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Enseigner chez nos voisins



American Teacher : Un documentaire de Vanessa Roth qui raconte l'histoire de 4 enseignants américains qui adorent leur profession, mais qui se demande devant les pressions et le faible revenu s'ils seront capables de continuer encore à l'exercer.

Il est facile de tomber dans le piège de la comparaison des salaires. Il est vrai que certains ont encore de travers chez nous toutes les coupures et les gels qui font en sorte que le revenu des enseignants a, au Québec, baissé de façon très significative depuis 20 ans si l'on tient compte de l'augmentation du coût de la vie. Bien sûr, il serait bête de refuser une augmentation de salaire, mais, personnellement, je préférerais encore une valorisation de la profession dans la société, une priorisation des services qui ferait en sorte qu'on ne doive pas tout faire faute de moyen, et une diminution de la tâche enseignante pour réussir à tout faire dans le temps alloué sans négliger les préparations, l'enseignement, l'évaluation, la régulation et toutes les autres tâches connexes.

Évaluation des enseignants




Ce n'est pas d'hier que l'on parle d'évaluation des enseignants.

Quand j'ai commencé à enseigner, en rare représentante de la génération X, le sujet était tabou. Qu'un prof ose suggérer une évaluation de l'enseignement dépassait toute forme d'entendement chez les boomers qui s'étaient tant battu pour obtenir la sécurité d'emploi. L'arrivée des X et la sortie des boomers a changé les choses. Mais comment s'y prendre ? Qui peut évaluer ? Comment peut-on objectivement évaluer un enseignant ? Doit-on évaluer l'enseignant ou l'enseignement de l'enseignant ?

La question est revenu d'actualité avec les idées qu'apportent la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault. Certains suggèrent la création, comme en Ontario ou ailleurs, d'un ordre des enseignants qui pourraient veiller mieux qu'une direction d'école, qu'un syndicat, que des parents ou des étudiants à assurer la compétence des enseignants en classe.

On trouvera dans l'actualité diverses prises de position à ce sujet. Je vous épargne mon avis.

Il y a cependant un hic dans l'affaire dont on n'entend jamais parler et qui m'agace : la formation des enseignants, en particulier la formation des enseignants du secondaire.

Pour enseigner les mathématiques au secondaire, un étudiant doit accumuler 120 crédits (4 ans), dont seulement un cours de mathématique par session (24 crédits).

Mais est-il nécessaire d'avoir une solide formation en mathématique pour enseigner au secondaire ?
En quoi un cours portant sur les équations différentielles, sur les fonctions complexes ou sur les espaces de Banach peut-il être utile à un enseignant qui passera sa vie à enseigner le b.a.-ba de l'algèbre ?
N'est-il pas préférable qu'un étudiant connaisse la psychologie de l'adolescent, qu'il sache comment gérer une classe, comment faire cohabiter des étudiants qui veulent réussir avec d'autres forcés d'être présents jusqu'à ce que la loi les libère, comment bâtir du matériel didactique, comment rédiger des situations d'apprentissage et d'évaluation ?

C'est visiblement l'option qu'ont choisie les universités québécoises dans leur programme de formation des enseignants du secondaire. On en fait des professionnels en éducation, la spécialité de l'enseignant devenant très mineure. (Considérant qu'une mineure compte 30 crédits, la spécialisation de 24 crédits est très mineure !!!)

Tout cela tient la route jusqu'à ce qu'on se demande qui sont les étudiants qui choisissent ce programme.

Qui sont les étudiants qui, sortant du cégep, deux ans après le secondaire, choisissent de devenir enseignants au secondaire ?
Des passionnés des mathématiques ?
Rarement. Ils préféreront étudier directement en mathématique.
Ceux qui vouent une dévotion à l'enseignement au secondaire ?
Les vocations sont rares de nos jours.

Existe-il des étudiants qui, après des études spécialisées dans une discipline, sont prêts à retourner étudier pendant plusieurs années pour pouvoir enseigner au secondaire ? Ces étudiants ne préféreront-ils pas enseigner au post-secondaire ?

En Outaouais, là où la demande d'enseignants en mathématique est grande, on peut compter les étudiants des cohortes du programme d'enseignement des mathématiques au secondaire de l'UQO (seule université offrant ce programme de formation dans la région) sur les doigts...
...sur les doigts d'une seule main.

Alors l'évaluation des enseignants, je veux bien, la prime à la performance, le changement à la sécurité d'emploi, le congédiement des enseignants qui ne s'améliorent pas suite aux évaluations, ça me va parfaitement. Mais ceux qui ne font pas l'affaire, vous les remplacez pas qui ? On a déjà du mal à vendre cette profession aux étudiants et du mal à garder dans le système scolaire plus de 5 ans les enseignants formés.

Ce que je suis bête ! La solution est tellement évidente !

Qui connaît mieux qu'un enseignant la matière qui devrait être enseignée, les devoirs qui devraient être donnés ou pas, la note que devrait mériter un étudiant, la pédagogie, la didactique, qui sait mieux qu'un spécialiste ce qu'il faut faire pour régler tous les problèmes d'apprentissage, la gestion de classe, qui a la solution à tous les défis que doivent surmonter les enseignants du secondaire ?

Ben voyons... les parents !