Là où Missmath dérive et Weby intègre.

Présenté par Blogger.

Citation célèbre

.


" Tu vas avoir la meilleure session de ta vie ! Attends de voir l'équipe que nous allons former !!! Tes neurones vont être dans un état de surexcitation telle, que tu vas découvrir ce que Dieu a ressenti lorsqu'il a créé l'univers… "


On peut flusher le temps des Fêtes cette année, après un tel message, je suis déjà prête à recommencer !

Je vous souhaite des collègues aussi stimulants.

À suivre.

La fouine chez les blaireaux

Assise dans une salle d'attente, je surprends la conversation de deux hommes d'une quarantaine d'années.

- ... c'est simple, plus ton char marche longtemps, plus il prend du gaz, facque moé, astheure, j'roule au max. Ça me prend ben moins de temps pour me rendre, facque je prends moins de gaz pis ça me coûte moins cher !

- Ben tsé, moé, ça m'dérange pas ben ben le prix du gaz. J'en mets toujours pour 20 piasses.


Paranoïa

J'ai déjà parlé de ces photos à milliards de pixels que l'on trouve sur la toile et qui restent, du moins pour moi, toujours fascinantes.

Or, voilà que je découvre celle-ci :






Il s'agit de la foule rassemblée lors des événements de Vancouver entourant la dernière finale de la coupe Stanley.

Jusqu'ici, c'est inintéressant.

Mais on peut zoomer !!!
















Jusqu'ici, même pays peut-être, mais pour la fille vivant à 3 fuseaux horaires de là et ne pouvant nommer plus de 5 joueurs de hockey de la LNH actuelle, il n'y a toujours rien d'intéressant. Jusqu'à ce que mes yeux laissent la photo pour lire le texte.


Canucks Fans: TURN ON GigaTag. Find yourselves and your friends in the Game 7 crowd, then tag and share on Facebook! Tell all your friends!


Amusant, non ?
Vous pouvez identifier dans la foule votre petite personne et tous vos amis.

De quoi sans doute réjouir les autorités policières !

Citation célèbre

Sortez vos mouchoirs :

"Pour exprimer la pente en pourcent, ils [les étudiants] savaient tous qu'ils devaient prendre la tangente et pour trouver l'angle en degrés, faire l'inverse. Ils m'ont dit qu'ils prenaient arctangente, mais moi, j'ai toujours dit cotangente. C'est pareil de toute façon."


D'un élève, je n'aurais rien dit.
Cette citation vient d'un prof qui n'est pas forcément de mon école.

Division d'une racine carrée

Quoi ?
Ce n'est pas parce que je suis payée pour répéter que je vais radoter ici sur ce blogue !
Nenni.

C'est plutôt la réflexion de Marie qui m'interpelle.

Je ne sais pas comment extraire une racine carrée et je trouve ça déplorable. Nous devrions être capables de faire à la main tout ce que l'on fait à la calculatrice et cette dernière devrait servir uniquement à accélérer le processus et non le remplacer. Mes parents sont capables de faire des racines carrées à la main, car il n'avait pas droit à la calculatrice au secondaire. Je suis capable de faire des divisions avec le crochet, mais demandez à un élève de secondaire 5, il sera probablement incapable de le faire, car il utilise toujours sa calculatrice. Je trouve que la situation ne fait que s'aggraver de génération en génération pour ce qui est de se passer de technologies.
Marie a tout à fait raison : on devient de plus en plus dépendants de la technologie.

Est-ce grave ?

Je me souviens, alors que j'étais jeune et insolente, j'assistais à la Polytechnique à une conférence sur l'utilisation de l'ordinateur dans les cours de mathématique et à l'époque (ça doit bien faire 20 ans), la salle était divisée en deux clans, les pros et ceux qui partageaient l'opinion que Marie présente. Un de ceux-là s'était levé pour s'indigner :

— Si on ne sait pas faire les opérations que font nos ordinateurs, si on devient dépendants de nos ordinateurs, que se passerait-il, par exemple, une panne électrique survient ?

Je me souviens avoir répondu alors :

— On ira tous jouer dehors.

Ces derniers temps, je m'amuse à taquiner mes étudiants. Aucun ne sait extraire une racine carrée à la main. (Bon, réglons ça tout de suite : dans la vie courante, quand est-ce qu'on a vraiment besoin d'extraire une racine carrée ? Enfin, je pose la question.) Tous savent additionner. La soustraction et la multiplication rebutent, mais ils y arrivent. La division, avec le crochet comme dirait Marie, oubliez ça. Un ou deux étudiants par groupe de 25.

Est-ce grave ?

Car il faut bien remarquer qu'on divise souvent.
Certains pour régner, mais ça, c'est une autre histoire.

