pourrions appeler cours au choix, même si dans les faits, les étudiants n'ont pas tant de choix que ça et les cours de la formation générale (français, philo, éducation physique, langue), les détestés.
Mon Cégep est tout seul dans la région (enfin presque...)
Pour nos programmes techniques, notre principal "compétiteur" s'appelle La Cité collégiale. On y offre nos programmes, mais avec un avantage non négligeable : on se concentre uniquement sur la formation spécifique. Très spécifique. Aucun cours de français, aucun cours de philo. Nos étudiants, qui souvent ont hâte d'en finir avec l'école, aiment beaucoup ce principe : allez directement à l'essentiel, sans passer français-philo et réclamez 25 000 $.
Au Cégep, les étudiants qui sont dans les cours de mise à niveau en français vous raconteront à quel point ces cours sont ennuyants, démotivants. Les étudiants qui font plutôt de la littérature vous raconteront combien les lectures imposées sont ennuyantes ("si je pouvais trouver le film, ça m'éviterait d'avoir à lire le livre") et combien ça ne sert à rien de faire une dissertation de 600 mots à partir d'un paragraphe d'un texte ("j'aurai jamais à faire ça dans ma vie").
On devinera que ces étudiants ne lisent pas.
Ou peut-être des mangas.
Si on peut appeler ça de la lecture...
Ils écrivent des textos, ils clavardent.
Étonnamment (car ils ont tous reçu leurs diplômes du Ministère), certains sont des analphabètes fonctionnels.
-+-+-+-+-+-+-+-+-
L'idée m'est venu pendant mon examen final de calcul : Enregistrer les étudiants qui demandent des précisions sur les questions d'examen.
Je cite. Et ils ont été nombreux à me poser ces mêmes questions. Peut-être ai-je été trop subtile dans le libellé. Je vous donne mes questions pour que vous puissiez juger.
- Quelles sont les unités du temps ? Des secondes ou des minutes ou on met ce que l'on veut ?
- Est-ce que les mesures sont en cm ?
- Est-ce que la crème glacée s'arrête à la sphère ?
Calculer la quantité de crème glacée contenue dans la paille de chocolat. Il s’agit du volume de l’intérieur du cylindre r = 2sin θ touchant en un seul point l’intérieur du cône et borné supérieurement par la calotte de la sphère de rayon 20 cm centrée à l’origine.
- Est-ce qu'il y a de la dorure sur le centre de la fleur ?
Les pétales de chacune des petites fleurs de sucre (le centre de la fleur est exclu) sont plaqués de feuille d’or alimentaire.
- Je manque d'espace pour faire mon intégrale, est-ce que je peux utiliser le verso ?
Effectuer le changement de bornes, ne pas évaluer l’intégrale .
-+-+-+-+-+-+-+-+-
Alors la prochaine fois qu'un étudiant me dira :
"Non mais, à quoi ça sert de trouver dans trois pages de textes 12 arguments démontrant que..."
Je lui répondrai que ça lui servira, entre autres choses, à trouver dans son cahier de charges les réponses aux questions que son travail quotidien amènera et à devenir autonome.
Et je ne parle ici que de savoir lire.
Quand on touche à la littérature, on ajoute de la chair sur la structure de la pensée.
Et lorsque l'on ajoute au français les cours de philosophie, on ne devrait plus parler de formation générale, mais bien de formation fondamentale.
Nous sommes en temps de négociation.
D'emblée je m'empresse de dire que je n'ai rien contre mon syndicat.
Je me sens même lors de toutes les réunions un peu coupable d'être absente.
Mais... je suis bien plus utile pendant ces réunions dans mon petit monde que dans le grand monde de notre grande centrale syndicale dans lequel je ne comprends rien, de la correspondance des acronymes jusqu'aux règles élémentaires du code Morin. Mon département y participe bien et mes collègues qui y sont actifs ont toute ma confiance.
Le personnel enseignant n'a pas le droit de grève.
Enfin, ce n'est pas tout à fait vrai. Nous pouvons aller en grève, mais les dernières fois que nous l'avons fait, le gouvernement nous a obligés à retourner en classe par décret, alors aussi bien dire que nous ne pouvons pas sortir.
