Là où Missmath dérive et Weby intègre.

Présenté par Blogger.

Occupation double

Ça continue dans cette session de zouf que personne n'ose encore dénoncer. 

Ça viendra ici, croyez-moi, ça viendra. 


En attendant, pour les curieux, voici un instant de répit croqué dans la course effrénée pour arriver à la fin du monde en même temps que tout le monde.




"Dieu fait toujours de la géométrie", disait Platon. 

Eh bien, il n'est pas le seul ! 


Analphabétisme







Selon la Fédération pour l'alphabétisation, l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) conclut que 49 % des Québécois, âgés de 16 à 65 ans, ont des difficultés de lecture.

Un Québécois âgés de 16 à 65 ans sur deux.
Incroyable, n'est-ce pas ?

Évidemment, ces personnes ne sont pas dans mes classes.
On n'a qu'à penser à combien il est essentiel de savoir lire des textes et des informations pour réussir les examens de français, d'histoire, de mathématique ou de science au secondaire pour nous convaincre que nos étudiants qui ont obtenu leur D.E.S. ont forcément développer leur compétence en lecture.

C'est donc très rapidement que nous voyons les tableaux en statistique, surtout dans ce cours que j'offre aux étudiants en technique de gestion de deuxième année, on ne fait que rappeler les règles méthodologiques des tableaux dans la rédaction d'un rapport (titre complet centré, identification des colonnes, présence des totaux, source, numéro, référence dans le texte) et puis on consacre surtout notre temps à l'analyse de graphiques statistiques, là où l’œil peut être si facilement trompé.

Or voilà que cette session, comme j'avais ce joli tableau publié dans La Presse au début de la session, je me suis dit que ce sera là une belle question facile d'examen qui me permettra de valider chez tous les étudiants le développement de leur compétence en lecture de tableau, chose évidemment certaine.

"Utilisez votre gros bon sens."

La question : Dans le tableau suivant, interpréter le 71 encerclé.





La réponse attendue : 71 % des 251 électeurs du PLQ interrogés trouvent qu'il est normal qu'il y ait des écarts de salaires dans la société.

Le top-5 des perles de correction :

-->
o   La majorité des répondeurs voteront pour le PLQ puisque le résultat est de 71 %.
o   71% des 251 électeurs du PLQ a répondu à cette question.
o   L’électeurs PLQ on un % de 71 qui est un avantage sur les autres électeurs : PQ et CAQ.  La question à été posé à 48% de la population québécoise.
o   Nombre de québécois (électeurs du PLQ) ayant voté pour le PLQ pour la raison affilié à cette ligne.
o   Il y a 71% des personnes qui ont répondu PLQ.



Au final, à peine la moitié de mes étudiants ont réussi à interpréter ce 71.
Oserai-je un 49 % ?
L'analphabétisme est plus proche que l'on croit...

(*Soupir*)

Citation célèbre

Donner la nature et l'échelle de l'indicateur et donner une représentation graphique correcte de sa répartition.

Indicateur : Sexe d'un élève


Réponse d'une étudiante :


Le sexe est qualitatif discret à échelle d'intervalles.  Il peut être représenté graphiquement avec un diagramme à bande.




L'effet placebo

Bien sûr, les échanges commerciaux ont contribué au développement du calcul.
Mais c'est sans doute en levant son regard vers le ciel que la mathématique s'est éloigné de la comptabilité pour entreprendre des échanges divins.

Pourquoi les humains étaient-ils si fascinés par l'astronomie ?

Pour sa beauté ?
Pour son immensité ?
Pour la richesse des perséides ?
Pour organiser des sorties à la pleine lune ?
Nenni.
L'intention était purement nombriliste : prévoir.
Prévoir le temps.
Prévoir les saisons.
Prévoir l'avenir.

Astronomie, astrologie.

Heureusement, grâce à la démarche scientifique, l'astronomie est désormais prise au sérieux et l'astrologie n'est plus qu'un divertissement.

Heureusement...

Demandez à Monsieur ou Madame Tout-le-monde de vous nommer 3 constellations.
...
Demandez à Monsieur ou Madame Tout-le-monde de vous nommer 3 signes du zodiaque.  La réponse viendra facilement.

N'y a-t-il donc que les sceptiques qui doutent ?

Je lisais cette semaine chez mon cher Prof Masqué que trois écoles primaires de Lanaudière ont embauché une enseignante orthopédagogue pour ré-enligner les chakras des enfants.  Le même jour, je lisais parmi les Fishman Prize l'histoire d'un enseignant de mathématique qui a fait de l'orangeade Crush un symbole d'excellence et de dépassement.  À chaque test, Jamie Irish apporte du Crush, cette boisson qui est devenue dans sa classe un porte-bonheur et une potion magique, celle qui apporte l'espoir de réussir.

D'abord, je me suis demandé comment pouvait se comporter dans sa classe des enfants gavés à tant de sucre...  Puis, je me suis rappelé un certain nain de jardin.

Ce nain m'avait été offert par les finissants en juin.  En septembre, mes étudiants d'algèbre étant fort intrigués par ce nain de mon bureau m'avait demandé de l'apporter en classe.  Il est devenu l'idole du cours, le porte-bonheur.  Les étudiants refusaient de faire les évaluations si le nain n'était pas en classe.  Décembre arrivant, les étudiants lui ont même offert des mitaines pour que leur grigri ne prenne pas froid.

Vous aimeriez sans doute que je vous dise que je n'ai jamais eu d'aussi bons résultats que cette session-là.  Eh bien non.  Vous aimeriez sans doute que je vous dise que les étudiants pris individuellement ont amélioré leurs performances dans mon cours.  Je vous répondrai que ce cours d'algèbre est unique et qu'on ne peut pas faire de comparaison.  Vous me direz que si les étudiants insistaient tant pour avoir à l'oeil le nain, c'est qu'il faisait une différence...

Vraiment ?

C'est après de nombreuses reprises du cours que Ian a enfin réussi.  Il a rédigé l'examen final avec un éléphant de marbre, un chapelet autour du cours, une petite patte de lapin et quelques statuettes.  Les autres étudiants souriaient à voir son bureau bien garni.  À 35 ans, il n'en avait rien à faire de leurs sourires.  Il a réussi.



Y aurait-il un effet placebo en éducation ?
Mais encourager ce placebo, n'est-ce pas handicaper les étudiants ?
Encourager les superstitions, n'est-ce pas les plonger dans la noirceur de l'ignorance ?

Et si le cerveau avait besoin d'être élagué de certaines responsabilités pour fonctionner à plein régime ? Croire, avoir confiance, être rassuré seraient des facteurs de réussite.  Si un nain de jardin peut apporter cela...

C'est un peu comme les granules homéopathiques !!!


Cégep : Leçon de vie

Ce texte de mon collègue Guy Ferland a été publié dans La Presse.  Ceux qui côtoient nos jeunes le savent, mais ceux qui n'ont pas notre privilège mérite qu'on leur rappelle ce que font nos jeunes au Cégep en 2012.



Il est 7h45, un samedi matin de septembre. Des milliers de jeunes, de 17 à 21 ans, se pressent aux portes du cégep, un sac sur le dos ou des livres à la main. Ils sont beaux, pleins d'entrain et résignés à assister à des cours par une belle matinée de week-end.

Quel courage! La plupart d'entre eux n'ont pas pris part aux manifestations. Ils ont appuyé la grève ou non. Mais ils sont solidaires, sans réelle rancune, les uns envers les autres. Pas d'affrontements entre les verts et les rouges. Encore une fois, les jeunes nous donnent une leçon de vie et de démocratie.