J'essaie de penser à la dernière fois que j'ai divisé avec le crochet sans intention pédagogique et je ne trouve pas. Pourquoi prendre 3 minutes pour faire un calcul qu'une calculatrice fait en 2 secondes ? Ah mais le temps de trouver une calculatrice et le problème est fini... De késsé ? Des calculatrices, il y en a partout ! C'est à peine si les fours à micro-ondes n'en proposent pas (ce qui, soit dit entre nous, serait fort pratique).

Mais qu'arriverait-il si toutes nos calculatrices nous lâchaient en même temps ?

— Hum... 2578 $ divisés par 3... arrrrgggg ma calculatrice vient de me lâcher, as-tu la tienne ? Non. Hum... qu'est-ce qu'on va faire ?!!!

— Ben check, 2400 $ divisés par 3, ça fait 800 $, il nous reste 178 $ à diviser en 3, facque mettons 50 $ chaque, ça fait 150 $, il reste 28 $ à diviser, facque 9 $ et quelques. Tiens, on va dire 960 $, on ne s'obstinera pas pour quelques sous.

Tiens, tiens, tiens...

Ce qui est déplorable, chère Marie, ce n'est pas le fait que l'on doive prendre une calculatrice pour diviser ou extraire une racine carrée, cela s'appelle le progrès. Qui sait laver son linge à la main ? Qui sait faire des meubles ? Qui sait allumer un feu sans allumette ? Ce qui est déplorable, c'est de croire qu'en sachant effectuer les algorithmes de calcul cela nous permet de mieux comprendre les opérations en tant que telles. C'est faux. Les algorithmes sont aussi intrigants que l'intérieur d'un micro-ondes. S'ils en fascinent certains, la majorité n'a besoin d'en connaître que le produit fini.

Non Marie, ce qui est déplorable, c'est que l'on n’insiste pas sur le calcul mental simple ni sur la décomposition d'une opération pour calculer un résultat arithmétique d'usage courant sous prétexte qu'il existe des ressources (calculatrices) toujours disponibles. Ça, c'est déplorable. Quand je vois des étudiants prendre une calculatrice pour calculer 10*34 оou 6/3 ou 98+2, je trouve ça déplorable. Quand je vois que la décomposition d'opérations contenant des nombres est vite abandonnée pour laisser place à l'algèbre, souvent tout aussi rebutante qu'inutile de façon quotidienne, je trouve ça déplorable.

Parce que lorsque Champion sera enfin libéré de son obligation d'aller à l'école, des complétions de carrés et des divisions de polynômes, Marie, il n'en fera plus jamais de sa vie. Mais, quand il reviendra de son roadtrip dans sa minoune fatiguée et qu'il verra qu'il est à 135 km de chez lui, ça lui fera sans doute plaisir, dans ce moment où il ne serait pas très intelligent de prendre une calculatrice, de regarder le compteur et se dire :

120 km/h, une heure pour 120 km, 60 minutes pour 120 km, 1 minute pour 2 km.
Donc, si on divise la distance en 2, on obtient le nombre de minutes de route.
135 = 120 + 15.
120 km c'est une heure de route
15 / 2, c'est entre 7 et 8 minutes.
Je devrais être arrivé dans 1 h 10.
Si je ne pogne pas un autre ticket !
Tiens, si je roulais à la limite permise, ça ferait quoi ?
Une heure pour 100 km.
60 min pour 100 km, donc 60/100, c'est comme 6/10 qui est comme 3/5.
Ok, facque 3/5, on divise par 5 et on multiplie par 3.
135 = 100 + 35.
100 km, c'est une heure.
35 / 5 = 7
et 7 * 3 = 21.
Donc j'arriverais dans 1 h 21.

Hum... Alors rouler à 120 km/h à la place de 100 km/h me fait gagner à peu près 15 minutes.
Ça vaut-tu la peine ?

Mais non, puisque Champion n'a pas appris à faire de l'arithmétique, il met sa musique à fond la caisse, éteint son cerveau et appuie à fond sur le champignon.

Enseigner chez nos voisins



American Teacher : Un documentaire de Vanessa Roth qui raconte l'histoire de 4 enseignants américains qui adorent leur profession, mais qui se demande devant les pressions et le faible revenu s'ils seront capables de continuer encore à l'exercer.

Il est facile de tomber dans le piège de la comparaison des salaires. Il est vrai que certains ont encore de travers chez nous toutes les coupures et les gels qui font en sorte que le revenu des enseignants a, au Québec, baissé de façon très significative depuis 20 ans si l'on tient compte de l'augmentation du coût de la vie. Bien sûr, il serait bête de refuser une augmentation de salaire, mais, personnellement, je préférerais encore une valorisation de la profession dans la société, une priorisation des services qui ferait en sorte qu'on ne doive pas tout faire faute de moyen, et une diminution de la tâche enseignante pour réussir à tout faire dans le temps alloué sans négliger les préparations, l'enseignement, l'évaluation, la régulation et toutes les autres tâches connexes.