Pour exercer des pressions sur l'employeur, les profs doivent donc développer des moyens de pression originaux, créatifs, efficaces. Mettre du sable dans l'engrenage.
Page blanche.
J'ai donc reçu cette semaine de mon syndicat une liste de moyens de pression adoptée par l'assemblée. Parmi ceux-ci, deux m'ont laissée perplexe.
Boycott des journées pédagogiques.
Question : Pour qui organise-t-on ces journées et à qui servent-elles ? Réponse : Aux profs. Bien sûr, il peut arriver d'y rencontrer des théoriciens de l'éducation totalement déconnectés qui nous font perdre notre temps. Cependant, dans les dernières années, les journées pédagogiques auxquelles j'ai assistées ont eu un impact significatif et positif sur ma pratique. Boycotter les journées pédagogiques, c'est m'autopriver de dessert.
Boycott des comités de programme.
Celle-là, je ne la comprends absolument pas. Quand le MEQ (Ministère de l'éducation du Québec, avant qu'il ne devienne des loisirs et des sports) imposait le contenu des cours, les programmes n'avaient pas l'importance qu'ils ont maintenant et les réunion des comités de programme devaient être relativement inutiles. Mais maintenant que tout est décidé localement, maintenant que ce sont les programmes qui, à partir d'un partage des éléments de compétence du ministère, décident du contenu enseigné dans chacun des cours, l'approche programme doit être préconisée. M'enlever les réunions de programme, c'est me déconnecter de mes cours. Et je dois accepter ça ?
Enfin, il y a de ces choses que je ne comprends pas et que je ne comprendrai jamais.
Le syndicalisme en est une. Bon, il ne faut pas se fier à mon opinion : les absents ont toujours tort.
Tu devrais venir aux réunions syndicales. Non seulement, on y fournir le lunch, mais c'est devenu de véritables dîners-théâtre.
D'emblée je m'empresse de dire que je n'ai rien contre mon syndicat.
Je me sens même lors de toutes les réunions un peu coupable d'être absente.
Mais... je suis bien plus utile pendant ces réunions dans mon petit monde que dans le grand monde de notre grande centrale syndicale dans lequel je ne comprends rien, de la correspondance des acronymes jusqu'aux règles élémentaires du code Morin. Mon département y participe bien et mes collègues qui y sont actifs ont toute ma confiance.
Le personnel enseignant n'a pas le droit de grève.
Enfin, ce n'est pas tout à fait vrai. Nous pouvons aller en grève, mais les dernières fois que nous l'avons fait, le gouvernement nous a obligés à retourner en classe par décret, alors aussi bien dire que nous ne pouvons pas sortir.
Pour exercer des pressions sur l'employeur, les profs doivent donc développer des moyens de pression originaux, créatifs, efficaces. Mettre du sable dans l'engrenage.
Page blanche.
J'ai donc reçu cette semaine de mon syndicat une liste de moyens de pression adoptée par l'assemblée. Parmi ceux-ci, deux m'ont laissée perplexe.
Boycott des journées pédagogiques.
Question : Pour qui organise-t-on ces journées et à qui servent-elles ? Réponse : Aux profs. Bien sûr, il peut arriver d'y rencontrer des théoriciens de l'éducation totalement déconnectés qui nous font perdre notre temps. Cependant, dans les dernières années, les journées pédagogiques auxquelles j'ai assistées ont eu un impact significatif et positif sur ma pratique. Boycotter les journées pédagogiques, c'est m'autopriver de dessert.
Boycott des comités de programme.
Celle-là, je ne la comprends absolument pas. Quand le MEQ (Ministère de l'éducation du Québec, avant qu'il ne devienne des loisirs et des sports) imposait le contenu des cours, les programmes n'avaient pas l'importance qu'ils ont maintenant et les réunion des comités de programme devaient être relativement inutiles. Mais maintenant que tout est décidé localement, maintenant que ce sont les programmes qui, à partir d'un partage des éléments de compétence du ministère, décident du contenu enseigné dans chacun des cours, l'approche programme doit être préconisée. M'enlever les réunions de programme, c'est me déconnecter de mes cours. Et je dois accepter ça ?