Plusieurs commentateurs auraient aimé qu'il y ait de la bisbille, des escarmouches et peut-être même de la violence à la reprise des cours dans les cégeps et les universités. Il y a bien eu des heurts et l'antiémeute est encore une fois intervenue à quelques endroits. Mais la reprise des cours du trimestre d'hiver s'est généralement bien déroulée.

Les élèves de toutes les allégeances sont retournés en classe et ils travaillent plus fort afin de terminer leur trimestre compromis. En fait, ils travaillent davantage que tous les autres élèves qui les ont précédés depuis que les cégeps existent.

On ne le dira jamais assez, mais la charge de travail augmente constamment depuis les années 70, dans les cégeps et les universités. Les exigences se sont resserrées avec la réforme Robillard, et l'approche programme a augmenté les difficultés des cours et le nombre de contrôles.

Elle est loin l'époque où un élève de cégep pouvait ne rien faire pendant un trimestre et bâcler ses travaux à la dernière minute en espérant que la secrétaire qui dactylographiait ses textes les corrigerait et les améliorerait par la même occasion. Elle est loin l'époque où la moitié des cours étaient des aménagements de temps de réflexion ou de relaxation.

Aujourd'hui, les cours de la formation générale sont devenus des épreuves sanctionnées par des examens sévères et de plus en plus uniformes. Les épreuves synthèses de programme ajoutent un autre niveau d'évaluations en plus de tous les autres contrôles dans les cours.

Bref, les élèves d'aujourd'hui sont courageux et ils n'ont pas la belle vie qu'on avait aux études. Au-delà des clichés, leur avenir dans une société vieillissante, qui demandera de nouveaux sacrifices aux plus jeunes, n'est pas non plus tout à fait rose.

On comprend que les jeunes veulent prendre la parole pour qu'on cesse de leur refiler la facture de nos avantages et privilèges passés.

En les voyant rentrer au cégep un beau samedi matin de septembre, résignés et décidés à étudier et terminer leur trimestre, je me suis dit que les élèves nous donnaient encore une leçon de vie et de l'espoir en l'avenir.

Mathématiques secondaires

Il est assez réconfortant, lorsque l'on s'insurge contre le programme de mathématique du secondaire, de constater que l'on n'a pas tout à fait tort.

En début de session, j'ai demandé à mes étudiants de dessiner comment ils voyaient un cours de mathématique.  Les résultats sont chaque fois assez tristes, mais cette session, alors que tous mes étudiants proviennent du renouveau pédagogique, la tendance est claire.








Il ne faut pas de longues études de psychologie pour réaliser que les mathématiques noient dans une mer d'incompréhension, de formules, de recettes à appliquer et que les cours se résument à des exposés magistraux.

Triste, triste, triste.

Mais où est le renouveau ?
Où est ne serait-ce que l'ombre d'un peu de plaisir à faire des mathématiques ?
Quel gaspillage.







Statistiques éthiques

Lionel, 65 ans, fumeur sédentaire, se présente à l'urgence avec des problèmes cardiaques.  Il doit être opéré d'urgence.

Léonie, 87 ans, arrive à l'urgence avec une hanche fracturée.  Elle doit être opérée d'urgence.

Nicholas, 21 ans, polytraumatisé, arrive à l'urgence avec poumons perforés, moelle épinière sectionné.  Il doit être opéré d'urgence.

Une seule chirurgie peut être faite.
Donner la procédure permettant de déterminer qui devrait être opéré.



Que croyez-vous qu'ont répondu à cette question des jeunes de 20 ans ?
Que répondriez-vous ?


Point de G

Exception faite des groupes d'étudiants que l'on a rencontrés auparavant, on se présente à la première rencontre de nos nouveaux groupes avec un gros point G.

G pour généralité.  Les grands postulats.  D'aucuns diraient «préjugés».
On fait le point sur ces étudiants à qui s'adresse le cours, sans les connaître, sur des généralités.

Au fur et à mesure que la dynamique du groupe s'installe, le P (situation particulière) vient donner de la couleur et modeler le G, en ajoutant des exceptions à la règle, en changeant la règle.

Nous planifions nos cours avant de rencontrer nos groupes.  Enfin, le verbe « planifier » prend un sens différent ici d'une personne à l'autre.  Certains de mes collègues ne se sentent prêts à rencontrer leurs groupes que lorsque le contenu et les supports de leurs cours sont prêts jusqu'à la mi-session.  D'autres commenceront la session en n'ayant en tête que la planification des grandes étapes du cours notées au plan de cours.  Il n'en demeure pas moins que pour tous la planification des premiers cours repose sur le point G.

Cette session, j'ai l'honneur de découvrir un programme que je fuis depuis des années (lire des siècles).  Il faut dire que mes collègues étaient nombreux à les espérer, alors il n'était nullement nécessaire de tirer à la courte paille avec eux pour savoir qui hériterait de leurs cours.  Mes postulats concernant ces étudiants ? Disciplinés, rigoureux, silencieux, individualistes, soumis, obéissants, drabes et sans imagination.  Bref, la classe rêvée... enfin pour ceux qui aiment dormir.

Or voilà que depuis quelques sessions, les commentaires des habitués de cette technique venaient mettre des doutes sur la validité de ces généralités.  Les doutes ont été ébranlés au point où cette session aucun enseignant ne voulait avoir ces étudiants.  Ils étaient donc pour moi !

« La classe est trop hétérogène.  Ils n'ont pas le même bagage mathématique, ce qui fait qu'on n’enseigne pour personne. »

Intéressant.

En mélangeant cela, il me semblait évident qu'en lançant le cours en brisant l'individualisme et en ébranlant les traditions, il serait par la suite plus facile par des activités pédagogiques collaboratives de pallier l'hétérogénéité des groupes.

J'entre donc dans chacun de mes groupes armée d'activités dignes de donner le goût à la fête à un camp de réfugiés... et il ne me faut pas beaucoup de temps pour réaliser que ces futurs entrepreneurs sont déjà en mode Club Med : indisciplinés, frivoles, bavards, insoumis, contestataires.  Où est passé mon G ?

Bien sûr, le groupe que je rencontrais à 8 h était beaucoup plus calme que celui que je rencontrais à 14 h.  L'horaire influence toujours le climat de classe et il ne faut pas espérer avoir les mêmes réactions à un même cours s’il est donné trop tôt le matin et tard en fin de journée.

C'est alors que je me suis dit qu'avoir une semaine entre le premier et le deuxième cours pourrait être une bonne idée pour s'ajuster le G et préparer en fonction des particularités de nos groupes... et de leurs horaires.  Bien sûr, cette suggestion est irréaliste (horaires, convention collective, disponibilité des étudiants, aucune pertinence pour les étudiants).  Mais bon, selon le G, un bon prof sait se retourner sur « un 10 cents » !









La majorité silencieuse

Aujourd'hui, c'est jour d'élection au Québec.
Crashcourse pour nos lecteurs étrangers qui ne connaissent rien à notre système électoral :
- Il y a 20 partis politiques au Québec.
- La carte du Québec est partitionnée en 125 circonscriptions. Dans chacune d'entre elles, les représentants des partis politiques se présentent. Il est possible que certains partis n'aient pas de représentant dans certaines circonscriptions.
- Le jour de l'élection (ou par anticipation), la population est appelée à voter, c'est-à-dire à choisir le représentant (et par conséquent son parti) ou le parti (et par conséquent son représentant) de sa circonscription.
- Le soir de l'élection, les votes sont compilés et sont élus députés dans chacune des circonscriptions le représentant ayant reçu le plus de votes.
- Le gouvernement au pouvoir est ensuite composé du parti ayant élu le plus de députés. Le chef de ce parti (habituellement élu) devient premier ministre et il choisit ensuite parmi ses députés les personnes qui seront nommées ministres.
- Il est ainsi mathématiquement possible que le parti ayant obtenu de façon absolue le plus de votes ne soient pas celui qui gouvernera.