Évaluation des enseignants




Ce n'est pas d'hier que l'on parle d'évaluation des enseignants.

Quand j'ai commencé à enseigner, en rare représentante de la génération X, le sujet était tabou. Qu'un prof ose suggérer une évaluation de l'enseignement dépassait toute forme d'entendement chez les boomers qui s'étaient tant battu pour obtenir la sécurité d'emploi. L'arrivée des X et la sortie des boomers a changé les choses. Mais comment s'y prendre ? Qui peut évaluer ? Comment peut-on objectivement évaluer un enseignant ? Doit-on évaluer l'enseignant ou l'enseignement de l'enseignant ?

La question est revenu d'actualité avec les idées qu'apportent la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault. Certains suggèrent la création, comme en Ontario ou ailleurs, d'un ordre des enseignants qui pourraient veiller mieux qu'une direction d'école, qu'un syndicat, que des parents ou des étudiants à assurer la compétence des enseignants en classe.

On trouvera dans l'actualité diverses prises de position à ce sujet. Je vous épargne mon avis.

Il y a cependant un hic dans l'affaire dont on n'entend jamais parler et qui m'agace : la formation des enseignants, en particulier la formation des enseignants du secondaire.

Pour enseigner les mathématiques au secondaire, un étudiant doit accumuler 120 crédits (4 ans), dont seulement un cours de mathématique par session (24 crédits).

Mais est-il nécessaire d'avoir une solide formation en mathématique pour enseigner au secondaire ?
En quoi un cours portant sur les équations différentielles, sur les fonctions complexes ou sur les espaces de Banach peut-il être utile à un enseignant qui passera sa vie à enseigner le b.a.-ba de l'algèbre ?
N'est-il pas préférable qu'un étudiant connaisse la psychologie de l'adolescent, qu'il sache comment gérer une classe, comment faire cohabiter des étudiants qui veulent réussir avec d'autres forcés d'être présents jusqu'à ce que la loi les libère, comment bâtir du matériel didactique, comment rédiger des situations d'apprentissage et d'évaluation ?

C'est visiblement l'option qu'ont choisie les universités québécoises dans leur programme de formation des enseignants du secondaire. On en fait des professionnels en éducation, la spécialité de l'enseignant devenant très mineure. (Considérant qu'une mineure compte 30 crédits, la spécialisation de 24 crédits est très mineure !!!)

Tout cela tient la route jusqu'à ce qu'on se demande qui sont les étudiants qui choisissent ce programme.

Qui sont les étudiants qui, sortant du cégep, deux ans après le secondaire, choisissent de devenir enseignants au secondaire ?
Des passionnés des mathématiques ?
Rarement. Ils préféreront étudier directement en mathématique.
Ceux qui vouent une dévotion à l'enseignement au secondaire ?
Les vocations sont rares de nos jours.

Existe-il des étudiants qui, après des études spécialisées dans une discipline, sont prêts à retourner étudier pendant plusieurs années pour pouvoir enseigner au secondaire ? Ces étudiants ne préféreront-ils pas enseigner au post-secondaire ?

En Outaouais, là où la demande d'enseignants en mathématique est grande, on peut compter les étudiants des cohortes du programme d'enseignement des mathématiques au secondaire de l'UQO (seule université offrant ce programme de formation dans la région) sur les doigts...
...sur les doigts d'une seule main.

Alors l'évaluation des enseignants, je veux bien, la prime à la performance, le changement à la sécurité d'emploi, le congédiement des enseignants qui ne s'améliorent pas suite aux évaluations, ça me va parfaitement. Mais ceux qui ne font pas l'affaire, vous les remplacez pas qui ? On a déjà du mal à vendre cette profession aux étudiants et du mal à garder dans le système scolaire plus de 5 ans les enseignants formés.

Ce que je suis bête ! La solution est tellement évidente !

Qui connaît mieux qu'un enseignant la matière qui devrait être enseignée, les devoirs qui devraient être donnés ou pas, la note que devrait mériter un étudiant, la pédagogie, la didactique, qui sait mieux qu'un spécialiste ce qu'il faut faire pour régler tous les problèmes d'apprentissage, la gestion de classe, qui a la solution à tous les défis que doivent surmonter les enseignants du secondaire ?

Ben voyons... les parents !