Enfin, il y a de ces choses que je ne comprends pas et que je ne comprendrai jamais.
Le syndicalisme en est une. Bon, il ne faut pas se fier à mon opinion : les absents ont toujours tort.
La santé, comme l'éducation, se porte très mal au Québec.
En fait, je crains même que les deux secteurs sont comparables.
Pénurie de professeurs, surcharge du réseau, surcharge de travail.
Les médecins de famille du Québec ont lancé une campagne de sensibilisation sur Youtube.
La docteure Lagüe étant le médecin de ma douce maman et ma meilleure amie étant médecin à l'hôpital de Cowansville, ce documentaire m'a particulièrement touchée.
Bien sûr, les médecins de famille gagnent annuellement au moins trois fois le salaire des professeurs.
Mais ils ont la vie de leurs patients entre leurs mains et le poids de leurs décisions est énorme.
Nous, les profs, nous n'avons pas entre nos mains la vie de nos jeunes.
Nous n'influençons que leur avenir...
Et quand il est ici question d'avenir, c'est clair, il n'y a pas d'urgence.
En fait, je crains même que les deux secteurs sont comparables.
Pénurie de professeurs, surcharge du réseau, surcharge de travail.
Les médecins de famille du Québec ont lancé une campagne de sensibilisation sur Youtube.
La docteure Lagüe étant le médecin de ma douce maman et ma meilleure amie étant médecin à l'hôpital de Cowansville, ce documentaire m'a particulièrement touchée.
Bien sûr, les médecins de famille gagnent annuellement au moins trois fois le salaire des professeurs.
Mais ils ont la vie de leurs patients entre leurs mains et le poids de leurs décisions est énorme.
Nous, les profs, nous n'avons pas entre nos mains la vie de nos jeunes.
Nous n'influençons que leur avenir...
Et quand il est ici question d'avenir, c'est clair, il n'y a pas d'urgence.
Trois pas en avant, marche.
Tournez à droite.
Un pas en avant, marche.
Tournez à droite.
Deux pas en avant, marche.
Tournez à gauche.
Un pas en avant, marche.
Tournez à gauche.
Deux pas en avant, marche.
Tournez à droite.
Répétez jusqu'à épuisement.
Tentez cette marche sur du papier quadrillé, en tournant à 90° chaque fois et vous tremblerez de peur.
Tentez cette même marche en tournant à 120° chaque fois et le traumatisme est assuré.
(Si vous n'avez pas de rapporteur d'angle pour effectuer des tours de 120°, prenez le coin (90°) d'une feuille et pliez-le en 3 parties égales (30°) (oui, oui, un petit coup d'origami). Ouvrez un pan (et vous voilà avec 60°) et graduez chaque côté (trois traits équidistants suffisent). Quand on vous dit de tourner à gauche, placez votre coin du côté gauche de votre arête en gardant le sommet à votre position et marquez le pas.)
(vu sur Futility Closet grâce à Monsieur A)
Venant ce lundi d'une étudiante qui, depuis 3 semaines, s'absente tous les lundis dans mon cours de calcul avancé :
Tant de franchise me donne soudainement le goût d'être pas mal moins disponible...
"Ben, je suis venue au cours aujourd'hui, parce que au prochain cours, je ne pourrai pas être là, j'ai un rendez-vous chez le coiffeur."
Tant de franchise me donne soudainement le goût d'être pas mal moins disponible...
Ça devait arriver, ça y est, c'est fait !
J'applaudis à tout rompre.
Voilà des années que l'on présente des vidéos témoignant du fossé grandissant entre l'école et la vie réelle des élèves dans l'utilisation des technologies de l'information et des communications. Qu'on pense à Did you know ? à Pay attention et bien d'autres. L'école ne suit pas et les jeunes ne l'attendront pas.
Demain se vivra dans les écoles secondaires du Québec l'épreuve ministérielle de français. Il paraît qu'elle sera facile... Une lettre sur l'engagement.