Lors des dernières élections provinciales (2008), nous avons touché un nouveau plancher record avec un taux de participation de 57,43%. Chez les jeunes, la participation était encore plus faible (40%). En supposant que l'habitude se développe et que la tendance se maintienne, quelle légitimité pourra-t-on accorder à un système boudé par sa population ? Lors de cette campagne, on a tenté de convaincre les gens, en particulier les jeunes d'aller voter.




Outre ces publicités, un diagramme à bandes a circulé souvent commenté.




L'interprétation commune était simple : "Si tous ceux et celles qui s'abstiennent allaient voter, ils prendraient le pouvoir, alors allez voter."

Quelle belle illustration des dangers des raccourcis en représentation statistique ! Ici, il aurait été plus honnête de représenter deux graphiques.  Le premier illustrant le taux de participation, le second la répartition des votes.  Car les abstentionnistes, si on les obligeait à mettre leur X, ne voteraient pas tous forcément pour le même parti.  Il y a même fort à parier que plusieurs iraient étirer les bandes des principaux partis, à moins qu'ils ne sachent qu'il existe un parti créé uniquement pour eux, le parti nul.  On n'est pas à une contradiction près dans ce beau monde !










Source : François Gélineau et Alexandre Morin-Chassé, Les motifs de la participation électorale : Les élections de 2008

Fermeture définitive

Les plus fidèles de cette adresse le diront :

- Ah... il n'y avait tellement de silence du côté de Missmath, on le savait bien qu'elle s'apprêtait à tirer sa révérence.

Eh bien oui, j'annonce la fermeture définitive, non pas de ce tremplin de réflexions et d'échanges avec vous qui me tenez à coeur et surtout "à tête", mais à plusieurs activités qui me préoccupent et m'éloignent d'ici depuis deux ans, mais plus intensivement cette dernière année, cette dernière session.

Je dois avouer que c'est en rougissant et non sans émotion qu'en tentant d'effacer le retard colossal dans les lectures de vos pages que j'aperçois vos clins d’œil.  Chez mon très cher Prof masqué.  Chez ma très chère consœur Sonia qui est venue de ce côté de l'océan et qu'il m'aurait tellement fait plaisir de recevoir.

Alors que nos tâches nous donnent l'honneur de rencontrer plus d'une centaine d'étudiants chaque année, j'ai pu au cours des dernières sessions, compter les miens sur mes doigts.  L'enseignement et surtout mes chères mathématiques étaient ainsi éclipsés par diverses tâches administratives, d'accompagnement et de recherche.  Des plats qui demandent de mijoter... ou d'être dévorés en cachette.

Mais il serait malhonnête de prétendre que celle que vous retrouverez est la même.  L'actualité étudiante des derniers mois au Québec a été si invraisemblable que même la plus déconnectée des matheuses a tout à coup senti le besoin de descendre de son beau nuage pour tenter de comprendre la société dans laquelle on vit.  Le monde entier parle de nous, le carré rouge s’internationalise, je ne vous raconterai pas ce que vous savez déjà.  Mais comment sortir du marasme ? Le gâchis est si grand, la fracture si grande, qu'il faut du temps pour ne serait-ce qu'entrevoir les principaux rouages.  Difficile d'isoler les variables dans un laboratoire sociétal.  Mieux vaut consulter des experts.  Heureusement, j'ai la chance d'avoir un excellent mentor qui m'apprend tranquillement à démêler ce sac de nœuds avec beaucoup patience et sans trop démontrer de découragement face à la faiblesse de mes argumentations (merci Monsieur Lazure)).




Oui, j'ai compris que je n'ai rien compris et maintenant, je reste au-dessus de cette confusion et je gagnerai beaucoup, beaucoup, mais beaucoup d'étudiants de mathématique à qui j'espère enseigner dans la clarté et sans trop de confusion !!!


Merci, fidèles lecteurs, d'être encore là.
Bienvenue dans le brouillon pour ceux et celles qui le découvrent.

Requiem pour une session

Après 7 semaines de grève et une semaine de chahut sous injonction, avec 18 votes seulement de majorité, l'assemblée étudiante a choisi la reprise des cours.  In extremis, puisque quelques heures plus tard tombait la loi spéciale 78 suspendant la session des établissements encore en grève.

La direction du Cégep, soulagée, nous a concocté un remaniement du calendrier scolaire pour rattraper toutes les heures de cours perdues.  L'horaire régulier, de 8 h à 18 h le jour, des blocs de cours ajoutés le soir et les fins de semaine et tout ça en étirant la session d'un mois.  Voilà, la session était sauve.

Fiou... on répond aux exigences du MELS.  La session sera sauve.

Les étudiants, les enseignants ont adopté sans trop hurler ce calendrier.  Y avait-il de toute façon d'autres solutions possibles ?

Les étudiants ont repris la session avec diligence.  Ils nous sont arrivés, politisés et engagés et motivés comme jamais.  J'oserais même écrire qu'ils se sont mieux adaptés que leurs professeurs.

Si la majorité des professeurs ont revu leurs cours en se concentrant sur l'essentiel de leurs cours.  Finis les suppléments gratuits que l'on donne pour ouvrir les horizons de nos étudiants.  Finis les justifications qui servent à consolider les apprentissages.   Le quoi, avec ajustement sur le comment en essayant de trouver quand.

Car quand il faut donner en quatrième vitesse du contenu, le réflexe mène directement à la méthode qui de prime abord parait la plus efficace : l'exposé magistral.  Imaginez un pauvre étudiant qui de 8 heures le matin à 22 heures le soir s'offre des exposés magistraux...  Mais le prof est rassuré : il a tout vu avec ses étudiants.   Heureusement, j'ose croire que la plupart ont adapté leurs cours pour couvrir l'essentiel de leurs cours en respectant les étudiants et en proposant des activités d'apprentissage adaptées.

Mais il n'en demeure pas moins que certains enseignants n'ont pas dérogé à leurs anciennes préparations d'un iota.

Fiou... on répond aux exigences du MELS.  La session sera sauve.

Qu'en retiendra les étudiants ?

Les étudiants ?
Qui ?

Tous se sont plié au rythme et aux exigences de leurs profs.

Enfin, quand je dis tous...
Il y a les plus militants qui ont préféré aller combattre les injonctions dans les autres cégeps.
Il y a ceux qui ont totalement décroché et qui ne sont pas revenu au Cégep.
Il y a ceux qui ont décidé d'aller directement à l'université en Ontario.
Il y a ceux qui vivant des prêts et bourses du gouvernement se sont retrouvés sans le sou en juin et qui ont dû abandonner leur session pour retourner chez leurs parents dans leur région.
Il y a ceux qui ont besoin de support à l'apprentissage et qui prennent plus de temps pour effectuer les travaux et les examens, ceux qui profitent des programmes de tutorat, les abonnés des centres d'aide qui ont déjà du mal suivre le rythme lors des sessions régulières, ceux-là ont surement regretté la fin de session concentrée et accélérée.
Il y a aussi bêtement ces étudiants usagers du transport en commun et qui habitent certains secteurs de la ville où les autobus ne circulent pas ou rarement les soirs et les fins de semaine.
Il y a aussi les étudiants qui doivent travailler certains soirs et les fins de semaine pour répondre à leurs obligations financières.

