Là où Missmath dérive et Weby intègre.

Présenté par Blogger.

Reprise

Je voyais ces étudiants en classe 6 heures par semaine.
Je communiquais avec eux régulièrement sur Moodle.
Je discutais parfois avec eux sur Facebook.
Alors, vous pensez vraiment que j'avais besoin d'examen de reprise pour déterminer si un étudiant avec une note finale entre 50 % et 60 % devait réussir ou échouer ?

Mais la loi, c'est la loi.

Cinq élèves en reprise.
Et une prof bien découragée de devoir recomposer un nouvel examen.
(Pour bien se tenir, la composition et la rédaction d'un examen final dans ce cours demande une bonne journée de travail.)

Alors, je me suis dit... pourquoi ne pas tenter une expérience et redonner le même examen... Les étudiants n'en sont pas au courant, mais peut-être prépareront-ils leur reprise en fonction de ce qu'ils ont vu dans le final. Si tel est le cas, les résultats de la reprise devraient être pour tous significativement plus élevés que ceux du final.

En effet, le jeu des examens de reprise a été bien compris par les étudiants qui n'ont pas besoin de se battre pour leur cote R. Ils étudient, par exemple, pour leur examen de physique, négligent leur examen de mathématique, réussissent physique, viennent voir l'examen de maths et le reprenent en reprise. C'est une question de gestion de temps. Deux fois plus de temps pour préparer physique, puis, une fois la fin de la session, deux semaines pour préparer l'examen de reprise en maths. Qu'est-ce qui est plus payant pour la cote R, un 90 % en physique avec un 60 % en math ou un 60 % en physique et en maths ?

C'est donc cette impression que nous avions quand vous voyions des étudiants ayant de très bons résultats toute la session échouer lamentablement leur examen final.

Cependant, mes cinq reprises étaient de vrais reprises. Dans ce cours, cette session, les étudiants en ont bien bavé.

Alors... ça vous intéresse de savoir comment des étudiants moyens réussissent un examen qu'ils refont pour la deuxième fois ?

Faudra patienter un peu, car je dois vous rajouter une autre couche scandaleuse à l'affaire.

Des 5 élèves, à cause d'une erreur administrative, une des étudiantes ne peut pas se présenter à la reprise et fera son examen le lendemain. Là, j'ai franchement hésité à lui donner le même examen, mais je me suis dit que le jeu en valait la chandelle.

Donc...

Des 5 étudiants...

Un n'a donné aucun signe de vie, il n'a pas lu les messages que je lui ai envoyés et n'a pas retourné mon appel (il a tout de même eu le message, puisqu'il s'est présenté à l'examen).
Aucun a demandé à voir son examen.
Une seule m'a demandé des explications pendant les deux semaines de préparation. Elle a refait les exercices, a demandé des éclaircissements sur certains points de l'examen (sans demander à voir sa copie), bref elle est la seule à avoir démontré une sérieuse préparation.
Une a demandé la veille au soir (vers 21 heures) sur quoi portait l'examen (du lendemain 8 h). Elle a laissé quelques questions sur Moodle auxquelles je n'ai pas répondu.
Un étudiant a répondu la veille de l'examen sur Moodle à quelques questions laissées par l'étudiante décrite plus haut.

Mais bon, c'est pas parce que je n'en entends pas parlé qu'ils ne travaillent pas !

Résultat ?
(Je corrige numéro par numéro, alors le biais de correction est pour ainsi dire inexistant...)

Des 5 étudiants,
1 a connu une nette amélioration (devinez qui c'est !!!)
1 a connu une légère amélioration (oui, oui, celui qui répondait sur Moodle)
3 ont refait presqu'exactement le même examen.

Mais ce n'est pas tout !

Le monde étant bien petit, la personne qui a fait son examen le lendemain a su que l'examen était le même.

- As-tu entendu parler de l'examen ?
- Oui, il paraît que c'est le même.
- Comment te sens-tu sachant cela ? Est-ce que ça te rassure ou ...
- Ben, ça me fait un peu peur, parce que comme ç'a mal été la première fois, je ne pense pas que ça ira mieux aujourd'hui.



Conclusion : En ces temps difficiles, il vaut mieux mettre son énergie à la bonne place.


6 commentaires

unautreprof a dit...

Ah!
Révélateur et un peu décourageant, sauf pour celle qui a pris cela au sérieux.

Blagu'cuicui a dit...

Est-ce réellement décourageant de voir que seule celle qui a travaillé a réussi cette deuxième épreuve?

Je trouve plutôt cela rassurant au contraire. Est-ce que tout le monde doit absolument réussir après tout? Les autres ont fait leur choix tout simplement, ils l'assumeront malgré eux de toute façon.

Ce témoignage est rassurant dans le sens où il y a une logique et que l'examen est donc bien fait tout compte fait.