Que peut-on dire sur l'engagement quand on a 16 ans ?
Que peut-on dire sur l'engagement quand on a 16 ans et qu'on est enfant de parents hélicoptères ?
Alors nos jeunes qui n'ont connu que la réforme avec ses 1000 projets, ses millions de travaux faits en équipe, nos jeunes qui n'ont pas vraiment le sens de la compétitivité ont compris que l'union fait la force.
Ils ont donc créé un groupe Facebook "L'engagement thème de l'examen d'écriture, parlons-en !". Sa description :
À quelques heures de l'examen, à minuit 50, ce groupe comptait 8400 membres et les discussions n'étaient pas que frivolité. Cliquez sur l'image pour voir.
Des idées qui donnent des idées, des partages de conseils d'enseignants, des recommandations.
La force du nombre.
Le fossé se creuse entre ceux qui ont accès à Internet qui ceux qui n'ont pas cette chance ou ceux qui s'y refusent.
Quand je pense qu'il y a des commissions scolaires qui interdisent l'accès à Facebook dans leurs écoles plutôt que de l'exploiter, c'est un peu décourageant. Comme empêcher une marée noire d'atteindre les côtes avec un kayak !
J'applaudis à tout rompre.
Voilà des années que l'on présente des vidéos témoignant du fossé grandissant entre l'école et la vie réelle des élèves dans l'utilisation des technologies de l'information et des communications. Qu'on pense à Did you know ? à Pay attention et bien d'autres. L'école ne suit pas et les jeunes ne l'attendront pas.
Demain se vivra dans les écoles secondaires du Québec l'épreuve ministérielle de français. Il paraît qu'elle sera facile... Une lettre sur l'engagement.
Que peut-on dire sur l'engagement quand on a 16 ans ?
Que peut-on dire sur l'engagement quand on a 16 ans et qu'on est enfant de parents hélicoptères ?
Alors nos jeunes qui n'ont connu que la réforme avec ses 1000 projets, ses millions de travaux faits en équipe, nos jeunes qui n'ont pas vraiment le sens de la compétitivité ont compris que l'union fait la force.
Ils ont donc créé un groupe Facebook "L'engagement thème de l'examen d'écriture, parlons-en !". Sa description :
Plusieurs sujets bien plus intéressants existent,mais voilà le ministère veut nous sensibiliser... Vous en pensez quoi?
À quelques heures de l'examen, à minuit 50, ce groupe comptait 8400 membres et les discussions n'étaient pas que frivolité. Cliquez sur l'image pour voir.
Des idées qui donnent des idées, des partages de conseils d'enseignants, des recommandations.
"n'oubliez pas un point à la fin de votre source, sinon vous perdez un point!"
"Ben moi ma prof a dit que si la citation (ou statistique) provenait d'un des textes du cahier de préparation, ben on avait juste à dire par ex: Dans un article intitulé «Les valeurs des Cégepiens», le sociologue Jacque Roy affirme que: « blablabla.»
Mais si on cite quelque chose qu'on a pris ailleurs (genre internet), la faut faire une note de bas de page... et il faut vrm faire TRÈS attention pcq rien dit que la méthode que vous avez apprise pour les notes est celle que le ministère veut... "
"C simple, tu commences avec un marqueur de temps : De nos jours, depuis quelques temps, ect... ensuite tu peut dire que les jeunes sont centrés sur l'indivudialisme ou qu'ils ont été élevés par la société de consommation et que le bénévolat pour eux n'est pas une priorité très important... ou un truc du genre.. espérant avoir aidé :)"
"Bah notre prof a demander a une femme du ministere elle a dis que c'étais comme un texte normale sauf quon devait respecter la structure et signer a la fin .. pas de date au début non plus "
La force du nombre.
Le fossé se creuse entre ceux qui ont accès à Internet qui ceux qui n'ont pas cette chance ou ceux qui s'y refusent.
Quand je pense qu'il y a des commissions scolaires qui interdisent l'accès à Facebook dans leurs écoles plutôt que de l'exploiter, c'est un peu décourageant. Comme empêcher une marée noire d'atteindre les côtes avec un kayak !
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