Considérant que le contenu des cours a été réduit à l'essentiel, que certaines évaluations ont été transformées, que même la pondération a été changée pour accommoder le plus possible les étudiants, considérant que les cours du soir ou de fins de semaine ont été désertés sans trop de pénalité par les étudiants, certains parleront de session à rabais.

Rabais pour qui ?
Pour les profs qui ont payé de leurs activités personnelles de prolongement de la session les soirs, les fins de semaine, et qui se sont vu couper leurs journées de préparation de la prochaine session, donc qu'ils devront prendre pendant leurs vacances ?
Pour les étudiants qui ont dû payer de leur temps, de leur discipline, une fin de session chargée et intensive et qui devront revenir le 2 janvier terminer leur session d'automne ?
Le rabais est plutôt pour le MELS qui voit les sessions reprises sans frais.

Et je n'ose même pas imaginer ce qui se passera en août chez les cégeps dont la session a été suspendue.  Reprendre à double vitesse, après 6 mois une session à peine commencée ? Reprendre alors qu'officiellement la majorité des étudiants ont opté pour la grève et qu'ils retournent en classe sous le joug d'une loi spéciale ? Penser que les étudiants reviendront dans la joie et l'allégresse tient de l'inconscience.  Et comment les profs réussiront-ils à faire terminer la session d'hiver en octobre, corriger, émettre les notes pour que les administrations puissent faire les horaires pour commencer une semaine plus tard la session d'automne ?  Mais bon, en théorie, on peut dire :

Fiou... on répond aux exigences du MELS.  La session est sauve.

L'automne sera chaud.



 

Citation célèbre

J'en ferais volontiers le pari : les problèmes de l'école tiennent bien plus à celles et à ceux qui la pensent qu'à celles et à ceux qui la font, entre autres, parce que ce sont les personnes qui la pensent qui forment celles et ceux qui la font.

Normand Baillargeon

Le Droit à la propagande haineuse

Quand les amuseurs publics émettent leurs opinions, ils n’engagent qu’eux et s’ils exercent une quelconque influence sur ces gens qui les lisent ou les écoutent, d’autres, moins influents hélas, peuvent aisément à coups d’argumentation, chasser les sophismes de leurs opinions.  Nous en avons eu de beaux exemples, dont le croustillant Argumentation 101 de Normand Baillargeon.  Là où par contre les répliques ne viennent pas, c’est lorsque l’on présente les résultats de sondage.  C’est comme si la présentation de pourcentages, l’apparence de rigueur mathématique et d’approche scientifique rendaient les résultats incontestables.

Et pourtant…

Depuis le début de la grève étudiante, les analyses des statistiques publiées par les grands journaux ont de quoi donner de l’urticaire aux méthodologistes.  Plusieurs ont tenté, même en usant de ruses, d’obtenir des détails sur ces enquêtes en contactant directement les maisons de sondage.  Rien.  Même pas un accusé de réception pour les demandes les plus simples, les plus innocentes.  Soit.  L’odeur de malhonnêteté intellectuelle se laisse légèrement deviner.

Et quand on regarde la une du journal Le Droit de samedi dernier, aucun doute ne subsiste.  À la malhonnêteté s’ajoute une subtile forme de propagande.
Alors qu’elle était débattue en chambre, CROP envoie à son panel internet un sondage.  66 % des répondants affirment être d’accord avec la loi qui est entrain de se faire amender et qui, par conséquent, n’est pas adoptée.  Le panel s’est donc prononcé sur une loi dont il n’en connaît pas la teneur ni le libellé.  « Avez-vous le goût d’une loi spéciale ? » aurait été la question qu’il n’en aurait rien changé.
Comment annoncer cette « grande » nouvelle ?
En présentant le premier ministre autoritaire, indiquant la voie de sa main droite et son carré vert au 66 % et le cagoulé masqué au carré rouge.  
-  Mais que lit-on sur son chandail ? Haine ? 
-  Mais non ! 

Considérant que le Code criminel définit la propagande haineuse comme la communication de déclarations en un endroit public incitant à la haine contre un groupe identifiable, disons que si Le Droit n’en est pas criminellement coupable, il en frôle les limites.

Un tel traitement médiatique doit être dénoncé.

Ils ont voté et puis après.

'

Julien veut devenir médecin.
Julien a de quoi payer sa scolarité, toutes ses dépenses et vivre très aisément.
Julien a payé, il a donc le droit d’aller à ses cours.

Aussi quand la majorité de sa faculté a voté pour la grève générale illimitée, Julien s’est dit que c’était bien de leur affaire et qu’il allait profiter d’une semaine de congé pour réviser.  

Par contre, après trois semaines, il s’est dit que si un jour il voulait pouvoir soigner la population, il lui fallait une injonction.


Cours de chimie.  Rien à voir avec la médecine.  Le prof est nul.  Le cours est plate.
Julien échoue, mais ça ne peut pas être de sa faute : il a payé.  Alors, on le fait passer.
Plaintes, pétition, évaluation du professeur et du cours et du programme.
Le prof est renvoyé et le cours de chimie est remplacé par un autre cours, un autre cours que les étudiants jugent trop difficile que la prochaine cohorte fera supprimer.  Ils ont payé.

Sterno-cleïdo-mastoïdien, fascia lata, soléaire.
Pourquoi apprendre tous ces noms quand Google peut le faire ?
Pourquoi apprendre à poser un diagnostic quand d’excellents programmes peuvent le faire ?
Julien a payé : le client a toujours raison.

Julien peut maintenant signer m.d.  Normal qu’il soit diplômé : il a payé.

Et c’est un soir alors qu’ils faisaient le ménage de son chalet dans le Nord, que son ami Laurent a versé l’ammoniac servant à nettoyer les fenêtres dans la cuvette remplie de Javel.  Immédiatement, Laurent s’est retrouvé intoxiqué.  Bien que médecin, Julien n’a pas su quoi faire : si loin dans le bois, il n’avait pas de signal pour pouvoir googler et, parce qu'il avait payé, son diplôme, il l'avait eu au rabais.

Journée de grande fierté

Nous étions pour la circonstance rassemblée dans un gymnase pour une rencontre de tous les enseignants et les enseignantes du Cégep. L'ordre du jour avait de quoi nous terroriser : INJONCTION.

Je suis entrée dans le gymnase et à ma grande surprise, cinq représentants du conseil de grève étaient là. Quel bonheur de retrouver Brandon qui, il y a deux jours, planifiait une grève de la faim pour tenter d'attirer l'attention de la ministre. Et le grand Jacob, un vert (pour la hausse et contre la grève) devenu rouge, sans doute le seul carré rouge de technique policière, qui a été pris en souricière par ces futurs collègues et qui continuent de se tenir debout, encore plus droit qu'avant.  

"Ne t'en fais pas, Missmath, je vais très bien", me dit-il.

Et voilà nos beaux étudiants qui viennent nous apprendre que, devant une mise en demeure pour le forcer à reprendre les cours, le directeur général qui nous prie de l'appeler Frédéric, a passé la soirée avec eux et des verts et qu'ils sont sortis de cette rencontre avec une proposition qu'ils souhaitent nous soumettre, afin que nous nous joignons à eux.