10 000 décimales de π

'



Pour les amateurs de Nyan Cat, voilà la preuve que :

- 10000 c'est peu, mais c'est beaucoup à la fois
- π en inspire plusieurs, de plusieurs façons
- certains n'ont pas de vie pour programmer une telle chose...
- ... et que d'autres n'ont pas peur de devenir fous en l'écoutant pendant toute l'heure qu'elle dure !

11 septembre 2001-2011

Ça tombe bien, on est dimanche.
On se souvient.
Tous les grands occidentaux se souviennent.
De Barack et Georges jusqu'à Stephen, Jean et Gérald, on se souvient.

Sur Twitter, sur Facebook, on se souvient ce qu'on faisait au moment où les avions ont percuté les tours. Des images vues et revues et rerevues en boucles, jusqu'à ce que le message passe : l'Occident est attaqué.



Dix ans plus tard, l'Amérique pleure les 3000 morts de cet acte de terrorisme incroyable.

Quand le premier avion a percuté une tour, j'étais en pause de mon cours de calcul différentiel. Étrange. J'ai dit à mes étudiants : "Il paraît qu'un avion a percuté une tour à New York." Eh ben. À 10 h lorsque le cours est terminé, des professeurs installaient des téléviseurs dans les couloirs pour que les étudiants puissent suivre les événements. Deux tours, un avion sur le Pentagone, un autre détourné. Les États-Unis, nos voisins, nos frères étaient attaqués.

Je me souviens, des volontaires de Ottawa-Gatineau sont partis le soir même aider à New-York.

Ces événements sont certes très tristes, mais j'en garde, 10 ans plus tard, la même indifférence.

J'étais K.O. avant.
Depuis ceci :




À peine trois ans plus tard, il y avait ceci :



Quelques années plus tard, l'horreur se passe en Europe :



Et depuis toujours, tout à côté :



Et c'est pas fini. Présentement :



11 septembre, vous voulez une histoire d'avion ?

Marie-Rose était à la chasse avec sa famille sur les terres innus du Labrador. Pendant que son père est à la pêche, sa grand-mère et elle prépare la tente, le feu. Tout est calme. Calme comme l'est le grand Nord, le pays des aurores boréales. Mais l'aurore est loin, il est presque midi. Deux avions de chasse des troupes de l'OTAN survolent à basse altitude la rivière. Leur vitesse est telle que surpris le père chavire. Le son suit. Un tonnerre tellement effrayant que, sous le choc, la grand-mère de Marie-Rose tombe dans le feu.

Alors le 11 septembre, plutôt que de re-re-re-regarder les tours, je préfère penser à toutes ces innocentes victimes, partout dans le monde, qui n'ont comme seul crime d'être né ou d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment.

Et si les cours d'histoire pouvaient faire en sorte que cesse cet éternel recommencement de terreur et de terrorisme, je suis prête à donner mes heures de cours.

Sémantique

Ayant commencé à se chercher un travail étudiant, Weby doit remplir un formulaire de demande d'emploi qui l'a laissée un peu perplexe...

1— Désirez-vous un emploi permanent ou temporaire ?

(Elle coche temporaire. Après tout, son emploi permanent est d'être étudiante.)

2— Désirez-vous travailler à temps plein ou à temps partiel ?

(Elle coche « à temps partiel ».)

Mais si elle travaille temporairement à temps partiel, elle risque de ne pas beaucoup travailler. Tout compte fait, elle aimerait travailler à temps partiel de façon permanente (enfin, dans le sens génération C du mot permanent). Alors, elle se révise et coche « permanent » à la question 1.

...

8— Quel salaire désirez-vous ?

(Elle se dit qu'elle aimerait avoir un million par année ou par semaine... mais n'est-ce pas trop arrogant sur un formulaire de demande d'emploi ? Par contre, inscrire le salaire minimum, ça démontre un manque d'ambition et un signe flagrant de soumission.)

...

18 (et dernière question)
— Avez-vous le droit de travailler au Canada ?

(Elle hésite. Qui répondra « non » à cette question sur un formulaire de demande d'emploi ? Et si quelqu'un répond « non », est-ce que la demande est automatiquement rejetée ? (Alors, pourquoi ne pas poser la question au début du formulaire et indiquer qu'il est inutile de compléter le reste si la réponse est négative ?) ou y a-t-il des p'tits arrangements possibles ?)



Si la première impression des candidats reste la plus marquante* pour les employeurs, visiblement, l'inverse peut être aussi vrai.

Pas facile de construire un instrument de mesure valide et fidèle.


* Selon le CoFoP, 90% de l'opinion que se forge le recruteur se fait dans les 4 premières minutes de l'entrevue.

Minute de silence

Cet après-midi, alors que débutait les funérailles de Valérie, le Cégep s'est arrêté pour une minute de silence.
C'était au tout début de mon cours.