Après est-ce morale de penser ainsi: "tout le monde ne peut pas réussir dans le temps imparti"? Pour ma part, je le pense car dans cette phrase, il y a la notion de temps qui intervient. Rien ne nous dit que les autres qui ont échoué ne réussiront pas l'année prochaine ou bien plus tard. La vie ne se joue pas sur un examen de toute façon et heureusement.

Après est-ce qu'avec un temps infini, tout le monde pourrait réussir? Là, je n'ai pas la réponse à cette question pour ma part (et bien heureux celui qui serait capable d'y répondre car nous sommes tous différents et donc beaucoup de facteurs entrent en compte même en temps infini).

Vous avez fait ce qu'il fallait faire et bien plus même Missmaths. Vous ne pouvez pas vous en vouloir si des élèves ne réussissent pas malgré vos efforts considérables.

L'image que vous donnez à la fin doit vous conforter dans cette idée que vous êtes une excellente prof tout simplement (et dans tous les sens du terme c'est à dire aussi humainement parlant).

Bonne continuation!

Missmath a dit...

Je n'ai rien fait d'exceptionnel, surtout lorsque je me compare à certains collègues que je prends comme modèles ou comme mentors. J'ai publié ce mot que pour montrer que le problème n'était pas le final, mais la préparation des étudiants. La notion de temps soulevé par Blagu'cuicui me préoccupe beaucoup. Je pense que j'y reviendrai dans un prochain billet.

Julie a dit...

En français, on hésite toujours à faire faire les dissertations à la maison... Dictionnaires, Internet, amis, notes de cours, voisins, correcteur sur Word, Antidote, veau, vache, cochon, couvée. On se dit que ça ne reflétera pas le "vrai" travail de l'étudiant.
Effectivement.
Globalement, les travaux des étudiants sont de moins bonne qualité quand ils sont faits à la maison. Pourquoi? Télévision, Internet, téléphone, amis, frigo, toilette et tutti quanti.
Alors, pour avoir la vraie note qui témoigne de la capacité des étudiants, rien de mieux qu'une bonne dissertation en classe, avec des crayons, un bon vieux dictionnaire et un ouvrage de conjugaison. Je le jure: ils sont meilleurs comme ça même s'ils ont la main fatiguée et le cerveau en compote.
Et quand on donne une reprise, ils réalisent bien que c'est la même question... mais ne se souviennent pas du tout de ce qu'ils avaient de bon et de moins bon dans la copie antérieure...
Heureusement, je suis en vacances depuis ce soir, 18h.

Missmath a dit...

Julie, ton commentaire est une perle.

Bonnes vacances !

jf a dit...

Une chose très importante qu'il faut redire et redire... surtout à cause des conditions particulièrement difficiles dans lesquelles nous nous trouvons tous :

MissMath a limité pour elle le plus possible les désagréments qu'occasionnent les reprises en redonnant le même examen, elle, qui avait travaillé déjà trop fort à ses cours... Des reprises données à des étudiants qui se donnent à peine la peine de travailler... ce qui semble seulement causer de la peine au prof...

Moi ce que j'aime dans cela, c'est que cette économie d'énergie pourrait être dirigée vers les étudiants qui veulent travailler... C'est beaucoup plus motivant et plus raisonnables en regard des résultats obtenus.

Il semble qu'à mettre beaucoup d'efforts sur des étudiants qui ne veulent pas travailler et qui ne veulent pas vraiment réussir fasse en sorte qu'on ne consacre pas l'énergie qu'on devrait sur les autres élèves... Ce qui fait que les intéressés se démotivent, ne font plus les efforts qu'exigent leurs talents, etc.

Ma dernière session a été particulièrement difficile à ce niveau...

Alors, je m'interroge sur beaucoup de choses... On veut tous les sauver, mais on ne peut pas s'ils ne le veulent pas. Nous n'avons pas l'énergie et le temps de faire tout ce qu'il y a à faire. Alors, que faire? Je suis arrivé à la conclusion que je dois me fier à mon expérience pour identifier le ou les étudiants auxquels je peux apporter une aide signifiante pour eux. Les outils complexes que les théories en éducation nous ont donnés et qui nous aident à détecter ce type d'étudiants... prennent trop de temps à appliquer. C'est ce fameux cercle vicieux...

Mais le meilleur moyen reste toujours à améliorer sans cesse mes cours pour qu'ils soient intéressants... surtout pour les élèves! ;-) Et s'ils sont vraiment intéressants, alors peut-être que les étudiants qui n'étaient pas si motivés que cela se mettront à travailler pour réussir...

Et si quelqu'un a d'autres moyens, je suis plus qu'intéressé à les lire! Et attendant je vais continuer à lire cette merveilleuse MissMath!