 J'ai vu des larmes d'émotion couler chez quelques collègues. Nous les avons ovationnés pendant cinq bonnes minutes. Fiers. Tellement fiers.

Au milieu de la réunion, une collègue est entrée paniquée pour interrompre la rencontre : "C'est encore pire qu'hier : le sang coule à l'UQO.

" Mes petits, où sont mes petits ???

Il n'en fallait pas plus pour réaliser à quel point, par la collaboration de tous à partir de notre but commun, nous avions le potentiel d'être forts ensemble.

Voilà donc la réponse à la mise en demeure (et l'injonction qui devrait suivre) que le conseil d'administration, la direction, l'association étudiante, le conseil de grève et les verts, les enseignants et les enseignantes, le personnel de soutien ont convenu de lancer tant au gouvernement qu'à la justice.

La grève étudiante - Où sommes-nous ?

L'auteur de ce texte est mon collègue François. Si vous voulez comprendre notre printemps québécois, c'est le texte à lire.

Si la situation dégénère, on comprendra aussi pourquoi.

***

Les étudiants ne cessent de récolter de nouveaux appuis!

Dès le début, plusieurs artistes ont pris position en faveur des étudiants. Malgré les paroles mesquines de plusieurs éditorialistes et chroniqueurs qui, comme des gérants d’estrades, se prononcent sur tout dans la vie même s’ils ne sont nulle part et ne connaissent rien, les étudiants qui vivent la vraie situation défendent leur droit à l’éducation. Leur démocratie à la base consulte tout le monde avant de prendre une décision collective respectant la règle de la majorité. On le voit, c’est un mécanisme qui libère beaucoup d’énergie, de conviction, de créativité, d’abnégation et de confiance. Notre société est bien chanceuse d’avoir une telle relève.

Le pouvoir répète que ce n’est pas la majorité qui est en grève, suggérant qu’elle est pour la hausse. Qu’il fasse un référendum parmi les étudiants et il verra bien que seulement une poignée approuve la hausse, de pair avec le patronat. Le mouvement s'essouffle, dit-il. C’est pourquoi la ministre ordonne aux directions de prendre toutes les mesures pour que les cours reprennent? Ce pouvoir qui dicte, méprisant et sourd, recueille un taux d’insatisfaction d’environ 70% lors de chaque sondage : c’est toute la population qui est essoufflée ! C’est en utilisant les menaces et les tribunaux pour «régler» des problèmes sociaux et politiques que ce parti qui décide sans consulter veut avoir le dernier mot. L’État, c’est ce parti. Pour cette raison, les jeunes grévistes ne se battent pas contre la démocratie, mais bien contre l'absence de démocratie. Sur ce plan, la défaite du gouvernement est acquise depuis longtemps, comme est acquise la défaite de sa propagande qui devait monter les jeunes contre les «contribuables» ou les «babyboomers», c’est-à-dire leurs parents et leurs grands-parents.

Cette détermination à tenir bon malgré la campagne de peur, de la menace d’une fin du monde ou d’un «enfer» ne sert pas à rien. Ce refus du gouvernement d’agir comme un gouvernement responsable qui fonde ses décisions sur le consentement des gens visés par ses politiques force des personnes importantes de la société à rompre le silence, comme on le verra plus bas. C’est un autre gain pour les étudiants sachant garder leur style pacifique qui n’effraie pas l’opinion publique. Cela suscite le respect des gens qui sont parfois mélangés concernant le fond de l’affaire et qui se posent des questions. Parce que les jeunes ne cassent pas tout sur leur passage et qu’ils savent éviter les actes de désespérés, cela énerve les gérants d’estrades assis dans les gradins de la vie. Ils haussent le ton et s’emportent chaque jour davantage contre les étudiants et les personnes affichant ouvertement leur appui. Ils font pitié à voir. Comme le dit un proverbe : les chiens aboient, mais la caravane passe !

Des personnalités connues sortent de leur mutisme

Ces derniers jours, l’ancien ministre ayant établi l’assurance-maladie (Claude Castonguay) déclarait que les nouvelles mesures de prêts étudiants annoncées par le gouvernement ne rendraient pas les études supérieures plus accessibles, demande pourtant exprimée clairement par les étudiants. L’ancien ministre de l’éducation (Jacques-Yvan Morin) a affirmé que tous les efforts accomplis concernant l’accessibilité aux études depuis la Révolution tranquille sont menacés par cette hausse de 75% en cinq ans. Un sociologue de renom ayant participé à la fondation du réseau des polyvalentes et des Cégeps (Guy Rocher) s’est prononcé pour la gratuité, rappelant à tout le monde que c’était là un objectif annoncé dès 1965. Selon lui, la société recule en ramenant le coût des droits de scolarité en 2017 pour les étudiants à leur valeur de 1968. Pourquoi dire aux jeunes qu’il leur faut nécessairement des études supérieures dans notre «économie du savoir» pour ensuite aggraver l’endettement individuel comme condition pour les faire ? S’endetter alors qu’on nous répète sans cesse que la famille canadienne a une dette moyenne équivalent à 153% de son revenu, nous suppliant ensuite de payer nos dettes avant la prochaine récession ! C’est complètement irrationnel. Les voix de ces personnes devraient inciter le gouvernement à prendre une autre direction. C’est son entêtement qui lui fait perdre la face, pas le fait de changer d’idée.

Les deux mains sur le volant, le Ministre de la jeunesse (et Premier ministre) garde cependant le cap, ce qui jette de l’huile sur le feu. Son argument principal est étrange: il a été démocratiquement élu, dit-il. Alors, pourquoi il n’utilise pas son rôle de représentant élu de la jeunesse pour être du côté de la jeunesse au lieu de se braquer contre elle? Faudrait-il penser changer le titre de cette fonction pour Ministre contre la jeunesse?

La ministre de l'Éducation est aussi inquiétante : faisant fi de toutes ces voix importantes qui montent pour se joindre à celles des étudiants, elle refuse de rencontrer les représentants démocratiquement élus par ces derniers.

Pourquoi une personne démocratiquement élue refuse-t-elle de rencontrer une autre personne démocratiquement élue pour se pencher ensemble sur un problème commun? Est-ce pour avoir le dernier mot? Chose certaine, un tel comportement n’est pas démocratique et fait perdre tout respect.


Ceci dénote aussi de la faiblesse, se traduisant par l’admiration de la ministre pour les injonctions. Incapable de convaincre, elle veut contraindre. Ce qui ne fera pas disparaître le bien-fondé de la demande étudiante ni n’écartera les conséquences négatives mentionnées plus haut par les personnalités connues.

Ce recours aux tribunaux est présenté par la ministre comme la preuve que notre système est démocratique. Si c’était le cas, le recours aux tribunaux ne serait pas un besoin pour le gouvernement. Et le résultat aggrave la situation qui inquiète déjà les personnalités s’étant prononcées.

Quand chacun s’arrête pour y penser, cela saute aux yeux.


Imaginez: dans notre genre de démocratie, où officiellement règne la volonté de la majorité, celui qui perd au vote à l’assemblée étudiante va à la cour et parvient à faire imposer sa volonté à tout le monde! Dans une démocratie, la minorité se rallie à la majorité; au Québec, la majorité peut être ralliée de force à la minorité... Quel est le nom de ce système où la minorité mène la majorité par le recours aux tribunaux?