J'ai regardé mes étudiants.
Certains avaient leur calculatrice, leurs notes.
Pour donner l'exemple, moi qui installais ma tablette, je me suis reculée au mur loin de tout et je me suis recueillie.

Pendant cette minute, une dame a marché dans le corridor.
Un étudiant est entré calmement et est venu s'asseoir.

Quand la minute a été écoulée, je me suis assurée que ça allait et j'ai donné une leçon que j'espère ne plus jamais avoir à redonner en classe :

"Quand une communauté garde une minute de silence, par respect, on arrête tout, on ne marche pas et même si on est en retard, on s'arrête, pour une minute."

Ça fait en effet partie des choses qu'on n'apprend généralement pas à l'école.


Pour plusieurs d'entre nous, depuis le début de la session, nous avons appris des choses que nous n'aurions jamais voulu apprendre. Entre autres, que dans le parc de la Gatineau qu'on a avait la chance d'avoir dans notre cour, ce ne sont pas les ours qu'il faut craindre le plus, mais les monstres.






La population est invitée à communiquer avec les enquêteurs via Facebook ou une ligne téléphonique dédiée pour transmettre toute information susceptible de faire avancer l’enquête. Les gens qui croient détenir une information concernant cet homicide peuvent appeler de façon anonyme et confidentielle au 819 243-2346, poste 6677. Plus précisément, le Service de police encourage toute personne ayant vu une personne ou entendu quelque chose de suspect entre 8 h et 13 h, le mardi 23 août 2011, à le contacter.

M'entendez-vous ?

'


On apprend obligatoirement le français.
On apprend obligatoirement l'anglais.
On apprend de plus en plus l'espagnol.


La majorité des jeunes vivent avec des écouteurs aux oreilles.
L'espérance de vie des Québécois progresse.
Il n'existe aucun traitement médical pour remédier à la surdité des personnes âgées si ce n'est que d'avoir recours à des prothèses auditives.

Déjà, êtes-vous toute ouïe ?

Alors, si la grande majorité d'entre nous est condamnée au silence, pourquoi diantre n'apprend-on pas obligatoirement le langage des signes à l'école ?


Les choses évoluent.






Pourtant, hélas, je n'entends toujours rien aux dialogues de sourds.

Sans tambour ni trompette





Le grand plaisir de Maxime était de faire entrer sa voiture dans ma classe... pendant mon cours.

Choquant ! Dérangeant !
Pas du tout.

Quand la porte de ma classe est ouverte, mon cours appartient au programme.

Je n'enseigne qu'aux étudiants de première année. Quand les finissants font entrer leur bolide dans la classe, c'est une façon très TGÉ de "télécommuniquer" avec eux. Les nouveaux qui commencent à peine à programmer admirent les finissants et se disent qu'eux aussi, dans deux ans, ils réaliseront des projets qui sauront épater les prochains débutants...

... qui faute d'inscriptions, nous viendront probablement de l'étranger...

...et qui n'en reviendront pas de ce programme de zouf où l'on tutoie même les plus vieux profs et où, dans les corridors, il faut faire gaffe de ne pas trébucher sur ces petits robots qui se promènent.




(Les amateurs de jazz comprendront par le titre de ce billet l'orthographe erronée dans la vidéo du nom de Maxime.)

Kaléidoscope cartographique



Connaissez-vous le test de Rorschach ?

Utilisé en psychologie, ce test inventé en 1921 par le psychiatre suisse Hermann Rorschach vise à déterminer la personnalité des sujets en leur demandant d'interpréter des taches symétriques d'encre.

En voici une version plus terre à terre.


La monture du hérisson


Dos à dos, les marmortes écrapoues


Censure royale



Taille de guêpière




La toile de la veuve noire


Si vous connaissez un peu le lieu, vous reconnaîtrez sur cette dernière image une vue aérienne de mon lieu de travail. La photo prise sur Google Maps est juxtaposée à trois images miroirs pour générer la symétrie à la mode Rorschach. Des rorschmaps.

Mais ce qu'il y a de plus joli, c'est que le site rorschmap.com déplace ensuite les images pour créer un effet de kaléidoscope.

De mon lieu de travail, on sombre vite dans l'ennui des forêts, mais essayez en partant de Paris.

Un tout petit tattoo sur son épaule





Kassandra a un tatouage sur son épaule. Un symbole chinois qui signifierait « amour ». Ce conditionnel est assez effrayant. Il y a des arnaqueurs partout ! Peut-être que ce symbole signifie autre chose : touriste, idiote, charrue.

Je passais cette réflexion à Weby quand elle me confie comme ça qu'elle aimerait se faire tatouer un code-barre.

Un code barre !!!



Évidemment, avec les ados, il faut faire très attention. Répondre outrée par un « Veux-tu par ce tatouage démontrer que tu acceptes d'être considérée comme de la marchandise ? » pourrait être perçu comme une opposition et, par conséquent, par provocation, pousser à l'acte. Il faut être plus astucieux.

- Qu'y coderais-tu ?

C'est vrai quoi. S'il faut avoir pour le reste de sa vie un code-barre sur son corps, aussi bien en prendre un signifiant... et s'assurer que le tatoueur ne fait pas une barre de trop !

Comment ça marche ?

Il existe plusieurs normes de codes-barres. On en connaît naturellement trois. Les codes-barres des articles que vous achetez (CUP en Amérique du Nord (code universel des produits, UPC en anglais), EAN en Europe), les codes-barres postaux de votre courrier, les codes ISBN des livres, mais il y en a d'autres.

Les premiers codes-barres datent de 1949. Un marchand américain cherchait une façon d'automatiser l’inventaire. Il a fallu cependant attendre 1969 pour que la technologie permette leur utilisation de façon efficace, c'est-à-dire que IBM développe un programme permettant de lire grâce à un laser (de 1 mW) le code et de soustraire l'article de l'inventaire.

Essentiellement, le code-barre des marchandises est un nombre binaire où le 0 est un espace, le 1 une barre de 0,5 mm d'épaisseur. On comprendra que l'épaisseur des traits est importante pour le décodage. Le laser éclairant le code sera plus ou moins réfléchi selon qu'il frappe une barre noire ou un espace blanc. Le décodeur amplifie ce signal réfléchi et selon l'excitation de la mini cellule photoélectrique traduit la barre en 1, l'espace en 0 et reconvertit chaque bloc de 7 chiffres binaires en code ASCII qui peut ensuite être traité par un ordinateur.



Ainsi, si je voulais coder narcissiquement MISSMATH, je devrais convertir chaque lettre en son code ASCII et ce nombre en binaire (le tableau ci-dessus offre les deux).

Prenons le temps de décortiquer le tableau.

M est le 77e caractère défini dans le code ASCII (American Standard Code for Information Interchange). Comme somme de puissances de 2 :
77 = 64 + 8 + 4 + 1 = 26 + 23 22 20

= 1*26 + 0*25 + 0*24 + 1*23 + 1*22 + 0*21 + 1*20

= 1001101base 2

D'où :
M = 1001101
I = 1001001
S = 1010011
A = 1000001
T = 1010100
H = 1001000

MISSMATH =
1001101 1001001 1010011 1010011 1001101 1000001 1010100 1001000



Le hic, quand est-ce que ça commence, quand est-ce que ça finit ? Il vaudrait mieux avoir des balises pour indiquer le début et la fin du code. Posons des barres de garde, plus longues au début et à la fin (barre-espace-barre ou 101) (et pourquoi pas entre les mots (01010)).



Si vous avez l'oeil, vous constaterez que les générateurs de codes-barres ajoutent des barres. Des arnaqueurs ?

Sans doute y a-t-il répétition du code afin de corriger les erreurs de lecture ou pour permettre la lecture dans les deux sens. Il n'en demeure pas moins que je ne retrouve pas la symétrie et que j'ai du mal à retrouver le codage. Mettons que j'hésiterais à me faire tatouer ça sur l'épaule.

Les codes-barres pour les marchandises (EAN, UPC) sont construits de la même manière.
Code de repérage, une série de 5 ou 6 chiffres correspondant au produit ou deux séries (séparées par deux barres) (manufacturier + produit), puis un chiffre de contrôle en début et/ou en fin de code.

Dans la norme CUP, le chiffre du début indique la catégorie de produit. 0, 6, 7, 8 pour des produits ordinaires, 2 pour des produits vendus au poids, 3 pour des produits pharmaceutiques (enfin, en faisant l'inventaire de mes quelques produits pharmaceutiques, j'ai des doutes sur la différence entre 0 et 3. Crème solaire = 0, tampons alcoolisés = 3, comprimés contre la toux = 0, sparadrap = 0, peroxyde = 0). En norme européenne, le pays d'origine (00 à 13 pour l'Amérique du Nord, 30 à 37 pour la France, 54 pour la Belgique, ...).

Le dernier chiffre inscrit est un point de vérification.

On le calcule avec la formule :



ci étant le i-ème chiffre du code.
pi étant égal à 1 si i est impair, 3 si i est pair.

Allons-y avec un exemple.
Le code-barre de ma nouvelle bouteille d'encre est 0 94376 89643 X.
X étant le chiffre mystère qu'il nous faut calculer.
0 : Produit ordinaire, même si le violet de cette encre est extraordinaire. Ce chiffre ne compte pas.