Chose encore plus étrange, il n’y a qu’une sorte de minorité qui gagne en cour: celle qui a perdu son vote contre la grève étudiante protégeant le droit à l’éducation, protégeant les jeunes contre le recul à 1968, contre l’endettement accru et l'inaccessibilité croissante. De plus, cette victoire juridique contre les défenseurs du droit à l’éducation est célébrée par la minorité comme étant... la victoire du droit à l’éducation! Finalement, le renversement de la volonté démocratique majoritaire par une personne appelée juge est porté aux nues et célébré par la ministre comme étant... la preuve de l’existence de notre système démocratique! C’est jouer avec les mots.

Par contre, le contraire est impossible. Un jeune favorable à la grève et qui a perdu son vote ne gagnera jamais en cour. Dans ce cas, le résultat démocratique est maintenu et la majorité contre la grève mène la minorité. Le recul vers 1968 peut alors avoir lieu. Comme dans le cas précédent où la cour impose la minorité perdante qui mène la majorité gagnante au vote pour la grève contre ce recul! Bref, le recul gagne ou le recul gagne...

C’est le monde à l’envers! Comment cela est-il possible? Tentons de comprendre pourquoi tout marche sur la tête.

Grève ou boycottage?

Parti au Brésil promouvoir la braderie de notre nation, le Ministre de la jeunesse Jean Charest a affirmé : « Ce n’est pas une grève. Le gouvernement n’est pas l’employeur des étudiants et les étudiants ne sont pas des employés du gouvernement du Québec». Le demi-million d’employés du gouvernement (fonctionnaires, infirmières, profs) sait d’expérience que l’employeur Charest peut enlever le droit de grève quand cela ne fait pas son affaire, pour imposer ensuite sa loi , ses conditions de travail et de salaires (décembre 2005). Le demi-million se souvient que le décret de Charest fut condamné l’année suivante par un organisme relevant de l’ONU pour avoir ainsi violé deux lois internationales. Il ne s’est jamais excusé ni n’a jamais rectifié l’injustice qu’il a causée. Avoir le droit de grève ne signifie pas automatiquement que nous pouvons l’exercer. Avec lui, vous n’avez pas le droit de grève même quand vous l’avez.

La thèse du Ministre de la jeunesse est la suivante: les étudiants n’étant pas des employés de quelqu’un, ils ne font donc pas une grève. La preuve? La grève étudiante n’est pas mentionnée dans le Code du travail, ce que les juges confirment.
Quel est le rapport entre la grève étudiante et le Code du travail? Aucun, puisque les étudiants ne sont pas des salariés!

Pourquoi chercher la grève étudiante dans un livre qui ne concerne pas les étudiants ? C’est comme chercher la description d’un fruit dans un livre parlant des légumes!
La définition officielle du mot grève dans ce Code est: «cessation concertée de travail par un groupe de salariés». Or, les étudiants ne sont pas des salariés du gouvernement. Charest se tue à nous le dire, et on a compris. Conséquence: la grève étudiante n’est pas une grève de salariés. Conclusion: la grève étudiante est une grève d’étudiants, puisqu'elle n’est pas dans le Code du travail. C’est tout ce que cela signifie.

Le dictionnaire parle de grève étudiante, sans faire référence à un Code du travail. Ce qui est parfaitement logique. Le Ministre de la jeunesse ne connait-il pas l’existence du dictionnaire, ce code de la définition des mots? Les juges non plus semble-t-il, puisqu’ils font la même erreur que Charest: nier l’existence de la grève étudiante, reconnue dans le dictionnaire, en se basant sur un autre livre qui n’en parle pas!

Ce qui amène ces gens à faire une deuxième erreur: qualifier la grève étudiante de boycottage? Est-ce décrit dans le Code du boycottage? Non, puisqu’il n’existe pas. Quel est l’argument justifiant cette appellation? Aucun, à part le fait de répéter que ce n’est pas une grève régie par le Code du Travail, donc que ce n’est pas une grève. Ce qui nous ramène au point de départ! Bref, on tourne en rond...

La «grève de la faim» n’est pas dans le Code du travail non plus. Selon leur logique tordue, il faudrait désormais parler d’un...« boycottage de l’estomac» !

Le dictionnaire donne une définition de boycottage qu’on peut illustrer de façon rapide et simple afin de saisir la nuance: les employés d’un restaurant font le grève tandis que les clients font un boycottage du restaurant. Si le dictionnaire parle de grève étudiante, il ne dit jamais boycottage étudiant.

Ce qui est bien logique: on s’instruit, on ne mange pas les connaissances.


Le jeune a le droit, la société a le devoir

L’éducation est une activité, un travail d’apprentissage de connaissances et de compétences pour grandir, pour devenir: pour être. Tous savent que les étudiants travaillent fort au cégep et à l’université. En fait, l’éducation est un droit qui appartient à chaque jeune de la société. Sans donner l’éducation à la jeunesse, à sa relève, la société ne pourrait pas se reproduire ni poursuivre son évolution.

C’est comme dans la relation parent/enfant dans une famille: le parent a le devoir de nourrir son enfant, et l’enfant a le droit d’être nourri par son parent. L’enfant a le droit tandis que le parent a le devoir. On retrouve ce même rapport fondamental dans la vie sociale, cette grande famille: la relève a le droit tandis que la société a le devoir.

Puis l’un devient l’autre. Le droit vient forcément avant le devoir; on ne peut remplir son devoir que plus tard, une fois son droit satisfait. Par exemple, l’enfant a le droit d’être nourri; devenu adulte, il a maintenant le devoir de nourrir le sien. Il a reçu son dû; maintenant, il fait sa part. On ne peut pas demander à l’enfant de faire sa part avant d’avoir eu ce qui lui est dû.

Même chose dans la société: la relève a le droit d’être instruite afin que, devenue adulte, elle doive à son tour assurer les conditions d’études à la nouvelle relève qui pousse. Il lui faut donc avoir son droit en premier; elle fait seulement sa « juste part » après.

Cette relation élémentaire, tout le monde la comprend. Sauf John Kennedy, qui pensait cette relation à l’envers en déclarant au début des années 1960: «Ne vous demandez pas ce que la société peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour la société». Une grossière erreur de perspective, ce qui donne une société qui a tous les droits et dont les membres n’ont que des devoirs.

On sait où cela a mené ce pays. Et pour comprendre d’un seul coup son rapport aux autres peuples, il suffit de relire la citation de Kennedy en remplaçant «la société» par «les États-Unis». Voilà pourquoi des universitaires parlent de l’Empire pour désigner ce pays.

Conséquence

Cette pensée à l’envers de Kennedy est aussi celle de l’autorité au Québec. L’autorité dit que la grève étudiante n’existe pas, étant un boycottage. Puisqu’on boycotte un produit, cela signifie que l’éducation est une marchandise, pas un droit. L’université n’est pas le lieu permettant la satisfaction du droit: c’est là où on consomme une marchandise. Comme un restaurant de connaissances! Voilà pourquoi le jargon à la mode parle du cégep comme étant « une offre de services» et des étudiants comme une «clientèle». Et comme au restaurant, il faut payer pour l’avoir. Le jeune doit payer ce qui lui est dû. Il doit payer son droit. Cela va aussi loin que de dire «droits de scolarité».

C’est comme si le parent donnait une facture à son bébé après le repas! On le voit, tout est ainsi complètement déshumanisé. C’est ce que les profs ont en tête quand ils parlent de la marchandisation de l’éducation.