Allons y :
9*1 + 4*3 + 3*1 + 7*3 + 6*1 + 8*3 + 9*1 + 6*3 + 4*1 + 3*3
= 115

115 modulo 10 = 5
(115 divisé par 10 égale 11 reste 5. Le modulo, c'est le reste de la division.)

10 - 5 = 5, voilà la valeur cherchée. Que dis-je, la valeur inscrite !

Diantre, si j'enseignais au primaire, je ferais faire ça comme exercice d'arithmétique !

Vérifier la validité de ce code-barre :


2+3+2+9+4+15+6+21+8+27 = 97
97 mod 10 = 7
10 - 7 = 3
Le compte est bon !

Vérifier la validité du code de cette cartouche d'encre :





2+27+1+18+0+27+7+6+8+12 = 108
108 modulo 10 = 8
10 - 8 = 2.

Arggggg... pourquoi il est inscrit 8 sur le code ?
Est-ce une arnaque ?

Les codes-barres s'appellent également codes linéaires, car ils peuvent être lus sur une ligne. Ils ont une dimension. Mais pourquoi ne pas jouer sur deux dimensions ?

On les appelle code matriciel et le standard qui devient à la mode, les codes QR (quelqu'un m'avait dit QR pour Question-Réponse, mais c'est pour Quick Respond, réponse rapide... enfin pour qui a le décodeur sur lui !)

Avec l'arrivée des téléphones dits intelligents, la reconnaissance de ces matrices de points noirs et blancs peut être faite et par la magie de la télécommunication conduire à du texte, des cartes professionnelles, des numéros de téléphone ou un site web.

Le principe est le même que pour les codes-barres. Un point noir = 1, un point blanc = 0. Le sens de la lecture est donné par des carrés spéciaux dans trois coins.



Un code QR peut contenir plus de 4000 caractères alphanumériques. Plus de 7000 numériques (on code alors sur moins de bits). Pour les meilleurs, jusqu'à 30 % du code perdu peut être récupéré (Reed-Salomon). Ce qui peut être pratique d'un point de vue marketing, puisque cela permet d'ajouter des erreurs dans le code (image) ou... de polluposter !



Cependant, le potentiel des codes QR s'avère intéressant dans plusieurs domaines et particulièrement en éducation.



Évidemment, cela exige un décodeur et un appareil photo, bref un téléphone intelligent... qui dit, après la mode des petits tatouages, que ce ne sera pas la norme dans quelques années ?



En guise de conclusion :



Aviez-vous remarqué que dans les 128 premiers caractères ascii ne codent pas les jolis lettres accentuées ?

Prochaine étape, les codes à 3 dimensions.
Sauf qu'alors, il sera plus difficile d'en faire un tout petit tattoo sur son épaule.

Afric

a : Préfixe indiquant l'absence
fric : Nom familier du mot argent

Depuis quelques années, je suis twit et si j'y trouve une communauté fort intéressante, souvent, très souvent, les gazouillis sont dignes des meilleures parodies de Twitter.



Parmi les gens que je "suis", il y a une personne qui est très influente sur la toile, une référence paraît-il. Cette personnalité me fascine. Ses gazouillis sont pourtant tout à fait inintéressants, narcissiques et prétentieux. Je suppose que sa notoriété vient de ses conseils et que lorsque l'on est conseiller, un conseil, ça se paye, ça ne se gazouille pas. Quoiqu'il en soit, ça me dérange souvent de lire des gazouillis tels que :

- Agréable d'être au chalet ces temps-ci, l'eau du lac est bonne.
- Pour mon anniversaire, cailles farcies au foie gras et flambées au Sauternes.
- Comme j'aime prendre mon café sur ma terrasse chauffante.

On me comprendra. Je n'ai pas de chalet, pas de lac, pas de piscine, pas de terrasse et jamais de tels repas d'anniversaire. (J'accepte les dons.)

Mais cela n'a rien à voir avec l'envie.

Ça me dérange également de lire :

- On vient d'installer le TBI dans ma classe.
- Plus de 1000 $ pour le bal des finissants.

N'est-il pas indécent d'étaler autant de richesse sous les yeux de gens qui peut-être nous lisent après bien des sacrifices pour avoir accès à Internet ou à un ordinateur ?

Dérangeant, changeons de sujet.

Sur une carte géographique, sauriez-vous situer la France en Europe ?



Et sur une carte de l'Afrique, sauriez-vous situer le Congo ?



Bon d'accord, soyons d'actualité, la Somalie ?

Twitter était nettement plus amusant finalement.
Mais les choses vont tellement vite dans le cyberespace que la nouvelle mode est à Google+.

À mon avis plus rapidement qu'avec Twitter, Google+ est un catalyseur de transitivité : les "amis" des "amis" de mes cercles deviennent mes "amis".