Avec cette pensée à l’envers, la pensée néo-libérale comme on dit, le gréviste étudiant est transformé par la magie des mots en un client qui boycotte ses cours. Le discours officiel embarque ensuite pour dire que le jeune client a le droit de boycotter le produit offert, mais qu’il ne peut pas empêcher l’autre jeune qui veut consommer ses cours de le faire. Le premier a la liberté d’expression, mais il ne peut brimer la liberté de consommation de l’éducation du second qui ne veut pas boycotter. Ce sont deux droits qui peuvent coexister, disent les juges qui ont une logique de marchandisation sans s’en rendre compte.

Voilà pourquoi le piquetage qui bloque l’accès à l’institution est maintenant appelé «intimidation» par le Premier ministre depuis quelques jours. Il désigne ainsi le client qui ne veut pas consommer l’éducation offerte en boycottant avec des pancartes («liberté d’expression»), mais qui interdit l’entrée au client qui veut entrer consommer («droit à l’éducation»). Et beaucoup de pression est exercée sur la Direction et les profs pour qu’ils préparent les repas de connaissances au nom du libre accès à «l’offre de services». C’est un appel à franchir les lignes de piquetage des jeunes qui défendent le droit à l’éducation contre le recul à 1968, etc., en disant que la «liberté d’expression» du consommateur piqueteur ne doit pas empiéter sur le «droit à l’éducation» du consommateur studieux.

C’est là que devient importante cette référence continuelle au Code du travail. Dans ce livre qui parle de la grève des salariés, le vote majoritaire pour la grève oblige la minorité qui est contre à se rallier. Elle n’a pas le droit d’entrer au travail. Si ceux qui ont voté contre la grève entrent quand même, parce que le patron le veut bien, les grévistes les appellent «scabs» ou briseurs de grève. En disant que la grève étudiante n’est pas une grève, le phénomène appelé briseurs de grève étudiante n’existe plus. En fait, il existe, mais maquillé sous l’expression «quelqu’un qui veut son droit à l’éducation»! C’est comme dans le temps où nos aïeux faisaient la grève et que le Code du travail n’existait pas encore. Les grèves étaient un crime régi par le Code criminel, et celui qui entrait devenait «quelqu’un qui veut son droit au travail». Les grévistes piqueteurs bloquant l’accès à la compagnie faisaient donc de «l’intimidation».

Charest fait-il ici un excès de langage en reprenant ce mot? Ou annonce-t-il qu’il veut traiter nos enfants comme des criminels? Surtout qu’il a fait référence à «l’intimidation comme dans la construction». Nos enfants grévistes seraient des fiers-à-bras?
Bien sûr, cette façon de voir de l’autorité fond comme neige au soleil si on s’en tient au dictionnaire, et qu’on admet qu’une grève étudiante est une grève et que l’éducation est un droit, un dû.

Écouter le nouveau

On comprend bien que deux conceptions si éloignées l’une de l’autre rendent difficile une négociation entre les deux parties. Les jeunes grévistes pensent à l’endroit et parlent donc du droit, ce qui représente une humanisation des rapports entre nous. Le droit est une valeur très précieuse. C’est celle de la relève de la société, un signe du changement qui commence. Elle fait une grève pour le bien de la société.

Le devoir de la société consistant à combler le droit de sa relève, l’autorité ne peut plus faire la sourde oreille. C’est comme si ce qui est dépassé ne voulait pas aider le nouveau à venir au monde. De cette façon, l’autorité manque à son devoir.

En tenant son bout, le nouveau fait du bien à la société et à son évolution. Le plus frappant dans tout cela est de voir combien la relève est prête à faire des sacrifices personnels pour nous faire avancer tous. L’existence de cette résilience, d’être capable de passer à travers ce tsunami d’hostilité, de mensonges et de menaces est déjà un grand pas en avant pour la société et nous donne espoir en l’avenir. En restant unis et convaincus, les jeunes envoient un message qui touche le coeur de l’opinion publique. Tous ceux qui sont proches d’eux sauront les soutenir, peu importe le dénouement de ce conflit, une étape de la gestation sociale. Et ceux qui hésitaient jusqu’ici ne manqueront pas de faire un geste. On peut espérer également que d’autres personnalités élèveront la voix rapidement afin de dénouer l’impasse.

Nous avons besoin d’un gouvernement intégrant le nouveau qui se lève afin d’en accélérer la croissance. Dans cette optique, les propositions des organisations étudiantes concernant le développement universitaire doivent être accueillies avec beaucoup de respect par le gouvernement puisque, tout le monde en convient, leurs représentants à tous les niveaux sont des jeunes articulés, sérieux et dévoués. Ils connaissent leur dossier parce qu’ils le vivent. On voit qu’ils agissent en adultes. Ce n’est pas un groupe de pression, mais bel et bien la relève qui commence à assumer son devoir.

Ces jeunes qu’on attendait? Ils sont arrivés!



François Lazure
Enseignant au Collège de l'Outaouais

Puants sales vs Gros boeufs

Alors que les uns crient au scandale devant la brutalité des policiers lors des manifestations étudiantes, alors que d'autres méprisent les étudiants jusqu'à les traiter de puants ou de riches profiteurs, voici ce qui se passe chez nous et peut-être aussi chez vous.

Cela n'est certes pas une démonstration, mais néanmoins, c'est une preuve qui réconcilie avec la réalité qui n'intéresse pas toujours les médias.


Le 4 avril 2012
Service de police de la Ville de Gatineau

Au chef de la police de Gatineau Mario Harel,
Ainsi qu’à ses policiers de la section de la circulation impliqués dans l’encadrement de la grève étudiante,

Cette lettre vous est adressée de la part du Conseil de grève du Cegep de l’Outaouais. Bien que bon nombre d’entre nous prenons le temps de vous remercier personnellement après chaque action visant à défendre notre opposition à la hausse des droits de scolarité, il nous semble primordial de le faire par voie de communiqué, question que la population puisse avoir l’image réelle du soutien inconditionnel que vous nous donnez chaque jour.

Chaque matin de la semaine, des unités se trouvent en bordure de nos piquets de grève pour assurer notre sécurité et le bon fonctionnement de l’action, et sont toujours prêtes à intervenir lorsqu’un facteur présente un danger pour nous ou pour la population. De plus, chaque fois que nous vous contactons pour avoir une escorte pour un quelconque évènement, vous vous présentez en voitures banalisées en prenant soin de ne pas attirer l’attention, ce que nous apprécions grandement. Vos policiers sont toujours très courtois et d’une exemplaire coopération marquée d’un professionnalisme impeccable, disposés à nous servir et répondre à nos demandes.

Mis à part cela, il est de mise de souligner votre impressionnant déploiement lors de notre manifestation d’hier visant à bloquer le Casino du Lac Lemay. Il est important de préciser que très rarement dans l’histoire du Québec un corps policier a soutenu avec autant d’effectifs une action du genre. Plusieurs unités banalisées étaient présentes pour assurer une bonne gestion de la circulation et d’éviter tout débordement. Pour clôturer le tout, le fait que vous nous ayez escortés avant et après la manifestation entre le point de rencontre et l’entrée du Casino a stimulé une grande reconnaissance à votre égard de nous tous.

Pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres, au nom du Conseil de grève du Cégep de l’Outaouais ainsi qu’au nom de tous les manifestants que vous appuyez quotidiennement, nous vous exprimons une sincère gratitude. Merci de respecter notre droit de manifester, merci d’être présents tous les jours et d’assurer notre sécurité, et surtout, merci d’aider notre génération à se faire entendre au prêt du gouvernement. Votre appui sans faille nous encourage à poursuivre notre combat et donne à nos jeunes une image des policiers bien différente que celle plutôt négative qu’on peut parfois nous présenter dans les médias et sur le net. Votre travail est exemplaire et devrait être imité par vos confrères des autres villes québécoises.