C'est sur Google+ que je viens de faire la connaissance d'un réseau d'enseignants et de chercheurs africains. Quand je les lis, il n'est jamais question de chalet, de piscine ou de nourriture. Par contre, ils s'intéressent aux TIC et à tout ce qui touche l'éducation tant en Afrique que partout dans le monde. Comme ils donnent de nombreuses références, voilà que s'ouvre pour moi une réalité qui est drôlement différente de la nôtre. Quand un pays est en guerre, les coffres sont souvent vides pour payer les professeurs et les enfants ont plutôt tendance à décrocher quand ils sont violés ou recrutés par "l'armée".

Cela me rappelle ce moment surréaliste où je passais à un étudiant un commentaire concernant la violence de son fond d'écran. Un étudiant d'origine africaine de la classe a alors répondu que parfois, la violence est nécessaire. Je me souviendrai toujours de ses mots :

- C'est facile d'être moral quand tout va bien, mais quand on a très faim et que prendre un fusil peut nous permettre de manger un peu, on n'hésite pas.

Cet étudiant avait un passé d'enfant soldat. Il a fui la misère de son pays natal pour connaître la grosse misère de notre pays riche. Il a essayé deux fois le programme, mais chaque fois, l'enfer le rattrapait avant la fin de l'année.

Et pendant ce temps-là...




... nos bacs de compostage débordent et nos chiens sont mieux nourris que bien des humains. Quelle honte.

Et si les réseaux sociaux arrivaient à sensibiliser les gens au point de changer leurs habitudes pour venir en aide à leurs "amis" ?

Il ne s'agit pas de se priver par solidarité. Au contraire, il nous faut être en forme pour pouvoir aider. Cependant, cessons notre gaspillage éhonté et ouvrons-nous au dynamisme vivifiant de ces pays au point d'en être inspirés et, s'il y a de la place pour nous, de collaborer.

Quand on a tout, on ne peut rêver de rien.
Quand on a rien, on peut rêver à tout.

D'ailleurs, n'est-ce pas en Afrique que l'on dit que le chemin le plus court pour aller d'un point à un autre n'est pas la ligne droite, mais le rêve ?


Exemple indien. L'Inde étant, on le sait, un pays afric !


Statistiques de totons*




via realmendrinkwhiskey.com

*Pour Sonia : Au Québec, toton = sein et toton = abruti.


La proposition de Profquifesse :



Si j'avais oublié cette chanson de Plume, je me souviendrai toujours de la tronche de la petite Weby le jour où un Français a hurlé à son fils que s'il voulait aussi sauter dans le lac, il devait porter une brassière. En France, une veste de sauvetage est une brassière. Ici, brassière est employé uniquement pour désigner un soutien-gorge. Inutile de vous dire que l'expression est devenu un gag récurrent.

Permutation heureuse


Comme on n'est jamais assez prêt pour le centre d'accueil, je fais quotidiennement au moins une partie de Freecell que je recommence tant et aussi longtemps que je ne la réussis pas. Je peux même affirmer que si une partie se fait en moins de 3 minutes, la suite de la journée ira bien. En plus de deux essais, il vaut mieux rester couché. Digne disciple de Girolamo !

Au départ, dans Freecell, les 52 cartes sont distribuées sur 8 colonnes (4 colonnes de 7 cartes et 4 colonnes de 6 cartes). Comme on ne peut pas piger n'importe où dans les colonnes, l'ordre des cartes à l'intérieur d'une colonne est important. L'ordre des colonnes ne l'est pas (4!*4! permutations de ces colonnes). On peut aussi interchanger les coeurs-carreaux (2 possibilités (on le fait ou on ne le fait pas)) et les trèfles-piques (2 possibilités itou) sans vraiment changer le jeu. Et on peut ou pas changer les cartes rouges en cartes noires et les cartes noires en cartes rouges (2 possibilités).

On a donc 52 ! / (4! * 4! * 2 * 2 * 2) = 17 503 944 264 527 751 426 141 631 262 240 400 819 290 257 257 136 128 000 000 000 000 jeux différents.

À une partie par seconde, il y a de quoi jouer pendant plus de 554 septendécillons d'années. C'est ce qui s'appelle se préparer à l'éternité.

Est-il vrai que toutes les parties sont résolubles ?

Micro$oft aurait dans les 32 000 parties différentes offertes dans sa version 3.1 une partie célèbre, la 11 982 qui ne pourrait pas être réussie. Maintenant qu'elle offre plus d'un million de parties différentes, il y en aurait 8 qui ne seraient pas résolubles.



Tout ça pour vous dire que...

Hier, j'ai attrapé cette partie :





Inutile de vous dire que j'ai passé une très très belle journée.