Sur ce, Mesdames, Messieurs, veuillez agréer nos salutations les plus distinguées, imprégnées d’une profonde et cordiale gratitude.

Le conseil de grève du Cégep de l'Outaouais

Un hippopotame, deux hippopotames

Elle avait manqué deux votes, chose que j'avais bien du mal à comprendre. Il y a tant de milieux qui aimeraient avoir le droit de pouvoir s'exprimer que lorsque l'on peut le faire, il faut le faire.

Jeudi dernier, Weby me dit comme ça :

"J'aimerais bien aller voter demain."


Évidemment, je ne pouvais que la féliciter et l'encourager à le faire.

"Tu viendrais me reconduire ?"

Arrrgggg... Évidemment, il y avait un vice caché ! Le transport en commun dans la région a de quoi décourager le plus grand partisan d'une cause. Je n'allais pas laisser sa flamme vacillante s'éteindre ! J'accepte donc.

"Par contre, j'aimerais bien aller faire du piquetage avant, alors on devra partir tôt. Ne te couche pas trop tard. À demain."


Euh non.
Mes nuits sont blanches, alors mon sommeil est précieux le matin. Désolée. Je ne suis pas fonctionnelle avant 10h, il est hors de question que je me présente au cégep avant 7h sans pouvoir entrer sur le terrain. Non.

"C'est facile d'appuyer une cause en restant chez toi et en ne faisant aucun sacrifice. Si tu appuies vraiment les étudiants, tu devrais venir faire du piquetage au moins une fois avec nous."

Arrrrgggg... C'est qui ces jeunes-là ?

Bof, Weby vivant sur mon fuseau horaire, je me dis qu'elle passera certainement tout droit... mais non. À 6h30, elle frappe à ma porte. Je m'habille et nous y allons.

Première énigme : où stationner ?

À mon grand étonnement, les étudiants laissent entrer les gens sur le terrain du Cégep. Il suffit de s'armer d'un peu de patience. Les voitures entrent une par une, après le compte de 30 hippopotames.

- Un hippopotame, deux hippopotames, trois hippopotames...

Je stationne et, plutôt que de compter des moutons dans la voiture (ce qu'initialement j'avais honteusement prévu faire), je vais compter des hippopotames.

- Bienvenue Madame, merci de nous encourager. Vous avez choisi le bon endroit, ici, on fait des mathématiques : on compte les hippopotames !

Après 10h, je lui aurais expliqué que les mathématiques et la comptabilité sont deux choses bien différentes, mais il est à peine 7 h, alors je lui laisse m'expliquer le système.

- On compte des hippopotames ou on compte des étudiants en grève. Quand la personne dans la voiture sourit ou nous encourage, on ne fait que compter jusqu'à 30 et quand il y a trop de monde, on compte plus vite pour ne pas trop engorger.

C'est qui ces jeunes-là ?

(Il me faut tout de même ajouter que l'association étudiante a négocié avec la direction du Cégep des "règles de grève" pour permettre les manifestations sans empêcher le personnel de se rendre au travail. Qui a eu l'idée de laisser entrer les voitures dans le stationnement pendant le piquetage ? Je ne sais pas. Mais j'ai apprécié de pouvoir le faire.)

Il fait un froid de canard. Après presqu'une semaine à 27°C, on est passé à -5°C en moins de 48h. Le corps n'a pas le temps de s'y faire. Les jeunes sont motivés. Ils scandent des slogans, ils font de la musique, une jeune offre du chocolat chaud. J'apprends qu'elle est là tous les matins depuis le début de la grève. Tous les matins depuis 3 semaines à offrir à qui le veut des chocolats chauds. Il y a aussi quelques collègues qui sont là tous les matins pour encourager les jeunes.

8h, je suis totalement gelée. Je vois des étudiants grelotter, leur mâchoire tremble, leurs oreilles sont rouges, ils sautillent sur place, ils sont encore moins habillés que moi, mais ils sont là, visiblement convaincus qu'il faut y être.

"Jamais, le froid, ne nous arrêtera."



Tant pis, j'assume : je suis une princesse. Je rentre.

9h, assemblée générale des étudiants. Allons espionner !

Je fais le tour du Cégep, je ne trouve personne. Le Cégep est désert, silencieux, comme avant un ouragan. Où peuvent bien se cacher près de 1000 étudiants ?

Ils sont dehors !!!



Dans le stationnement, évacué pour l'occasion, le président de l'assemblée est sur une petite estrade et les étudiants sont installés en demi-cercle autour de lui. Les verts (pour la hausse) d'un côté, les rouges (contre la hausse) de l'autre. Ils discutent sur la question. Rouges et verts. Je les regarde en retrait derrière l'estrade. Pendant que certains s'expriment, je vois de nombreux jeunes faire des marionnettes avec leur mitaine. Que font-ils ?

"C'est une procédure qu'ils ont voté la semaine dernière. Quand les gens s'exprimaient, il y avait des gens qui applaudissaient ou manifestaient, alors pour permettre aux gens de s'exprimer sans être interrompus et bien entendre ce que les gens disent, ils doivent respecter l'opinion émise et ils agitent la main à la place d'applaudir."

C'est qui ces jeunes-là ?
Ils sont tellement trop civilisés !!!
Quelle belle leçon de respect de l'autre.
Il paraît que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt...
Eh bien, je leur souhaite de tout coeur.

Quelle belle jeunesse.

Ça coule

En fin de semaine, la ministre de l'éducation a enfin rétabli les faits : il n'est pas question d'annuler la session. Cela allait de soi.

Elle parle de plutôt allonger la session (ce qui est possible dans une certaine mesure, puisque le Ministère doit respecter les contrats d'embauche du personnel), mais certains établissements sont en boycott depuis plus de 6 semaines.

Alors, la perle ministérielle : imposer des cours le soir et les fins de semaine.

Ben oui ! Et pourquoi pas nous obliger à filmer nos cours maintenant, dans nos classes vides, et obliger les étudiants à les visionner en accéléré pour gagner encore plus de temps ?

Nos étudiants ne sont pas des machines.
Ils sont même incroyablement humains.



Printemps érable



Le Québec est riche.

Le Québec, c'est de l'eau en abondance, des terres, des forêts, des mines et des richesses inexploitées. Son produit intérieur brut par habitant le classe parmi les 20 pays les plus riches. Le Québec est aussi riche en idées, en créativité, en innovation.

La richesse d'un pays repose sur son territoire et sur son peuple.

La pérennité de la richesse ne peut donc être assurée que si les priorités de son gouvernement reposent sur trois axes :

- Une protection impartiale, assidue et intransigeante de son environnement et la nationalisation de ses ressources naturelles
- Un système de santé public, efficace et gratuit quels que soient les soins nécessaires
- Un système d'éducation de qualité et gratuit, matériel scolaire compris, de la garderie à l'université.

Le Québec ne saura être riche que si son environnement est sain, son peuple éduqué et en santé.

Ce blogue se tait sur toutes les questions politiques.
Mais quand la sève monte au point de rassembler un beau jeudi après-midi plus de 3% de la population d'un pays ayant 3 fois la superficie de la France et de créer ainsi dans le calme et l'ordre, l'une des plus grosses manifestations vues en Amérique du Nord, c'est peut-être qu'il est temps d'entailler.